Quarante entraîneurs ont été remerciés ou ont quitté la scène footballistique. C'est beaucoup. «Il y a une telle pression économique sur les clubs que les dirigeants veulent tout faire pour atteindre leurs objectifs initiaux...» L'entraîneur est le fusible parfait le président, lui n'a qu'à appuyer sur le siège «éjectable», souligne un confrère. Un autre dira tout simplement «la recette a une saveur, elle fait le tour des clubs.» Un troisième réagira «la récolte des entraîneurs ne se fait pas, selon un calendrier classique, c'est au bon vouloir de x ou de y». Disant tout simplement que le CDI est à la mode. La valse des entraîneurs ne s'arrêtera pas de sitôt. Qui sont-ils et que reproche-t-on à ces messieurs qui jettent le tablier ou à qui on fait jeter le tablier ? Ils sont nombreux. 40 ! Ou un peu plus, un chiffre valable encore au terme de la 20e journée du championnat des deux Ligues professionnelles. Pourquoi Khaled Lounici du RC Arba a-t-il démissionné et pourquoi le limogeage de Kamel Mouassa du MC El Eulma, il n'y a pas 72 heures ? Chronologiquement, Abdelkader Amrani aurait lui aussi démissionné du MO Béjaïa avant d'être convaincu par les dignitaires du club à reprendre les règnes de cette grande équipe. Voilà une corporation qui est prise en tenaille par quelques présidents qui dégainent plus vite que leur ombre. Certainement encore une «histoire d'absorber la colère des supporters». Ceci provoque des réactions qui condamnent ces situations qui menacent d'imploser notre football. Pour Ibrahim de Constantine, «c'est l'histoire du corbeau et du renard qui est raconté mais à ce stade, on ne connaît pas encore la fin de l'histoire.» Saïd, lui évoque le RCA qui «a la palme d'or, c'est le club qui a changé le plus d'entraîneurs, c'est énorme tout de même.» Pour le quotidien Liberté «le départ de Lounici, la lanterne rouge de la Ligue 1 aura ainsi «consommé» son quatrième coach cette saison, après Billel Dziri, Darko-Daniel Janakovic et Abdennour Bousbia. Cette valse d'entraîneurs a débuté dès la première journée de la saison qui avait connu le limogeage de deux entraîneurs : Mourad Karouf (JS Kabylie) et Youcef Bouzidi (O Médéa). A l'opposé, seulement quatre clubs de Ligue 1 maintiennent toujours en place leurs entraîneurs : l'USM Alger, le CR Belouizdad, le DRB Tadjenanet et l'USM El Harrach... Trois autres équipes de la Ligue 2 ont gardé leurs coachs du début de saison. Il s'agit du CA Batna, Paradou AC et de l'AS Khroub. Il y a lieu de constater que les résultats ne sont plus la seule référence pour trancher sur l'avenir de tel ou tel entraîneur. La preuve, l'USM Bel-Abbès a poussé à la sortie son coach tunisien, Mouaz Bouakkaz, à l'issue de la phase aller alors que son équipe venait de terminer cette première partie aux commandes du classement.» Belaid. A. s'interroge quant à lui sur cette hémorragie : qui en bénéfice de cet état ? Qui veut la mort de notre football ? Pourquoi, voilà un monsieur remercié peu avant la trêve hivernale. Son successeur, Kamel Mouassa, qui a débuté la saison avec l'ASM Oran, a vu son contrat résilié. C'est dire que dans ces changements d'entraîneurs, il y a des mystères. «Il y a ceux qu'on continue d'embaucher alors qu'ils se plantent partout, ceux débarqués malgré des matches honorables, d'autres qui restent en place malgré des défaites à répétition. Et puis il y a les entraîneurs qui partent d'eux-mêmes, attirés par un nouveau défi ou simplement parce qu'ils n'en peuvent plus.» Pour Christian Gourcuff, lorsqu'il était à Lorient, il disait déjà «la stabilité est d'autant plus difficile qu'il y a des résultats et un environnement beaucoup plus large : les dirigeants, la pression des joueurs, des médias, des supporters, des fois les agents... Ça fait beaucoup de sources de déstabilisation... Le rôle des médias est carrément «capital». Tout ce qui se passe dans le club est interprété et les médias jouent un rôle de caisse de résonance. S'il y a une campagne de presse pour renforcer l'entraîneur, c'est une question de relations. La communication est devenue un art... Il y a des carrières qui se font sur la communication, ça j'en suis persuadé.» Guy Roux disait en 2001 «j'étais épuisé. Quand vous dirigez des hommes, il faut donner du jus. Et là, les batteries étaient vides. Et puis à force d'être penché sur ma copie, j'étais devenu un peu polar, comme un étudiant qui travaille dix-huit heures par jour. Je ne voyais plus tout clairement. J'étais devenu un peu crispé.» Un autre entraîneur étranger juge qu'il «est intenable d'entraîner longtemps en cas de mauvaise relation avec son président» et pour un autre «il faut vraiment une harmonie. Les entraîneurs qui durent longtemps dans les clubs ont le profil d'entraîneur-manager, ils sont patrons de la direction technique. Plus il y a de monde, plus c'est compliqué, plus il y a de possibilité de tensions.» Tout est collé, emballé dans un même sac, arbitrage, dirigeants, joueurs, discipline... et avec cette brochette de faits regrettables. L'espoir est toujours aux portes de nos clubs.