Comme on s'y attendait, Béji Caïd Essebsi a été déclaré vainqueur par l'instance électorale «Isie» dans l'empoignade qui l'a opposé à son rival Moncef Marzouki au cours du second tour des élections présidentielles en Tunisie. Ainsi et dans l'attente qu'il soit intronisé officiellement par les instances compétentes de son pays, M. Béji Caïd Essebsi a écrit son nom avec des lettres d‘or en remportant pour la première fois dans l'histoire, les premières élections présidentielles libres et indépendantes, après la dite Révolution du jasmin. Selon l'Isie, M. Beji Caid Essebssi a remporté 55,68% des voix, obtenant ainsi plus de 1,7 million de voix au second tour. L'autre candidat, M. Moncef Marzouki, a obtenu 44, 32% avec 1,3 million de voix. Avant-hier, les différents instituts de sondage ont déjà donné M. Caïd Essebsi vainqueur dans ces élections du 2e tour avec presque le même taux annoncé hier par l'instance électorale «Isie». Après ces premiers sondages, c'est le directeur de campagne de M. Beji Caid Essebsi d'annoncer la victoire de ce dernier aux milliers de ses partisans. Quelques minutes après, ce fut M. Béji Caid Essebsi qui s'est adressé à la foule au niveau de son quartier général, indiquant qu'il sera le Président de l'ensemble des Tunisiens. Cet état de fait n'a pas été apprécié par les militants de Moncef Marzouki qui se sont rassemblés devant le QG de leur candidat, dénonçant la victoire selon eux prématurée de M. Béji Caïd Essebssi. L'ex-chef de l'Etat tunisien s'est même permis de s'adresser à la foule, indiquant que rien n'est joué et qu'il pourrait remporter ces élections. Au cours de la nuit, des échauffourées ont opposé les partisans de Moncef Marzouki avec les forces de l'ordre au niveau de la ville de Hamma. Après une accalmie durant la nuit, les militants de Marzouki sont revenus à la charge après l'annonce des résultats par l'instance électorale donnant M. Béji Caïd Essebssi vainqueur. Les forces de police ont été contraintes de lancer des bombes de gaz lacrymogènes pour disperser des groupes de jeunes qui bloquaient plusieurs rues à Hamma en signe de protestation contre la victoire de M. Béji Caïd Essebsi. Des centaines de jeunes, mécontents de l'annonce faite par Essebsi de sa victoire, ont brûlé des pneus dans les rues de la ville et la police a procédé à des tirs de gaz lacrymogènes et à des interpellations, ont indiqué plusieurs témoins. Les mêmes témoins ont indiqué que tous les magasins ont baissé rideau, craignant des scènes de violence et de vandalisme. Toujours et selon des habitants de la ville de Hamma, plusieurs groupes de jeunes dont la majorité issue des milieux islamistes ont tenté de s'en prendre à un commissariat de police mais ils en ont été repoussés par des tirs de gaz lacrymogènes. Une partie de la population tunisienne considère qu'une victoire de Béji Caïd Essebsi, qui fut président de l'Assemblée nationale entre 1990 et 1991, marquerait un retour au pouvoir des membres de l'ancien régime de Zine ben Ali chassé par des manifestations de rue début 2011. M. Essebsi rejette les critiques le qualifiant comme le candidat de l'époque Ben Ali et affirme qu'il est le technocrate dont le pays a besoin après trois années d'un gouvernement conduit par une coalition dominée par les islamistes. Les militants de Moncef Marzouki et les islamistes ne sont pas les seuls mécontents de la victoire de M. Béji Caïd Essebsi. La chaîne du Qatar Al-Jazeera a longtemps parlé d'une éventuelle «surprise», annonçant la victoire de leur favori, en vain.