Un document américain officiel récemment déclassifié révèle ce que les observateurs avisés ont toujours assuré, et ce que des faits ont toujours attesté : les affinités entre l'Occident et la milice wahhabite takfiriste Daech (Etat islamique-EI). Rédigé par la Defense Intelligency Agency (DIA) en 2012, un rapport de 7 pages fait état que l'avènement d'un Etat islamique dans l'est de la Syrie est souhaitable pour que l'Occident puisse arriver à ses fins dans la région. «L'Occident, les pays du Golfe et la Turquie [qui] soutiennent l'opposition [syrienne]... il y a la possibilité d'établir une principauté salafiste officielle ou pas, dans l'est de la Syrie (Hassaké et Deir Ezzor), et c'est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l'opposition, afin d'isoler le régime syrien...», est-il mentionné dans ce rapport. Anciennement classé «Secret // Noforn» et daté du 12 août 2012, le rapport de la DIA a été largement diffusé dans les divers organes gouvernementaux, y compris Centcom, la CIA, le FBI, le DHS, NGA, le Département d'Etat et beaucoup d'autres. Il a été déclassifié grâce à un procès fédéral et rendu public grâce à un groupe de vigilance judicial watch le 18 mai dernier. Il a été repris par Levant Report, un site américain animé par de fins connaisseurs du Moyen-Orient du Texas profondément alarmés par ce que leur pays est en train de faire dans cette région qui a révélé l'existence de ce document. Il montre que, dès 2012, le renseignement américain avait prédit la montée de Daech en Irak et au Levant, mais au lieu de désigner clairement le groupe comme un ennemi, le rapport considère le groupe terroriste comme un atout stratégique américain. Selon Levant Report : des preuves matérielles, des vidéos, ainsi que les récents aveux de hauts fonctionnaires impliqués (voir l'aveu de l'ancien ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, Robert Ford), ont depuis prouvé que le soutien matériel des terroristes de Daesh sur le champ de bataille syrien par le Département d'Etat et la CIA remonte à au moins 2012 et 2013 (pour un exemple clair de «preuves matérielles»: voir le rapport de l'organisation anglaise, Conflict Armement Research, qui, en remontant la trace des roquettes anti-chars croates récupérées auprès de combattants ISIS (DAESH), est arrivée à un programme conjoint CIA /Arabie Saoudite via des numéros de série identifiables). Levant Report résume ainsi les points clés du rapport de la DIA L'établissement d'un Etat islamique naissant n'est devenu réalité qu'avec la montée de l'insurrection syrienne (il n'y a aucune raison de penser que le retrait des troupes américaines d'Irak ait joué le rôle de catalyseur dans l'essor de l'Etat islamique, comme l'affirment d'innombrables politiciens et experts. La mise en place d'une «principauté salafiste» en Syrie orientale est «exactement» ce que veulent les puissances extérieures qui soutiennent l'opposition (identifiées comme «l'Occident, les pays du Golfe, et la Turquie») pour affaiblir le gouvernement d'Assad Il est suggéré de créer des «lieux de refuge sûrs» dans les zones conquises par les insurgés islamistes comme cela a été fait en Libye (ce qui dans les faits, se traduit par une soi-disant zone d'exclusion aérienne comme premier acte d'une «guerre humanitaire». L'Irak est identifié à «l'expansion chiite». Un «Etat islamique» sunnite pourrait empêcher l'unification de l'Irak et pourrait faciliter à nouveau l'entrée d'éléments terroristes de tout le monde arabe dans l'arène irakienne.» Le site a aussi extrait quelques éléments pertinents de ce rapport sur la situation générale en Syrie: A l'intérieur, les événements prennent une tournure clairement sectaire. Les Salafistes, Les Frères musulmans et Al-Qaïda – Irak, sont les forces principales de l'insurrection en Syrie. L'Occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent l'opposition, tandis que la Russie, la Chine et l'Iran soutiennent le régime. Al-Qaïda – Irak (IQA): soutient l'opposition syrienne depuis le début, à la fois idéologiquement et dans les médias... IQA a perdu du terrain dans les provinces de l'ouest de l'Irak en 2009 et 2010. Cependant, après la montée de l'insurrection en Syrie, les pouvoirs religieux et tribaux régionaux ont sympathisé avec le soulèvement sectaire. Cette sympathie s'est concrétisée par l'appel à bénévoles pour soutenir les sunnites [sic] en Syrie, dans les sermons du vendredi. Des hypothèses sur le développement futur de la crise ont été émises dans ce rapport: Le régime va survivre et garder le contrôle du territoire syrien. Evolution de la situation actuelle en guerre par procuration : les forces d'opposition tentent de contrôler les zones orientales (Hasaka et Deir Ezzor), qui touchent les provinces irakiennes orientales (Mossoul et Anbar), en plus des frontières turques voisines. Les pays occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent ces efforts. Cette hypothèse, qui est la plus probable étant donné ce que nous savons des événements récents, permettra de préparer des lieux de refuges sûrs sous contrôle international comme cela a été fait en Libye quand Benghazi a été choisi comme centre de commande du gouvernement provisoire... Si la situation se détériore, on pourra établir une principauté salafiste officielle ou pas, dans l'est de la Syrie (Hassaké et Deir Ezzor), Et c'est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l'opposition, afin d'isoler le régime syrien qui est considéré comme l'extrémité stratégique de l'expansion shiite (Irak et l'Iran). L'EI pourrait aussi constituer un Etat islamique en s'unissant avec d'autres organisations terroristes en Irak et en Syrie, ce qui mettrait gravement en danger l'unification de l'Irak et la défense de son territoire.