Dans le cadre de la célébration du 5e anniversaire de la «Révolution du 17 décembre» – comme aiment à l'appeler les Tunisiens –, le président Béji Caid Essebsi, suite à sa rencontre avec des élus de Sidi Bouzid, a tenu à donner des précisions sur la participation de la Tunisie à la coalition internationale pour la lutte antiterroriste menée par l'Arabie Saoudite. BCE a déclaré, explicitement les raisons de cette adhésion:" nous ne pouvons être contre l'initiative de l'Arabie Saoudite", soulignant l'emplacement sensible de la Tunisie, "aux frontières" de la Libye. Concernant l'intervention militaire effective, le président a asserté: "ils ont envoyé leurs armées mais nous n'agirons pas de la même manière puisque nous n'avons pas d'armées à envoyer", avant d'ajouter que "la situation de la Tunisie est certes difficile mais pas impossible". Pour Essebsi, la Tunisie est tout de même capable de se relever toute seule. Mardi dernier, l'Arabie saoudite avait annoncé une liste de 34 pays dont la Tunisie, l'Egypte, la Turquie, le Pakistan et le Sénégal qui vont combattre avec à ses côtés "toute forme de terrorisme". Il s'agit certes d'une annonce surprenante de la part d'un pays comme l'Arabie Saoudite qui se trouve souvent implicitement accusée de soutenir financièrement le terrorisme international et l'Etat islamique très connu sous l'appellation de Daech. L'adhésion de la Tunisie à cette coalition n'est pas vraiment surprenante dans la mesure où le terrorisme continue d'y frapper fort et sans répit. Reste à savoir dans quel cadre et dans quel contexte général cette adhésion va avoir lieu. C'est l'Arabie saoudite qui a annoncé la nouvelle et rien n'a été officiellement communiqué en Tunisie jusqu'à l'annonce de la nouvelle par plusieurs sites étrangers. L'information a été reprise par la suite par les médias locaux sans pour autant s'interroger sur les termes de cette coalition. Plusieurs interrogations valent d'être soulevées : Y-a-t-il de convention signée dans ce sens ? Si oui ! Où a-t-elle a été signée ? Quel type de contrat ? Quels termes? Quel rôle pourra jouer la Tunisie dans cette coalition ? L'on est également en mesure de s'interroger par quelle politique, quels moyens et avec quelle logistique va fonctionner ce front? Comment va se faire, dans la pratique et sur le terrain, cette lutte dans des pays aux intérêts aussi divergents ? Mystère et boule de gomme. Il est évident qu'il aurait été plus judicieux de créer un front pour lutter contre l'exclusion sociale, la précarité, l'ignorance et le chômage, qui font souvent le lit du terrorisme dans le monde arabo-islamique. Les monarchies du Moyen-Orient avec à leur tête l'Arabie Saoudite, soutien indéfectible des terroristes «islamiques», sentant leurs fondements wahhabistes vaciller sous les coups de boutoirs des chiites qui les encerclent, et sentant l'animosité de plus en plus grandissante de l'Occident à leur égard, n'ont pas trouvé mieux pour se faire un semblant de virginité que d'inventer cette mascarade de coalition islamique antiterroriste. Pour noyer le poisson dans l'eau, on essaye tant bien que mal de créer une «coalition» islamique en prenant bien soin d'écarter les pays dits chiites, ennemis implacables du wahhabisme, et de laisser au bord de la route quelques pays islamiques représentant des centaines de millions de musulmans (Indonésie, Malaisie, Azerbaïdjan Iran, Syrie, Irak).