Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, hier matin, le président de la chambre algérienne du commerce et de l'industrie (Caci) et également vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) Mohamed Laïd Benamor estime qu'on a raté beaucoup de choses : on n'a pas su valoriser nos ressources fossiles qui sont les hydrocarbures en vendant du pétrole brut, du gaz brut, alors qu'aujourd'hui, on est en train d'importer de l'essence, dit-il. Avec l'investissement sur les énergies renouvelables, on pourra exporter de l'essence. Il rappelle que l'Algérie est un pays à vocation agro-pastorale ; l'agriculture produit, fait-il observer, mais les agriculteurs n'ont pas de visibilité. Il y a beaucoup de difficultés à investir, que ce soit du côté du foncier industriel ou du côté bureaucratique. Ces pratiques bureaucratiques de l'administration vis-à-vis des personnes désireuses d'investir, ajoutées aux difficultés pour ces derniers à trouver des terrains pour leurs projets, sont parmi les freins entravant l'investissement, et elles doivent être éliminées. Toutefois, il fait constater que cette bureaucratie commence à disparaître ; il y a plus de facilités et plus de prise de conscience au niveau de certaines administrations mais, ajoute-t-il, il faut que tout le monde ait confiance car là est le problème, selon lui. Le consommateur a perdu confiance, l'opérateur a perdu confiance, c'est, souligne-t-il, un problème important qui se traduit dans l'immobilier qui ne fait que baisser, l'euro qui ne fait qu'augmenter, cela signifie, pour lui, que les gens sont en défiance totale. A propos du climat des affaires, il fait remarquer que son entreprise investit, cela signifie qu'elle a confiance dans ce pays, dans cette économie, dans la jeunesse, dans l'avenir. Commentant l'opération de mise en conformité fiscale lancée au profit des acteurs économiques informels, il estime qu'elle ne s'est pas traduite par les résultats escomptés, seuls 250 parmi eux ayant, jusque-là, adhéré à ce dispositif. Il apprécie l'opération de bancarisation de la «manne» financière détenue par ces derniers comme une bonne chose, mais la considère «insuffisante», il propose l'introduction en leur faveur d'une «amnistie fiscale générale», seule possibilité qui, selon lui, les amènerait à être plus coopératifs. Fasant le lien avec l'inquiétante hémorragie des devises sur le marché, M. Benamor met en avant l'idée d'une convertibilité du dinar, dont il estime qu'elle contribuerait à la juguler. Avant, fait-il observer, le refuge c'était l'immobilier, maintenant c'est l'euro. Il y a encore des sommes astronomiques qui dorment encore, est-ce qu'elles vont rentrer dans l'économie ou va-t-on en faire des euros. Pour le président de la Caci, en plus de l'amnistie fiscale générale, il faut qu'il y ait des facilités pour le foncier industriel et pour le vrai accès à l'investissement, c'est cela, d'après lui, qui va dynamiser l'économie. Autour de l'agriculture, il propose des plateformes industrielles comme cela existe partout dans le monde. M. Benamor annonce, par ailleurs, que la Chambre de commerce est actuellement en train de lier des contacts avec plusieurs pays à travers le monde pour y gagner des marchés (Soudan, Malte, Pologne,...). Il fait également état d'un «Plan d'émergence» lancé par le Forum des chefs d'entreprise à proposer aux pouvoirs publics et destiné à booster les filières prioritaires agroalimentaire, pharmaceutique, pétrochimique et numérique, pour valoriser nos richesses et se substituer aux importations.