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Le Mali refuse de jouer en Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 08 - 2014

Il y a des faits qui étonnent et souvent font rire à la fois. Alors que le dialogue inter-malien est lancé officiellement à Alger avec la participation du gouvernement malien, les représentants de six mouvements armés concernés par la crise dans le Nord du Mali, voilà que la Fédération malienne de football ne trouve mieux que de chercher à libérer un signal, pas très sportif, celui de ne pas prendre le risque de faire jouer à Alger, son match contre les Verts, qui serait un pays où le risque de mort de joueurs est omniprésent !
C'est du moins ce que le plus commun des mortels retiendra après lecture de la correspondance adressée à la CAF par cette fédération, qui demande la délocalisation de la rencontre, prévue le 10 septembre à Blida dans le cadre des éliminatoires de la CAN-2015. C'est Moussa Kanouté, ce responsable du service des compétitions internationales au sein de la Fédération malienne de football, qui est l'auteur de ce message, signé au nom bien entendu de sa fédération. Mais cette dernière oublie que la violence n'est pas un fait exceptionnel à l'Algérie, chez eux, au Mali, récemment Oumar Baba Traoré, président du club de l'AJSM, reconnaissait que ce fléau frappe de plein fouet le football à Bamako. Il s'est exprimé aux médias : «Il y a d'abord le manque de volonté des organisations et regroupements de supporters au sein des clubs. Ensuite, il faut noter l'absence de la culture du fair-play, les injustes décisions arbitrales et le déficit de communication au niveau fédéral». Faut-il aussi rappeler au bon souvenir de ce Kanouté, que le dimanche 9 juin 2013, à la fin du match Mali-Rwanda comptant pour la 4e journée des éliminatoires, zone Afrique de la Coupe du monde 2014, des supporters mécontents du résultat final (1-1) de la rencontre, s'en sont violemment pris à des responsables de la Fédération malienne de football (Femafoot), cherchant à saccager leur véhicule ou à s'attaquer à leur intégrité physique. Ainsi, le véhicule du 1er vice-président de la Fédération en charge des équipes nationales, a été secoué et il a fallu de peu pour que lui-même et son enfant n'aient été molestés ? D'autres cas existent et révèlent que ce fléau n'est pas le propre de l'Algérie. Le cas de L'attaquant international des Aigles du Mali, Frédéric Kanouté, n'a-t-il pas été la cible des supporters furieux qui avaient envahi la pelouse du stade du 26 Mars de Bamako après la défaite du Mali (1-2) contre le Togo, match comptant pour les éliminatoires combinés de la CAN et du Mondial... Ces fans surexcités avaient même menacé de le tuer. «Je ne sais pas si je jouerai encore avec le Mali. Je dois également penser à ma famille. J'avais très peur. Pas de mourir sur le champ mais c'était vraiment dangereux pour nous tous», a expliqué le joueur de Tottenham, qui a profité d'une loi votée par la FIFA pour retrouver la nationalité sportive du Mali. D'autres faits montrent que le Mali n'est pas le havre de paix dans ce domaine et loin d'être l'exemple. Ce phénomène gagne du terrain l'ensemble des clubs de la planète, l'Afrique ne fait pas exception. Le cas d'Ebossé est certes condamnable, il s'agit d'un sans précédent, un acte jamais connu sur nos stades mais qui ne doit pas nous faire lâcher la vigilance. Ce fléau qui s'impose en tant que «monstre» sur nos terrains doit être combatif. L'Algérie ne fait pas l'exception à ce qui se passe sur les stades du monde encore moins en Afrique. Il est vrai que ce drame montre la face hideuse du sport qui suscite beaucoup de passions de par le monde, en même temps, elle repose la problématique de la violence dans les stades. «Quand le football cesse d'être un facteur de rapprochement et de fraternisation entre les hommes, il y a lieu de réfléchir à la valeur à lui donner. Tel le gui d'un arbre, la violence dans les stades de football est une gangrène dont le sport-roi doit se débarrasser à tout prix, s'il veut continuer à régner sur toutes les disciplines sportives, par la joie et le rêve qu'il procure à ses nombreux fans à travers le monde et en tant que facteur d'intégration», soulignait un confrère d'un journal camerounais. Le football est, incontestablement, le sport-roi de la planète particulièrement, quand la passion y est vécue dans le fair-play. Par contre, comme l'écrivait un journaliste africain, «le foot est dégelasse lorsqu'il étale toute sa laideur avec ces scènes de violence, de hooliganisme ou de racisme dont les acteurs, qui nous font rêver, sont souvent victimes de la part de quelques abrutis, qui n'ont rien compris aux valeurs que véhicule ce sport-roi». Contacté par un confrère, Kanouté a insisté sur le fait que la demande de délocalisation est motivée par des raisons «purement sportives». «Il n'y a aucun problème entre le peuple malien et algérien. Mais ce qui s'est passé avec le joueur Albert Ebossé est effrayant. Mourir sur un terrain de football, suite à des actes émanant de ses propres supporters, ça fait peur», a-t-il conclu. Cette sollicitation n'est autre qu'une qualification bien que ce soit la première fois dans les annales du football algérien que ce sport est confronté à ce type de demande, l'Algérie restera le pays où la majorité des supporters aime le football. Les matchs internationaux qui se sont déroulés sur le sol algérien et à de très rares exceptions, n'ont jamais porté atteinte aux délégations sportives internationales, ce qui explique que l'Algérie sait aussi mettre en valeur ses principes d'accueil et de respect de l'autre. Mais toujours est-il qu'il ne faudrait, en aucun cas, lésiner sur les moyens pour protéger la vie de ces derniers. Que ce soit en Afrique ou ailleurs, le poison est le même. Pas de temps à perdre, les mesures les plus radicales allant des fouilles au corps systématiques, à la radiation à vie des supporters voyous doivent être prises. Car «le football, ce n'est pas la guerre, et aucune raison ne saurait justifier une perte en vie humaine sur un terrain de jeu». Aussi, au-delà des seules instances du football, l'intervention des pouvoirs publics ne serait pas de trop et dans ce cadre, tout le monde est concerné parce que tout le monde est responsable.

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