Les événements en Syrie sont à suivre de près. On a parlé de bras de fer entre chasseurs russes et israéliens sur la côte méditerranéenne. Début octobre, c'était la polémique sur la frontière turque, avec une grande mobilisation rhétorique de l'Otan, parce que l'armée russe s'en prendrait à des sanctuaires terroristes frontaliers que l'armée d'Assad n'osait pas attaquer. Dans ce sens, Moscou surprend tout le monde en tirant des missiles depuis la Caspienne, surprise technologique, car on ignorait que ces missiles avaient cette portée, surprise politique car ça suppose l'accord des pays riverains de cette mer et de l'Irak que les missiles survolent – Irak au rôle ambigu à la fois pro-iranien et pro-américain depuis dix ans –, mais il est vrai qu'il demande l'intervention russe sur son sol désormais. Du coup, CNN tente de discréditer le matériel russe, car il y a des contrats d'armement à la clé, en proclamant que quatre missiles se sont écrasés sur l'Iran, ce que Téhéran dément. Les beaux coups de Poutine affolent les Occidentaux : et s'il parvenait à vaincre Daech avec le Hezbollah et Assad là où l'Ouest ne savait qu'évoquer une guerre longue ? Tristesse dans les services de renseignement qui n'ont rien vu venir de l'investissement militaire russe en Syrie. Un investissement dont on apprend qu'il était sollicité par l'Iran, qu'il visait à prévenir la création d'une zone d'exclusion aérienne en prélude à une opération occidentale de «regime change» et des rumeurs américaines parlent désormais de tanks russes pré-positionnés, prêts à agir sur le terrain une première depuis l'Afghanistan. La France d'Hollande et Fabius rivés à leur mantra «ça va faire une guerre générale sunnites-chiites», alors pourtant que l'Egypte sunnite approuve la politique de Poutine, se taille une image d'agressivité sans pareille comme pendant les négociations sur le nucléaire iranien. Ça bouge beaucoup en Syrie, et l'on retient son souffle...