L'Algérie perd, annuellement, deux millions de tonnes de carburants par les opérations de la contrebande, a déclaré, hier à Alger, le PDG de la Société nationale de commercialisation et de distribution de produits pétroliers (Naftal), Hocine Rizou. L'invité du forum El-Moujahid est revenu, hier, à cet effet sur la façon de lutter contre ce phénomène qui cause de grosses pertes pour l'économie nationale. La solution est le plafonnement de l'approvisionnement en carburants, mis en place dans les zones frontalières du pays, qui est, selon l'intervenant, «utile dans la mesure où il a permis (le plafonnement) la réduction de la contrebande». Cette dernière est, selon Hocine Rizou, dans la région ouest «légèrement plus importante par rapport aux autres régions du pays». A cet effet, il sous-entend que la wilaya de Tlemcen est la plaque tournante de la contrebande des carburants. A noter que cette wilaya a instauré un programme de plafonnement des approvisionnements en carburant au niveau des stations-service. Cette mesure, selon les habitants de Tlemcen, a permis de diminuer ce trafic, devenu désormais source de tous genre de risques et de danger pour ceux qui le pratiquent. A ce propos, il a considéré qu'une éventuelle implantation de stations-service de Naftal dans des pays voisins pourrait contribuer dans la lutte contre cette infraction économique. «Des gens transportent illégalement notre carburant vers les pays voisins. Il nous serait donc plus profitable d'être présents dans ces pays», a-t-il estimé. C'est dans ce sens qu'il a avancé que dans le plan de développement à moyen et long termes de cette entreprise publique, il n'est pas exclu que des stations-service soient installées dans les pays du Sahel, et ce, outre celles qui pourraient être implantées dans les pays du Maghreb. Sur ce point, il a fait savoir que des propositions avaient déjà été faites dans ce sens à Naftal par le Bénin et la Tanzanie. Au sujet de la loi de finances 2016 sur la nouvelle la tarification des produits pétroliers, le PDG a répondu que c'est du domaine des pouvoirs publics. «Je donnerai mon avis en tant que citoyen, il faut savoir, que les prix n'ont pas augmenté depuis dix ans, par contre, tout a augmenté dans les autres secteurs, alors pourquoi le prix du carburant n'augmentera pas ?», soulignant que l'Etat fait un effort colossal en matière de subventions. L'intervenant a estimé que cette nouvelle augmentation est «dans l'ordre des choses». Interrogé sur l'instauration par le gouvernement d'un cartel pour plafonner la consommation du carburant, le PDG a rétorqué qu'il «ne s'agit de plafonnement, mais de traçabilité de la consommation, dans l'objectif d'avoir une base de données sur la réelle consommation». En ce qui concerne le GPLc, le responsable a expliqué que son groupe travaille pour «redynamiser son utilisation», ajoutant qu'il y a des mesures incitatives prises par l'Etat dans ce cadre. Cependant, Hocine Rizou a expliqué, en marge de son exposé présenté au début de la conférence, que Naftal a lancé les préparatifs de la campagne hivernale depuis 2015-2016 soit le mois de mai dernier. Ces préparatifs concernent la mise en place de groupes de travail au niveau central et régional, le recadrage du schéma de distribution des GPL, la mise en place de la cellule de veille, chargée du suivi continu de l'application du schéma de distribution, ainsi que l'augmentation du stock outils de 800 000 bouteilles de gaz. Par ailleurs, le même responsable a affirmé que Naftal a initié un important programme de développement et de modernisation de ses installations et infrastructures de stockage, de transport et de distribution. Ce programme comprend 2 pavés essentiels, le premier concerne le plan à moyen terme 2015-2020, le second est un prolongement du premier, et concerne le projet de développement à l'horizon 2030. Naftal prévoit aussi, à l'horizon 2020, d'atteindre une autonomie nationale de stockage de carburant de 30 jours, contre 10 jours actuellement. A cet effet, 8 projets sont déjà en cours de réalisation (Khroub, Béjaïa, Souk Ahras, Annaba, Sidi Bel-Abbès, Adrar, Tindouf, Tamanrasset), représentant 383 000 m3ɜ d'augmentation de capacités de stockage, soit plus 50% des capacités de stockage actuelles. En plus, 8 autres projets seront lancés en 2016 (El-Eulma, M'sila, BBA, Tizi Ouzou, Alger, Berrouaghia, Relizane, Béchar), représentant 211 000 m3ɜ, ramenant les capacités de stockage globales à 1,3 million m3ɜ, doublant ainsi l'autonomie de stockage à 20 jours.