«Il faut un débat franc et direct sur toutes les questions de l'heure y compris celles qui sont les plus sensibles. Nous pouvons sortir plus forts de cette crise si nous faisons l'effort nécessaire pour nous adapter aux réalités nouvelles qui s'imposent à nous. Réformer c'est savoir où l'ont veut amener le pays. La réforme doit reposer sur une vision claire. C'est fixer le cap. C'est donner de la cohérence à l'ensemble des réformes. Des réformes attendues et revendiquées depuis plus de 20 ans par des milieux économiques qui alertaient sur la nécessité de diversifier l'économie.» C'est en ces termes, on ne peut plus clairs, et qui en disent long que s'est adressé à l'assistance le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), Laïd Benamor, lors de l'Assemblée générale (AG) de cette dernière qui s'est déroulée hier à l'hôtel El Aurassi, en présence du ministre du Commerce, Amara Benyounès, et du président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad. Pour M. Benamor, «il faut une prise de conscience collective et l'implication de tous pour accélérer ces réformes tant attendues et renouer avec la croissance en plaçant l'entreprise au cœur du débat économique, et c'est l'appel lancé par le chef de l'Etat». Il précisera que cette réforme devrait concerner notre système fiscal pour lui donner «plus de souplesse et de flexibilité, notre système bancaire pour en faire un moteur de croissance de l'économie et non un frein à celle-ci, et le foncier qui devient par sa rareté un bien hautement spéculatif, un handicap majeur à l'investissement». Usant d'un discours franc et sincère, le président de la Caci dira que 2015 sera «une année où toutes les énergies doivent se mobiliser pour gagner la bataille de la croissance», rappelant que «la chute du prix du pétrole, qui a perdu en 3 mois seulement plus de la moitié de sa valeur, dénote la vulnérabilité de notre économie dépendante à 97% des hydrocarbures». Pour lui, «l'économie nationale est, de l'avis de tous les experts, dans une posture difficile». Benamor souligne encore qu' «il faut parler de tout sans complexe et sans tabous». Il évoquera l'informel devenu une économie parallèle au formel de par son volume. Il rappelle le volume financier de l'évasion fiscale estimé à 5 000 milliards de dinars. «Devons nous laisser toute cette masse, équivalente à 40 milliards de dollars, dans la nature ou devons nous plutôt trouver des mécanismes pour la réinjecter dans la sphère formelle pour créer des usines qui elles créeront des emplois», s'interroge Benamor avant de répondre qu'il faut aller vers un débat national sur toutes ces questions, un débat auquel il se dit favorable en tant que président de la Caci. Selon lui, le dialogue et la concertation doivent être une règle permanente et non occasionnelle et qu'il faut porter une attention constante à nos entreprises. «Aucune décision ou initiative ne devrait être entérinée avant d'étudier son impact sur l'entreprise. D'où la nécessité d'impliquer les opérateurs dans les débats économiques», estime l'intervenant. En rappelant la nécessité de réviser les statuts des chambres du commerce et d'industrie pour les rendre plus réactives et offensives, Benamor a mis l'accent sur la nécessité d'aller vers «le développement humain et les industries du savoir qui peuvent faire fonctionner les administrations et les entreprises de sorte à atteindre les standards internationaux». Enfin, le président de la Caci dira que «la croissance, la compétitivité, la confiance sont les trois combats que nous devons remporter ensemble». Dans son intervention, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a rappelé encore une fois la nécessité de promouvoir la production nationale à travers le lancement d'une campagne «consommez algérien». Car, pour lui, c'est la meilleure façon de protéger le produit national. Il dira que l'Etat est favorable à l'ouverture du chantier de la réforme des statuts des chambres du commerce et d'industrie afin d'adapter leur fonctionnement au nouveau contexte économique. Il précisera, par ailleurs, qu'il était «hors de question» que l'Etat abandonne ses prérogatives dans la gestion de ces entités, notant que la Caci est une organisation mixte entre l'Etat, dont le rôle est «indispensable» dans les CCI, et les commerçants et industriels. En marge de l'AG, M. Benamor a fait savoir que des négociations étaient menées avec les pouvoirs publics concernant l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), dont le taux a été unifié à 23% par la loi de Finances 2015 pour les deux catégories des sociétés de production et de services, en souhaitant l'amendement de l'article y afférent. B. A.