L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), sous présidence iranienne, n'entend pas se réunir en conférence extraordinaire, comme le lui demandent certains pays consommateurs. Elle juge inutile de le faire, dans un contexte où les marchés pétroliers sont suffisamment approvisionnés. L'organisation estime que si les cours de brut augmentent, ce n'est pas en raison de déséquilibre entre l'offre et la demande. «Il n'y a pas de réunion extraordinaire prévue. Les réserves sont élevées (...) aucun pays membre n'a demandé de réunion extraordinaire», a déclaré Mirkazemi aux journalistes lors d'une exposition internationale sur le pétrole, le gaz et l'industrie pétrochimique, qui a ouvert ses portes vendredi dernier. «Le prix est fixé par le marché. Lorsque le baril était à 35 dollars, il n'y avait pas de protestation, mais aujourd'hui qu'il atteint les 120 dollars, certains protestent (...) En tenant compte de l'offre et de la valeur du dollar, nous considérons que le prix actuel n'est pas illogique», a-t-il ajouté. L'Iran est le deuxième producteur de l'Opep. Il préside aux destinées de l'organisation pétrolière depuis janvier dernier. L'Iran, de même que le Venezuela, est taxé, peut-être à tort, de l'aile dure de l'Opep. Il s'est toujours opposé à un réajustement des quotas de l'organisation et il a raison. L'Iran n'apprécie pas d'ailleurs l'attitude des Saoudiens et des Koweïtiens, entre autres membres, qui essayent, chaque fois qu'il y a pression sur les marchés, de solliciter l'Opep dans le but de relever la production comme ce fut le cas en mars dernier. L'Opep allait discuter d'une possible augmentation de sa production pour apaiser la flambée des cours du brut, mais n'avait pas pris de décision sur un dépassement des quotas. Des consultations sur une possible hausse de la production avaient été engagées sans toutefois aboutir. La question essentielle aujourd'hui est celle de la cohésion interne et du leadership, estiment des spécialistes au fait de l'évolution de l'Opep. Il y a quelques années, elle vivait une période difficile, l'Irak voulant la réintégrer. Un Irak sous influence américaine pourrait affecter cette harmonie dont fait preuve l'organisation pétrolière. D'évidence, la multiplication des projets pétroliers dans ce pays (un bon paquet d'avis d'offres est lancé et un ensemble de grosses boîtes pétrolières et gazières s'y intéressent) promet une explosion de sa capacité de production dans les mois à venir. L'addition de ces projets correspond environ à dix millions de barils par jour en plus, de quoi faire de l'ombre à l'Arabie saoudite et au Koweït. L'Irak, en pleine reconstruction, pourrait alors avoir envie de faire monter les prix pour augmenter ses rentrées d'argent. De bonne guerre ? C'est cette cohésion qui a fait que l'Opep a réussi à éviter l'implosion à plusieurs reprises et à conserver une certaine stabilité sur les marchés. En 2008, la crise économique aidant, les prix de brut ont chuté de 147 dollars à 30 dollars le baril, ce qui a provoqué des inquiétudes au sein de l'organisation. L'Opep a décidé en décembre de réduire drastiquement sa production pour influer sur les prix. L'on s'en souvient, les pays Opep ont baissé leur production d'environ quatre millions de barils par jour, c'était une décision historique, inattendue. Depuis lors, les prix se sont stabilisés aux alentours de 70 dollars le baril, en moyenne. Un prix idéal selon l'Arabie saoudite, premier producteur mondial, qui garantit des rentrées d'argent confortables, sans faire fuir les clients vers d'autres sources d'énergie. Depuis le début des troubles en Libye, un des pays les moins influents de l'Opep (il n'a pas le même poids que l'Iran, encore moins que l'Arabie saoudite), les prix fluctuent fortement. Le baril de brut léger américain reflue en deçà des 105 dollars touchés, un plus haut niveau depuis septembre 2008. Celui du Brent de la Mer du Nord pour livraison en mai gagnait 42 cents à 122,42 dollars. Un seuil «gérable», et pour les pays producteurs et pour les pays consommateurs, surtout que les perspectives s'annoncent bonnes avec une reprise de la demande pétrolière et de la croissance économique dans de nombreux pays. L'Opep des douze producteurs a révisé à 87,9 millions de barils/jour (mbj) sa prévision de demande de brut 2011, soit +0,1 mbj par rapport à sa dernière publication. Le chiffre pour 2010 a été révisé à la hausse de 0,1 mbj à 86,5 mbj. Avec les combats en Libye, l'Opep précise que sa production a baissé de 626 000 barils/jour en mars, à 29,3 mbj. La production libyenne, 1,6 mbj dont environ 1,3 mbj exportés, a été réduite de presque 80% à 0,36 mbj, une quantité «destinée en totalité à la consommation locale, selon l'Opep. Y. S.