Le complexe sidérurgique ArcelorMittal est depuis ce dernier vendredi totalement à l'arrêt. Le Laminoir rond à béton (LRB), la seule unité de production qui était encore en marche, s'est arrêtée. Comme pour l'unité portuaire vendredi, elle a été, elle aussi, investie par une quinzaine d'individus le dimanche à 22h. Mais qui est donc derrière l'opération embrigadement d'une vingtaine d'individus pour accéder à l'intérieur du port de Annaba et occuper la partie destinée aux activités sidérurgiques du quai nord ? Pourtant, cette infrastructure socio- économique disposant d'un important dispositif sécuritaire est censée être inviolable. Ce qui n'est, apparemment, pas le cas au vu de l'intrusion sans opposition aucune d'une vingtaine de braillards. Ils ont, aussitôt bloqué le déchargement d'un bateau à quai de 10 000 billettes, une matière première importée. Ils l'ont fait en toute impunité. Sans que nul ne leur oppose une quelconque résistance, ils ont mis en place un dispositif qui ressemble à un embargo. Mais qui donc a osé, en toute impunité jusqu'ici, défier les lois de la République et paralyser les installations de production, d'entretien et de maintenance du complexe sidérurgique ? Cette question, tout autant que beaucoup d'autres, est toujours sans réponse alors que persiste l'absence de réaction de ceux chargés de garantir la sécurité des effectifs et des installations. Les exécutants de pareille action de déstabilisation, sont tous étrangers aux activités du port, donc normalement interdits d'y accéder. Sans revendication aucune, ils ont été identifiés comme étant d'anciens employés d'une société sous-traitante dont le contrat de prestation de service est arrivé à expiration depuis des mois. Ces personnes sont entrées au port comme dans un moulin et tout aussi facilement ont pris possession des portiques pour empêcher le déchargement des billettes. Cette cargaison de matière première est incontournable pour permettre au LRB du complexe sidérurgique El-Hadjar de produire du rond à béton. L'occupation d'une partie de l'infrastructure portuaire a imposé à la direction générale ArcelorMittal Algérie, au titre de première réaction de déposer plainte. La procédure a été entamée en pénal auprès du procureur de la République près le tribunal correctionnel de Annaba pour violation d'un lieu de travail, obstruction aux activités d'une entreprise et préjudice moral et financier. La même direction a été contrainte aussi de transférer le déchargement des billettes sur un autre quai. Peine perdue, puisque comme s'ils agissaient dans une République bananière, c'est-à-dire avec la certitude de rester impunis, les auteurs de l'opération «embargo sur ArcelorMittal» ont fait appel à une dizaine d'autres personnes. Toutes aussi inconnues des effectifs ArcelorMittal, elles ont pu, tout aussi facilement qu'au port, accéder ce dernier dimanche dans l'enceinte du complexe sidérurgique El-Hadjar. Ils ont rapidement occupé le Laminoir pour interdire toute production de rond à béton. Contacté, le directeur chargé de la communication à ArcelorMittal, Mohamed Guedha a confirmé les faits. Tout en exprimant son étonnement quant à la facilité qu'ils ont eu pour accéder au port et au complexe El-Hadjar, le même responsable a tenu à préciser que les auteurs n'ont aucune relation de travail avec ArcelorMittal. Il a, par ailleurs, indiqué que les billettes importées devaient permettre au laminoir de produire du rond à béton. Commercialisé, ce produit devait permettre à la société ArcelorMittal d'assurer le paiement de la masse salariale de ses 5 300 salariés et autres frais d'exploitation. Ce qu'elle ne pourra pas réaliser du fait de l'occupation par la force des deux seules installations encore en production. D'où la sérieuse menace d'implosion de l'entreprise et le renvoi dans leurs foyers de tous les salariés. À l'arrêt depuis plusieurs mois, la 3e à savoir le Haut fourneau, poumon de la production sidérurgique, est en phase préliminaire de redémarrage donc improductif. Pour des cadres et agents, ces deux opérations conjuguées ont été planifiées par ceux qui, depuis des années, ne cessent de perturber les activités du complexe sidérurgique ArcelorMittal El- Hadjar au moyen des grèves, de conflits inter syndicaux, d'occupations d'ateliers et d'arrêts sauvages. «Les deux occupations des portiques du port censé être bien gardé et du LRB ne sont pas fortuites. Elles ont été préméditées pour nuire non seulement à ArcelorMittal Algérie à 51Ç% du capital social algérien, mais aussi à l'économie nationale. Ce qui est étrange dans tout ça, est la passivité des autorités à sévir contre les hors la loi qui portent atteinte à la crédibilité des institutions de la République», a affirmé un des cadres en poste au niveau du LRB. D'autres pointent du doigt les anciens syndicalistes comme les ex-secrétaires généraux du syndicat de l'entreprise ArcelorMittal, Aïssa Menadi, Daoud Kechichi et Tahar Chaouch Tahar comme étant derrière cet embargo. Il y a ceux qui parlent de l'implication de Tayeb Hmarnia l'actuel secrétaire général de l'Union de wilaya et en même temps secrétaire général de l'organique à la centrale syndicale et bras droit de Abdelmadjid Sidi Saïd le patron de l'UGTA.