La date du 20 août, doublement historique, dans deux lieux hautement symboliques, a donné à notre Révolution une âme, un nouveau souffle et une organisation sans faille et, partant, tracé la voix à l'indépendance de l'Algérie. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a saisi l'occasion de ce double anniversaire pour adresser un message à la nation où en substance il fait une rétrospective tout en se projetant sur l'avenir. En d'autres termes, et en filigrane, il est dit que sans l'histoire, on ne peut pas bâtir l'avenir. Sans regarder dans le rétroviseur, on ne peut conduire le pays à bon port ni le mettre au diapason des nations développées. Des hommes, à la grandeur indiscutable, ont, à partir de rien, sans moyens ni ressources, façonné notre histoire et tout sacrifié pour l'écrire de leur propre sang tout en ayant la certitude que le flambeau sera entre de bonnes mains pour, une fois l'indépendance arrachée, sortir l'Algérie du sous-développement et la propulser sur le devant de la scène mondiale. Avons-nous continué l'œuvre de ces héros à l'ingéniosité inégalable et à la conviction inébranlable qu'étaient Zighoud Youcef et Abane Ramdane ou le cœur s'était-il arrêté de battre au sortir de la guerre de Libération ? Le message du président Bouteflika ne souffre d'aucune ambiguïté ou quiproquo lorsqu'il affirme justement qu'«il ne s'agit pas de s'arrêter aux limites de la simple satisfaction d'une prouesse héroïque dans laquelle la volonté de notre peuple vaillant s'est opposée à la violence d'un occupant inique. Nous nous devons, un demi-siècle après la réalisation de cet éclatant exploit, de marquer une halte (....)». Laquelle halte est plus qu'indispensable pour dresser le bilan de plus de cinquante d'années d'indépendance. Les acteurs du 20 août 1955, date de l'offensive du Nord-Constantinois, et ceux d'Ighil-Imoula de la même date en 1956 qui ont donné une âme à la révolution, avaient cru en une Algérie libre et indépendante et leur croyance s'est traduite sur le terrain, le 5 juillet 1962 dans une liesse populaire jamais égalée jusque-là. Ils ont accompli leur mission et réussi à chasser l'occupant mais le plus grand ennemi, le sous-développement, continue à «coloniser» notre pays comme si tous les héros tombés au champ de bataille sont morts pour rien ou juste pour libérer le pays et ensuite enterrer l'histoire.