Sous le thème «Les enjeux de l'éthique dans les médias de service public», la Radio algérienne en collaboration avec BBC Media Action ont organisé un forum à l'occasion de la Journée mondiale de la radio. Lors de cette rencontre, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a mis l'accent sur l'importance de l'éthique dans le domaine de la presse pour le développement du secteur, car le journaliste doit avoir des valeurs et des règles, car sans ces éléments il n'y a pas de journalisme. Tout en rappelant que «l'Algérie a enregistré d'importantes avancées et relevé beaucoup de défis dans le domaine de la presse, et ces progrès ne peuvent se poursuivre sans une presse éthique et déontologique». Le premier responsable du secteur de la communication a estimé que le problème d'éthique ne se pose pas vraiment dans la presse publique, mais se situe dans certains organes de la presse privée qui demandent à être professionnalisés, relevant, en parallèle, l'existence d'une presse privée saine et professionnelle. Lors de ce forum, Hamid Grine a annoncé l'inauguration d'un centre de formation dans le métier de l'audiovisuel, le 22 février prochain en attendant l'ouverture de deux écoles internationales de l'audiovisuel avant la fin de l'année. Toutefois, il a souligné que «des élections auront lieu dans quelques mois concernant l'instance de l'autorité de régulation de la presse écrite». «Le Conseil de l'éthique et de la déontologie ne sera composé que de journalistes, au nombre de quatorze, élus sur la base de la carte professionnelle nationale de journaliste professionnel», a-t-il ajouté. Tout en rappelant que «pour être éligible, ces journalistes doivent avoir au moins dix années d'expérience». La déontologie passe par la nécessité d'éloigner les médias du pouvoir de l'argent Intervenant lors de forum, le journaliste britannique et consultant en médias, Phil Harding, a recommandé d'éloigner les médias de tous les pouvoirs, en particulier celui de l'argent, insistant sur le respect de la déontologie par les médias publics notamment. Toutefois, le même intervenant a estimé que la liberté d'expression n'est pas un droit absolu et inconditionnel, citant des exemples récents ayant placé la chaîne internationale face au dilemme de la publication ou non de certaines informations à la portée délicate. Dans ce sillage, l'ancien rédacteur en chef et directeur exécutif de la politique éditoriale et de la déontologie à la BBC a informé que la BBC avait jugé plus raisonnable de ne pas diffuser l'enregistrement vidéo d'un groupe terroriste ayant capturé un otage en Ouganda, il y a quelques temps, et dont elle a été destinataire. «Nous avions préféré ne pas rendre publique la vidéo telle que réclamé par les terroristes et dans laquelle ils exigeaient une rançon contre le maintien en vie de l'otage. Nous nous sommes contentés de donner juste l'information du rapt», a-t-il clarifié, indiquant avoir fait le bon choix dès lors que l'otage avait été libéré par la suite. Estimant qu'un support public doit prendre en considération l'opinion de son audience, le journaliste britannique a noté que le code de l'éthique doit être mis en avant dans tout traitement d'information, de même que le respect de la dignité humaine, en se référant à l'interdiction de sa chaîne de diffuser les séquences de l'exécution des ex-dirigeants Mouâamar El-Kaddafi et Saddam Hussein. Par ailleurs, Phil Harding, a signalé qu'«Il faut des standards très élevés d'éthique pour tous les médias, aussi bien privés que publics, mais davantage pour ces derniers dès lors qu'ils sont financés par le contribuable et que les auditeurs ont plus confiance en ces supports d'information qu'en ceux relevant du secteur privé». Reconnaissant que la vérité est une notion pas toujours facile à faire valoir par les médias car complexe, il a conseillé à ses confrères algériens de ne jamais cesser d'œuvrer pour délivrer une information fondée, vérifiée, sourcée, impartiale, comparée et crédible.