Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accordé à notre confrère L'Expression, un entretien dans lequel il a évoqué les relations entre nos deux pays dans divers domaines. Celles-ci ne se limitent pas à la sphère militaire et technique qui reste, toutefois, fait-il observer, «le «moteur de la coopération entre nos deux pays». Pour Sergueï Lavrov, les relations commerciales et économiques, en général, placent l'Algérie aux premières places parmi les partenaires de la Russie en Afrique et dans le monde arabe. Il estime qu'«au cours de plus d'un demi-siècle de coopération fructueuse, nous avons réussi à atteindre des résultats importants dans des domaines comme l'énergie, l'industrie minière et métallurgique, les constructions mécaniques, l'économie hydraulique». Il juge que «les indices du commerce bilatéral ont l'air d'être assez bons» et en donne pour preuve le fait que le niveau des échanges a augmenté l'année dernière de 2,2 fois ayant atteint presque 2 milliards de dollars. Pour développer davantage ces échanges, il note qu'il y a un «mécanisme bien réglé pour le partenariat d'affaires bilatéral, la commission intergouvernementale mixte russo-algérienne pour la coopération commerciale et économique, scientifique et technique» dont la huitième session, doit avoir lieu en Algérie, selon un calendrier bien coordonné. La déclaration sur le partenariat stratégique signée en 2001 au cours de la visite du président de l'Algérie Abdelaziz Bouteflika à Moscou, est, pour le ministre russe, le «fondement solide pour l'approfondissement des relations entre nos deux pays». Les rencontres d'affaires entre opérateurs algériens et russes sont autant d'occasions de renforcer cette coopération, comme l'a montré l'exemple évoqué par le ministre russe lors de «la visite récente à Moscou du groupe représentatif des entrepreneurs algériens, dirigé par le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, M. Benamor, et du forum économique bilatéral qui a été organisé avec succès, auquel de centaines d'entrepreneurs algériens et russes ont pris part. Le ministre russe note également «l'activité du conseil d'affaires russo-arabe et du conseil d'affaires russo-algérien sous l'égide desquels des expositions régulières des biens et services russes sont organisées». Ce qui l'autorise à envisager «l'avenir avec l'optimisme». Sergueï Lavrov a cité «parmi les domaines prometteurs pour le développement du partenariat d'affaires russo-algérien», celui de l'agriculture. Il estime que «de bonnes possibilités apparaissent pour augmenter les volumes de l'exportation des produits agricoles algériens en Russie, y compris dans le contexte des contre-mesures bien connues introduites par notre pays envers les Etats de l'Union européenne et la Turquie». On sait qu'en réaction aux sanctions décidées fin juillet 2014 par l'Union européenne et les Etats-Unis imposant des restrictions à des secteurs entiers de l'économie russe, Moscou a introduit un embargo alimentaire contre les pays l'ayant frappée de sanctions. En juin 2015, la Russie a prolongé cet embargo jusqu'au 5 août 2016 en représailles à la prolongation des sanctions. Le ministre russe a considéré la coopération dans le domaine énergétique comme étant «une composante importante de nos relations commerciales et économiques bilatérales». Il rappelle la signature, en septembre 2014, de l'accord intergouvernemental bilatéral sur la coopération dans le domaine de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et annonce que «dans le cadre de sa réalisation, la session du comité bilatéral pour la coordination dans le domaine de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire est prévue en Algérie le 1eret 3 mars». Des discussions, selon le ministre russe, sont prévues pour examiner les possibilités pour la construction d'une centrale nucléaire de conception russe en Algérie, le développement de l'infrastructure nucléaire et l'utilisation non-énergétique des technologies nucléaires - par exemple, en médecine. Dans le même chapitre énergie, à propos du Forum des pays producteurs et exportateurs de gaz (Fpeg), Serguei Lavrov a fait observer que la déclaration finale de son 3e sommet qui s'est tenu en novembre 2015, à Téhéran, «a stipulé des dispositions clés pour la Russie comme pour l'Algérie telles que la souveraineté des pays membres du FPEG sur leurs ressources naturelles, le rôle fondamental des contrats à long terme pour la livraison du gaz dans le financement des projets gaziers ambitieux». Il rassure les pays importateurs de gaz, en soulignant que «les pays participant à l'activité du Forum, dont la Russie et l'Algérie, ne se posent pas l'objectif de transformer le FPEG en «Opep de gaz». La participation au Forum ne prévoit pas d'obligations pour les volumes de la production et de la vente du gaz, c'est pourquoi il ne peut pas être assimilé à l'Opep, et les craintes des pays consommateurs, que le FPEG impose ses règles sur le marché du gaz, sont donc infondées». Enfin, à propos de la lutte antiterroriste, la Russie, fait remarquer Serguei Lavrov, apprécie positivement la coopération sur cette question instaurée entre les deux pays. Il note que le groupe de travail bilatéral interministériel pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée fonctionne sous l'égide des ministères des Affaires étrangères et rappelle que sa cinquième session a eu lieu en Algérie en février 2013. «Je suis persuadé que notre travail commun avec les partenaires algériens sur le chemin antiterroriste est appelé à faire un apport utile aux efforts conjoints de la communauté mondiale», a-t-il conclu.