Une fête des sens et du regard pour une 6e édition du Festival international de l'art contemporain placé sous le parrainage de Madame Nadia Labidi, et sous l'égide du commissaire du festival, Mohammed Djehiche. Cette année, le festival se choisit l'exposition chorale sur le design, histoire de saisir les nuances de cet art ou de cette industrie qui suscite à nos jours le débat. Il était naturel alors de faire appel à Zoubir Hellal pour être commissaire de ces designers surprenants. Il y a quelques jours déjà, le MaMa avait déjà vibré sous les tonalités clinquebalantes des crotales d'une troupe de Karkabous ameutés par qui me direz vous !? par le designer en chef, invité à cette grande messe du design, en l'occurrence, le sémillant Cherif Medjeber, une des figures les plus connues du design algérien, installée outre-mer et venue en invité d'honneur nous donner un échantillon de son art de transformer des objets souvent triviaux du quotidien en œuvres d'art. Il était nécessaire, pourquoi pas ? d'ailleurs, de consacrer toute une exposition au design, avec ces mots accompagnant l'art de la beauté, de la fonctionnalité, de l'innovation, de l'objet, de la rentabilité, du marketing et bien d'autres choses encore, et encore ! Le design a toujours posé débat entre art de l'objet, du détail et son industrialisation obligée, pour en faire un objet d'art sur plusieurs exemplaires, comme la mode qui est le moyen d'être unique pour plusieurs personnes en même temps. Les artistes sollicités pour cette grande exposition ont fait montre d'une grande créativité, ils ont créé des prototypes en un temps record, ils ont eu carte blanche et ont dû trouver des solutions pour produire une exposition complète de leurs œuvres. Ce sont donc quelque vingt artistes, pour un fait culturel qui s'éloignent des discours aux sentiers battus limités aux concepts éculés. Ils sont venus donc du Burkina-Faso, du Maroc, d'Afrique du Sud, de France, d'Algérie avec une superbe rencontre commise en présence de nos artisans de La Casbah, de Birkhadem, de Bouzaréah, Koléa, Boumerdès, Tizi Ouzou ...pour le plus grand plaisir du public, donc nous avons une très belle vision des choses postmodernes en compagnie de Chérif Medjeber qui occupe l'espace muséal d'une très belle manière sur un montage scénographié qui est le produit de son travail avec les artisans de la ville de Koléa. Plusieurs ateliers ont ainsi été mis en place avec notamment Hichem Lahlou qui a conçu son projet avec deux designers et un artisan. Hamed Ouattar le Burkinabé s'est quant à lui installé dans les ateliers de l'Esba. Pour ce qui est du Sud-africain Johann Van Der Schiff, il a réalisé un workshop inédit avec des lycéennes et lycéens de trois grands établissements d'Alger comme le lycée Hadjeres de Mohammadia, le lycée Omar Racim et le lycée d'El-Achour et encadrés par Leïla Mammeri, Amira Dendani, Habiba Oualouche, Hamid Ben Amar, Mokhtar Dris et Mustapha Amor et ce, pour produire un objet interactif sur plusieurs formes graphiques et autres qui restent très intéressants à découvrir. Le Français, Bertrand Planes a réalisé un projet en compagnie de l'étudiante aux Beaux-Arts, Sabrina Amel Bendali. La suite de l'aventure a aussi donné le ton aux travaux de Leïla Mammeri, designer mais aussi enseignante, Mohamed Ourad, Samir Hamiane, Mourad Krinah, Walid Bouchouchi, Amine Belkebir, Walid Drouche, Saïd Issmai, Idir Messmoud, Neïla Rahil, Radia Zitouni, pour un éventail inédit et exclusivement créé pour cette exposition dont nous avons un panel inscrit dans un parcours déambulatoire fascinant par la fraîcheur qu'il dégage surtout quand on sait que ce sont des œuvres inédites. Beaucoup d'originalité, de fraîcheur, de créativité pour un ensemble de produits réinventés, d'objets détournés ou de matériaux revisités. La fosse est majestueuse sous les drapés immenses de Cherif qui investit les lieux avec des colonnes, des consoles et luminaires tous aussi étonnants les uns que les autres. Du mobilier, des sièges, des luminaires objets usuels et même objets graphiques destinés au plaisir pur de la consommation tous azimuts, cette grande exposition de design outre un caractère allant du post-moderne le plus contemporain au kitsch le plus clinquant s'avère être un très bon catalogue des objets les plus amusants, ludiques, provoquant, cyniques mêmes. Cette exposition, même si elle ne sort pas de quelques réflexes entendus sur les tendances et les stylistiques déjà observées sur quelques pièces, nous signale une belle énergie créatrice qui a aussi cette problématique d'aborder la solution avant de produire l'objet pour une consommation quotidienne. L'exercice risqué de confier une production de prototype était bien gonflé par le culot des commissaires de la confiance mise en place. Mais ces artistes flamboyants pour certains, édités pour beaucoup et en devenir pour nombre d'entre eux nous ont donné une bien belle leçon de savoir-faire et de quêtes de solutions qui méritent le détour par la rue Larbi Ben-M'hidi pour aller à la découverte de ces artistes intéressants où l'esthétique et le fonctionnel nous donnent l'impression d'aller de pair. A voir donc juste pour paraphraser cette phrase du designer Fuller Buckminster qui affirmait : « Je ne pense jamais à la beauté. Je ne pense qu'à résoudre des problèmes. Mais lorsque j'ai terminé, si la solution n'est pas belle, je sais que quelque chose ne va pas.» Pour cette notion de beauté et d'utile, aller à la rencontre de ces objets relève du plaisir pur à la croisée de chemins créatifs détonants, jusqu'en 2015 pour un Fiac original. 6e Fiac, «La Techné, l'Art du designer» 2014, MaMa, entrée libre, rue Larbi Ben-M'hidi,