Une nouvelle fois, comme s'il s'agissait de mettre à exécution un mot d'ordre, un groupuscule d'agents a paralysé les activités des deux seules unités encore en production. Il s'agit du Laminoir Rond à Béton dont la commercialisation des produits permet le règlement des salaires et autres frais d'exploitation et le port de Annaba où sont déchargées les billettes et les brames importées destinées à la production du Rond à Béton. Avec cette nouvelle crise commanditée de l'extérieur même si la dizaine d'auteurs affirment réagir contre la décision de suspension de fonctions et les poursuites judiciaires entamées contre quatre d'entre-eux, ArcelorMittal Algérie risque la mise en faillite. Rarement mouvement d'opposition à une décision de la direction générale n'aura été aussi éclairante sur l'avenir de la sidérurgie algérienne. Benabbas et MV.Kulkarni respectivement directeur général du groupe Sider et président du Conseil d'Administration ArcelorMittal Algérie et directeur général ArcelorMittal Algérie n'ont d'ailleurs pas tardé à en tirer les conséquences. Quarante-huit heures après l'occupation des deux sites de production, ils signent en commun un communiqué dont la teneur est approuvée par le secrétaire général du conseil syndical de l'entreprise et celui du Comité de participation (C.P). La réalité qui s'affirme de manière éclatante dans la prise de position de ces deux cadres dirigeants est d'une autre nature. Tout en renvoyant à leurs études ceux qui préconisent la négociation avec les perturbateurs, Benabbas et MV.Kulkarni ont, pour la première fois, marqué une vraie rupture avec les habitudes qui caractérisaient à chaque fois pareille situation. Autrement lu, le communiqué qui indique que ce nouvel arrêt intervient à un moment où la situation financière de la société est très critique, met en relief le rejet de la médiation de l'Union de wilaya UGTA dont le représentant local n'a aucune crédibilité. Cette posture est le signe évident d'une maturité nouvelle dans la gestion des crises socioprofessionnelles à ArcelorMittal Algérie. Les deux responsables ont souligné les risques que génère pareille opération de déstabilisation en affirmant : «arrêter le laminoir rond à béton signifie la mort de la société». De leurs côtés, la majorité des 5 000 salariés se sont prononcés sur des problèmes de vie professionnelle quotidienne, sur des exigences d'environnement mais en aucun cas ils n'ont cherché à s'immiscer dans le choix des collaborateurs de l'employeur. Jamais, au plus fort des perturbations vécues au complexe sidérurgique El-Hadjar, les deux associés au capital social (Sider 51% - ArcelorMittal 49%), n'ont été aussi clairs. C'est dire que cette fois, ArcelorMittal Algérie est entrée dans une zone véritablement dangereuse. Ses finances ont perdu une bonne partie des repères pour cause d'assèchement brutal des ressources. A ce péril, financier, s'ajoute un second péril, commercial celui-là avec la fuite des clients vers d'autres sources d'approvisionnement. D'où cette fermeté apparente dans la teneur du communiqué pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore. On ne sait pas trop si cette rigueur est guidée par la raison ou par l'émotion, mais son effet est de remettre au goût du jour une tendance à la compromission avec les agents perturbateurs en persistant à appliquer une certaine mansuétude pour peu que ces derniers mettent un terme à leur action. Les mêmes cadres dirigeants ont également exprimé leur détermination à défendre les intérêts de leur société. Celle-ci est véritablement fragilisée à la veille de la mise en route du plan d'investissements pour lequel l'Etat algérien a déboursé 1,5 million de dollars. Ce qui ne les a pas empêchés d'utiliser un ton conciliant (encore une fois) pour affirmer qu'ArcelorMittal a respecté tous ses engagements contenus dans le pacte social et qu'elle a entrepris la matérialisation du plan d'investissement jusqu'à 2017 pour la construction d'une nouvelle sidérurgie algérienne. Mais qui est donc le commanditaire de toutes ces actions de déstabilisation matérialisées par un groupuscule d'énergumènes apparemment aux ordres de quelques députés, syndicalistes et opérateurs économiques véreux. Il est grand temps que les institutions de la République mettent le holà car il y va de la sidérurgie nationale et de la pérennité de plus de 5 000 postes de travail.