Battue en finale par le Chili (0-0 ap, 4-1 tab), l'Argentine attend toujours son premier titre international depuis 1993. Son capitaine Lionel Messi, lui, comptabilise trois défaites en autant de finales avec l'Albiceleste. Une véritable malédiction. Tout avait pourtant si bien commencé. Lorsqu'en 2005, Lionel Messi, à peine 18 ans, remporte le Mondial des U20 sous le maillot argentin (face au Nigeria en finale), raflant aussi les titres honorifiques de meilleur buteur et meilleur joueur, on se dit que ce petit gaucher génial a tout pour emmener l'Argentine, la grande, tout en haut du football mondial. La première désillusion, pourtant, ne se fait pas attendre. Deux ans plus tard, le joueur du Barça se rend au Venezuela afin d'y disputer sa première Copa America. Au sein d'un effectif cinq étoiles (Crespo, Riquelme, Zanetti...), Messi est titulaire et se montre souvent décisif tout au long de la compétition. La raclée subie en finale face à l'ennemi intime, le Brésil (0-3), fait d'autant plus mal que l'Albiceleste s'y présentait en favorite. L'été suivant, le lutin argentin est autorisé par le staff du FC Barcelone à disputer les Jeux olympiques de Pékin. L'Albiceleste, tenante du titre, conserve son bien, au terme d'une finale contre... le Nigeria. Messi, meilleur joueur de la compétition, valide donc son deuxième trophée sous le maillot ciel et blanc. Le maillot ciel et blanc argentin, certes. Mais pas celui des «A»... Le seul qui compte vraiment pour un joueur de son niveau, que l'on aime depuis près de dix ans à comparer à Diego Maradona. Dernière chance en 2018 ? L'an dernier, quand le quadruple ballon d'Or du Barça s'est présenté en finale de la Coupe du monde au Brésil face à l'Allemagne, on s'est dit que ce serait une belle occasion d'effacer El Diez des tablettes. La Nationalmannschaft et Götze en ont décidé autrement. Quand Messi est allé chercher son trophée, controversé, de meilleur joueur FIFA de la compétition dans les tribunes du Maracana après la rencontre, il semblait porter tout le poids de l'échec argentin sur ses seules épaules. Samedi soir contre le Chili, on pouvait légitimement penser que cette troisième finale avec la grande Albiceleste, la seule qui compte vraiment dans le cœur des Argentins, serait la bonne pour Messi. A l'Estadio Nacional de Santiago, face à des Chiliens survoltés qui le prenaient systématiquement à trois sur chaque touche de balle, il n'en fut rien. S'il a tenté d'exister par quelques fulgurances, comme lorsqu'il a parfaitement déposé un coup franc sur la tête d'Agüero, seul à trois mètres du but (20e), Messi a, une nouvelle fois, échoué à faire triompher l'Argentine dans une finale. Deux Copa America et une Coupe du monde perdues lors de l'ultime manche, cela commence à chiffrer : lorsqu'il s'est retrouvé en finale avec sa sélection, Messi a systématique perdu. Son statut de meilleur joueur du monde, indiscutable, n'est ici pas remis en cause. Au Chili, Lionel Messi aura été, d'assez loin, le joueur le plus influent et le plus décisif de l'Albiceleste, en se retrouvant impliqué sur la grande majorité des buts marqués par son équipe durant la Copa America. Mais cette troisième finale perdue en autant de tentatives fait tâche sur le CV d'un joueur qui a plutôt l'habitude de les remporter en club. La prochaine échéance internationale, pour Messi, est prévue en 2018 pour le Mondial en Russie. Le capitaine de l'Albiceleste aura alors 31 ans et pourrait bien se voir offrir son ultime chance d'enrichir enfin son immense palmarès d'un titre avec sa sélection nationale... L'inverse serait un immense gâchis.