La cinquantaine, Laïd Benamor est un patron très taciturne. Il bâtit en silence, mais ses succès font beaucoup parler de lui. P-DG du groupe Benamor, président du Conseil interprofessionnel des céréales (CIC), président de la Chambre de commerce et d'industrie algérienne (CACI), Mohamed Laïd Benamor, 50 ans, est considéré comme l'un des meilleurs chefs d'entreprises algériens. Figurant parmi la pléiade des hommes les plus riches du pays, sa fortune s'élève à 180 millions d'euros. Né le 7 octobre 1966 à Annaba et ayant hérité d'une conserverie familiale, Mohamed Laid Benamor réussira rapidement à étendre ses investissements et créer un groupe industriel spécialisé dans l'agroalimentaire qui compte parmi les plus performants, non pas seulement en Algérie, mais aussi à l'échelle continentale. En effet, le groupe Benamor est passé en 10 ans de 27 millions à plus de 180 millions d'euros. Un véritable succès qui s'explique par des investissements bien gérés dans la production de semoule, de pâtes, de harissa, de conserves de tomates, de fruits et de sauces, surtout après la reprise du complexe agroalimentaire Eriad de Corso, à Boumerdès, où la première boulangerie industrielle d'Algérie a été installée. Cette montée fulgurante au pinacle ne tombe naturellement pas du ciel. Décidément, on ne naît pas patron, on le devient. Mais, ce n'est pas le cas de Laïd qui, né dans une famille dont la vocation était l'industrie, s'est vite retrouvé en train de nager dans les eaux troubles de l'entrepreunariat à une époque où «l'entreprise privée» était sinon intruse, du moins peu légitime dans le paysage économique algérien. En effet, c'est au début des années 1980 que Laïd Benamor se trouve impliqué dans la conserverie familiale que son père, Amor Benamor, venait de mettre en place à Guelma. A l'époque, la gouvernance des entreprises obéissait à une logique simpliste d'inspiration socialiste. C'était la mode, y compris au sein des grandes entreprises. Mais Mohamed Laïd Benamor, ouvert sur le monde et féru d'innovation, ne se contentera pas d'aller sur les traces des aînés. Il a, en effet, fait plusieurs formations à l'étranger pour s'imprégner aussi bien de la situation du secteur de l'agroalimentaire dans le monde, notamment en Europe, et des nouvelles techniques de management. En 2003, à la mort de son père, Laïd prend les rênes du groupe. Fort d'une expérience de plusieurs années et de son contact avec le monde de l'agroalimentaire étranger, il entame le projet de restructuration du groupe et de création de nouvelles filiales, surtout avec l'essor considérable des Moulins Amor Benamor. Juste après, soit en 2009, des unités de transformation de blé dur et de lignes de production de couscous, toujours sous la marque Amor Benamor, puis de pâtes alimentaires, ont été mises en place. Entre-temps, Laïd Benamor, voulant développer son activité en amont, il lance des projets agricoles, notamment la culture de la tomate et la céréaliculture. Dans ce sens, il s'est fixé comme objectif d'améliorer la production agricole algérienne, notamment en matière de céréales. Grâce aux performances enregistrées, il a été placé à la tête du Conseil interprofessionnel des céréales (CIC), ce qu'il a sans doute lu comme étant un encouragement, mais aussi comme une ferme volonté de l'Etat de dynamiser le secteur agricole national, ce qui l'a poussé à consentir plus d'efforts et à mettre en place de nouveaux projets. Le groupe Benamor a également créé une filiale spécialisée dans l'immobilier qui développe plusieurs projets à Annaba, ville natale de son P-DG. Multipliant ainsi les succès, mais loin des feux de la rampe, Laïd Benamor, se présente comme l'un des grands capitaines de l'agroalimentaire dans le pays. Ne perdant pas du regard la responsabilité sociale de l'entreprise, Laïd Benamor n'a pas lésiné sur les moyens. Patron généreux, il a mis en place l'académie de football Amor-Benamor, entièrement financée par son groupe et qui est ouverte à tous ceux qui rêvent d'une carrière sportive ou de s'entraîner tout en poursuivant leurs études. Faisant son intrusion dans le monde de la politique depuis une année, Laïd Benamor est devenu de plus en plus visible et son discours, franchement libéral, plus audible. Son entrée au Forum des chefs d'entreprises avec l'équipe de Haddad, en offensive, et le poids de plus en plus grandissant de son entreprises font de lui l'un des éléments les plus influents sur la politique économique du pays. «Homme d'esprit, déplaceur de montagnes» comma l'a si bien qualifié le président du Sénat français, Gérard Larcher, Laïd Benamor joue bien le rôle que l'Histoire lui a choisi.