Avec une route éventrée, des trottoirs jamais faits, de la poussière à vous donner l'asthme en été quand ce n'est pas la gadoue qui vous empêche de quitter le village en hiver, la vie dans la campagne n'est pas toujours une icône de verdure et de plein air ! Les citoyens du douar Selmana, relevant de la commune de Laâyoune, ont manifesté hier matin en bloquant le chemin de wilaya 77, empêchant tout passage du trafic empruntant ce tronçon reliant Laâyoune et Hassi F'doul relevant de la wilaya de Djelfa, en usant de pneus brulés, de troncs d'arbres, de pierres et d'objets hétéroclites. Tout cela pour qu'ils se fassent entendre auprès des autorités, qui a fait l'objet d'un communiqué par le biais duquel les manifestants soulèvent le peu d'intérêt accordé à leur agglomération peuplée de plus de 5 000 âmes et qui n'a bénéficié d'aucun projet depuis l'indépendance, malgré les promesses répétées des responsables locaux, mais vainement. D'après les concernés, fort nombreux à avoir participé à cette manifestation, la raison de cette protestation est due à un certain nombre de sérieux problèmes qui perdurent depuis des années, dont vient en premier rang, la route qui est dans un état des plus lamentable, offrant en été la combinaison propice pour étouffer ses usagers par la poussière et, en hiver, soumettant la population du village à un diktat qui ne dit pas son nom à cause d'une chaussée trop dégradée, marquée à tout bout de champ par d'interminables flaques d'eau, outre l'accumulation de tas de boue. Ce qui non seulement perturbe largement la circulation routière, mais aussi brouille tout déplacement des piétons quand il pleut, comme l'autre aménagement des trottoirs qui n'a jamais eu lieu dans cette partie de la wilaya. Ainsi, avec son isolement total, outre cet état de fait, le village demeure carrément boudé par les transporteurs de bus et de taxis. Ce qui retombe directement sur les travailleurs qui doivent se déplacer chaque jour que Dieu fait pour regagner le lieu de leur gagne-pain. La population du douar Selmana demande également sa part du droit au développement pour être raccordée au réseau de gaz de ville. En effet, cette revendication est considérée comme la première de toutes les priorités, en raison de la cruauté de la nature et de l'environnement dans cette partie rurale de la wilaya où la température frise avec un froid de canard en hiver, souvent sous le seuil du zéro. Ce qui oblige les gens à se débrouiller des bonbonnes de gaz butane à des prix qui frôlent l'indécence. Pour accéder aux soins, la situation n'est pas meilleure, puisque le seul centre de soins au niveau du douar Selmana situé à 25 km du chef- lieu de la commune est presque abandonné. Le s moyens humains et matériels font cruellement défaut. «Tout manque ici. Il n'y a ni médecin, ni ambulance. Nos malades éprouvent toutes les peines du monde à se faire soigner. Certaines femmes accouchent seules chez elles, alors que d'autres doivent encourir d'autres dangers avant d'arriver à la polyclinique de Laâyoune, et ce, faute de moyens de transport. Cette situation s'aggrave en période hivernale, période durant laquelle notre hameau reste des jours durant coupé du reste du monde», fulminent de nombreux habitants de Selmana. Ces derniers n'ont jamais vu l'eau couler dans leurs robinets. Ils continuent de s'alimenter en eau potable à partir des puits. «Plusieurs promesses ont été faites par les responsables, qui ne se rappellent de notre existence qu'à l'approche des élections. Ayant pourtant promis d'appuyer nos réclamations pour le raccordement au réseau de gaz naturel et d'eau potable, leurs promesses sont hélas, restées sans suite. Imaginez-vous qu'en 2015, en cette période de froid glacial, les habitants utilisent le bois pour se réchauffer. Nous avons le sentiment d'être des citoyens de seconde catégorie», regrettent nos interlocuteurs, submergés par des conditions de vie insoutenables. La population du douar Selmana a protesté aussi sur les coupures répétées de courant électrique, Des centaines de protestataires pour exprimer leur colère face aux coupures et perturbations de l'électricité. Ils ont également exprimé, lors de ce mouvement de protestation, « leur solidarité avec un jeune portant les initiales N.A., âgé de 25 ans, venu chez ses parents en permission en tant que militaire à Tindouf, mort par asphyxie au gaz jeudi matin, partant de l'hypothèse que la victime a péri dans un incendie déclenché dans sa maison à cause de l'utilisation d'une bougie faute de courant électrique », a indiqué un citoyen. A rappeler enfin que bien que la route soit coupée à la circulation, aucun dépassement n'a été signalé. Heureusement, un dispositif de la Gendarmerie nationale a été employé pour éviter tout dérapage. Quelques habitants se sont rapprochés de notre journal dans l'espoir de se faire entendre par les autorités concernées.