Alors que les initiatives se multiplient un peu partout à travers le territoire national pour atténuer les effets néfastes de la crise économique, des décisions qualifiées d'aberrantes sont prises par des membres du gouvernement. Il en est ainsi de celle du ministre des Transports, Boudjemaa Talai, de transférer une importante surface du parc à conteneurs du port de Annaba très accessible aux engins et autres. Ayant coûté au Trésor public des sommes faramineuses pour son aménagement en bordure du quai et à l'intersection de plusieurs voies de communication routières et ferroviaires, cette infrastructure sert aujourd'hui de cimetière des ambitions de développement de l'Entreprise portuaire de Annaba (EPAN), de l'Entreprise portuaire de Skikda (EPSk) et de la société nationale des transports Ferroviaires (SNTF). Ces trois entités économiques sont associées au capital social de la filiale de gestion du parc à conteneurs de Annaba qu'elles ont nouvellement créée. Avec l'avènement de la conteneurisation ces dernières années, le port de Annaba a connu de profondes mutations, tant dans la configuration physique leurs modes d'exploitations, que sur les choix relatifs aux orientations de stratégies managériales. Ce qui a permis, en quelques années, un réel développement du transport de marchandises par voie maritime et, de là, faire jouer au port de Annaba le rôle de leadership des ports situés sur la même rangée maritime du Sud de la Méditerranée. Malgré une forte concurrence dans le trafic du transbordement des conteneurs et du transit de marchandises, le port de Annaba a vu ses activités augmenter. L'opération de dragage de la grande et de la petite darse pour faire passer le tirant d'eau de 8 à 12 mètres, l'acquisition de matériels, d'équipements et engins à la mesure des aspirations de rendement des autorités compétentes ont consolidé les ambitions de ses gestionnaires. Ainsi, une véritable synergie s'est établie entre l'EPAN, EPSK, SNTF et l'Etat. De profondes réflexions ont été menées et articulées autour de modèles de financements appropriés. Il en a résulté l'adoption d'une méthodologie managériale et stratégique déclinée par rapport aux capacités du port de Annaba. Elle comporte l'élaboration d'une politique de spécialisation des quais. Celle-ci porte sur l'amélioration de la compétitivité du port de Annaba concerné par le projet d'extension de ses capacités de transbordement ainsi que la réhabilitation de la ligne de chemin de fer Annaba/Ramdane Djamel. Cette ligne ciblant une meilleure fluidité du transport ferroviaire est appelée à devenir un vecteur d'intégration des ports de Annaba, Skikda, Jijel et Béjaïa. Pour aussi se transformer en facteur de redynamisation de l'exploitation des ressources minières et sidérurgiques. Cette approche devait permettre de créer et de soutenir une dynamique de croissance forte, durable et inclusive. La position privilégiée du port de Annaba lui permet de consolider sa position de leadership à l'Est du pays et même de porte méditerranéenne de l'Afrique subsaharienne. C'est un havre maritime situé aux confluents de grandes routes maritimes ouvert à un marché potentiel de plusieurs millions de consommateurs dans le bassin méditerranéen et dans le Maghreb. Cette situation bien qu'avantageuse est loin d'être essentiel car le port de Annaba doit répondre aux exigences des standards des infrastructures portuaires modernes. C'est dans ce cadre que se sont inscrits les gestionnaires des entreprises portuaires de Annaba, Skikda et de la SNCF. Par ces deux décisions (fermeture du quai à conteneur des gargoulettes et rejet du projet de l'extension du port), le ministre Boudjemaa Talaï a remis toutes ses ambitions en question. Rien ne les justifie particulièrement quand on sait que les trois associés ont créé une filiale de gestion du port à containeur et du port sec à Allelick, et qu'ils ont enclenché une approche managériale dont les centres d'intérêts sont motivés et définis par: la mise en place d'installations, d'infrastructures et de services nécessaires pour la réception ou la livraison du trafic domestique de grande envergure.