Le ministre de la Communication Il a abordé l'évolution du secteur, son état actuel et a fait savoir que l'Autorité de régulation de la presse écrite sera installée d'ici six à neuf mois. Aspects juridiques relatifs à la profession, octroi de la publicité et professionnali-sation du secteur. Ce sont les sujets qu'a abordés le ministre de la Communication, M.Hamid Grine, afin de dresser un constat sur l'évolution et l'état actuel de la presse algérienne, qui doit impérativement se débarrasser du côté sensationnel, que certains titres utilisent comme fonds de commerce lucratif. Intervenant hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de la presse, M.Grine évoquant le degré de liberté d'expression des médias algériens qui représentent «l'une des plus importantes en Afrique», a estimé que certains médias «ont connu des dérives» caractérisées par «la diffamation» et les «injures» où «le sensationnel l'emporte au détriment de l'information vraie et sourcée». S'attardant sur le sujet, le ministre expliquera: «Il y a une presse à majorité vertueuse, malgré l'existence de certains journaux ici et là qui empruntent des chemins de travers et de la diffamation.» Cet état de fait serait selon lui dû à la décennie de terrorisme durant laquelle la presse «a construit une opinion consommatrice d'attaques et de sensationnel». Autorité de régulation de l'audiovisuel Les instigateurs de ces pratiques anti-déontologiques, seraient les directeurs de journaux, d'après M.Grine. Ces derniers pensent qu' «avec ces recettes faites d'insultes et de sensationnel, ils vont vendre plus». Il a souligné à ce propos qu' «en dépit de la nature de l'amende ou de la peine infligée au journal, le mal ne sera jamais réparé suite à des attaques infondées et injurieuses». Il a soutenu ses propos par le fait que «la loi sur l'information a dépénalisé le délit de presse». Ces pratiques dépourvues de déontologie, le ministre n'en veut pas. «Nous voulons d'une presse responsable qui assume son rôle d'information, mais aussi sa responsabilité morale et de donner une information sourcée au citoyen.» Concernant la mise en place des aspects juridiques devant encadrer et réguler les médias, M.Grine a nié tout retard. Il signalera que la commission de délivrance des cartes de journaliste a déjà été mise en place et que l'Autorité de régulation de l'audiovisuel a été installée. Pour celle de la presse écrite, M.Grine considère que sa mise en place est «tributaire du recensement des gens de la profession». Ainsi, après que les médias audiovisuels aient «acquis» leur Autorité de régulation, la presse écrite devra en faire de même, ainsi qu'un Conseil de l'éthique et de déontologie. Cette commission d'après lui devrait être installée dans six à neuf mois, soit «en fonction du rythme de délivrance de la carte professionnelle de journaliste». Il précisera néanmoins que sur les 1100 dossiers déposés par les journalistes pour acquérir leur carte professionnelle, quelque 1003 dossiers ont été déjà traités. Il s'explique à propos de la «pub» et des imprimeries Au sujet des médias lourds, et plus particulièrement ceux de droits étrangers, M.Grine a souligné que sur la vingtaine de chaînes qui activent «cinq parmi elles ont déjà reçu leurs accréditations pour installer leurs bureaux à Alger». Le ministre a également précisé que «le gouvernement ne fait pas de différence entre les journalistes de la presse privée et ceux de la presse publique» et que «nous ferons tout ce qu'il faut pour qu'on arrive à instaurer les mêmes standards dans le cadre de la professionnalisation de la presse». Décryptant le message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion de la Journée nationale de la presse, célébrée hier, le ministre dira que «la professionnalisation de la presse est tributaire de l'adhésion des journalistes et des principaux acteurs, notamment les responsables de presse». Revenant sur les sujets qui font l'actualité, à savoir la distribution des publicités et les imprimeries, M.Grine invitera sèchement les médias qui se plaignent «à sortir de leur mentalité d'assistés» ajoutant «soyez créatifs et soyez inventifs». Selon lui, les annonceurs ne «sont pas obligés de leur donner de la publicité». Il a souligné également que «moi en tant que ministre, je ne m'immisce jamais dans les gestions internes. L'Anep est libre de donner la publicité cependant pas comme elle veut, mais selon notre politique». Pour éviter toute confusion et incompréhension, M.Grine fera savoir que l'Anep n'est qu'une agence qui achète des espaces publicitaires, en prenant en compte deux critères «la déontologie et l'éthique, et le tirage». Le dernier mot revient ainsi aux annonceurs, qui choisissent le support, en fonction de leurs objectifs de communication. Sur ce point, M.Grine a fait savoir qu'une loi qui est en cours d'élaboration, sera instaurée prochainement, afin de «réguler les activités des agences de communication». Concernant les créances des imprimeries auprès des journaux, M.Grine fera savoir qu'elles sont de l'ordre de 4 milliards de dinars. «Depuis que je suis ministre, nous avons récupéré entre 50 et 60 milliards de centimes» a-t-il signalé, tout en appelant les imprimeries publiques à se débarrasser de la souplesse adoptée autrefois, et de ne plus octroyer de crédits qu'aux journaux solvables.