Si les justices américaine, française, italienne et tout récemment égyptienne poursuivent leurs investigations dans une tentative d'en savoir plus sur les graves délits commis sur leur sol par Chakib Khelil et plusieurs membres de sa famille, ce n'est apparemment pas le cas du côté algérien. A ce niveau, c'est pratiquement le black-out total. Mais voilà que notre justice est titillée, par la justice égyptienne qui saisie par Interpol se met de la partie en actionnant son parquet général. Ce dernier a été instruit à l'effet de mettre sous séquestre et de geler des avoirs de l'actrice algérienne également concernée par une mise sous contrôle judiciaire avec interdiction de sortie du territoire égyptien. Par l'implication directe dans cette affaire de Chakib Khelil, l'ancien ministre algérien de l'Energie entre 1999 et 2010, et de son épouse, la presse égyptienne fait énormément du bruit autour de ce dossier. Il y a le fait que Sarah Bassam, de son vrai nom Meriem Hussein Bassam, bénéficie aussi de la nationalité française et qu'elle s'était établie en Egypte en 2007. Son niveau de vie où se mêle le luxe et la démesure lui a valu l'intéressement de l'inspection en charge de la lutte contre les opérations de blanchiment au ministère de l'Intérieur égyptien. Sarah Bassam est accusée de complicité de blanchiment de fonds pour le compte de Chakib Khelil l'homme aux mille pieds à terre à travers le monde. Outre le comportement genre «m'as-tu vu» de la mise en cause, la justice égyptienne aurait réagi sur la base d'informations précises et documentées portant sur l'existence de mouvements de fonds suspects d'un montant de 2 millions de dollars dont Sarah Bessam aurait bénéficié. Il ressort des investigations des enquêteurs égyptiens que ce fonds provient d'une société off-shore propriété de Chakib Khelil. Avec son épouse palestinienne Nadjat, ce dernier fait l'objet d'un mandat d'arrêt international. L'homme des Américains, comme aiment à le qualifier de hauts responsables algériens, est un retraité de la Banque mondiale. Il perçoit mensuellement 15 000 dollars et dispose en toute propriété de plusieurs sociétés implantées à l'étranger. Cet imposant dossier tout autant que de nombreux autres sur lesquels la justice algérienne reste étonnement silencieuse a eu un impact préjudiciable sur la gestion du secteur des hydrocarbures et celui financier. La requalification du crime économique en simple délit passible du correctionnel a encouragé les délinquants en col blanc à multiplier les détournements et les dilapidations de deniers publics, l'abus de biens sociaux, la corruption, la transaction via les systèmes de transfert rapide d'argent, les versement d'espèces dans des banques occidentales où le secret bancaires est respecté, le blanchiment d'argent issu du trafic de drogue et autres, l'escroquerie, le faux et l'usage de faux. C'est comme si la dernière déclaration de Tayeb Louh, le ministre de la Justice et garde des Sceaux : «Nous allons traiter toutes les questions qui semblent dangereuses» a stimulé l'ardeur des délinquants. L'absence de toute communication a confiné les tribunaux spécialisés dans les infractions économiques (TSIE) a laissé en suspens un grand nombre de dossiers et des déclarations de soupçons confirmant de fait la progression de la délinquance financière au rythme de l'impunité dont jouissent les auteurs. L'affaire qui a uni dans le pire Chakib Khelil et 3 larrons que sont son épouse Nadjat, son neveu et Sarah Bassam attestent de cette tendance. d'autres dossiers similaires mis au jour impliquant des hautes personnalités de l'Etat et des sous ordres ont été mis sous le boisseau. Que n'a-t-on pas entendu sur les dépassements budgétaires, sur les rapports de l'IGF, de la Cour des comptes, les détournements et dilapidation des biens publics... Au lendemain de l'éclatement d'un quelconque scandale portant sérieusement atteinte à la crédibilité des institutions de l'Etat, il y a eu de beaux discours des hauts responsables. Puis plus rien, si ce n'est quelques voix discordantes sans réel impact sur la démarche de la justice . Pis, l'on a vu les dénonciateurs des méfaits poursuivis en justice pour avoir osé braver la loi de l'omerta. Ce qui confirme le fait que les pouvoirs publics accordent une impunité à ceux qui ont fait de la délinquance économique et financière une culture. Les procédures judiciaires entamées ces 3 dernières années ont abouti, à la fin de l'année 2013, à des condamnations de sous-fifres. Le plus grand nombre d'affaires a fait objet du processus de pénalisation long et inefficace. Ainsi, derrière les discours officiels, il y a une réalité. Celle d'une délinquance économique et financière libre d'agir en toute impunité. Ce qui ne permet pas d'évaluer et de maîtriser les risques de blanchiment de capitaux, les transactions financières douteuses avec l'étranger, les détournements de fonds publics et les transferts rapides d'argent en provenance de l'étranger. A. Djabali