A chaque enterrement, l'on y ensevelit avec une source testimoniale et une fois la personne enterrée on se rappelle de son passage sur terre pour que le salut de la postérité passe donc par la nécessité impérieuse d'immortaliser le récit, le témoignage et le vécu de feu Ahcène Tonkin, un personnage hors du commun, très aimé par la population de Bordj-Menaiel. C'est un homme littéraire francophone qui aimait beaucoup la lecture, il avait lu beaucoup de livres de grands écrivains tels que les Baudelaire, Victor Hugo, Hemmingway, La Fontaine, Camus, George Sand, Mouloud Feraoun, Guy de manpassant, Moliére, Voltaire et autres....c' était quelqu'un d'exemplaire plein d'affection et d'amour qui adorait aussi le cinéma au point qu'il connaissait la plupart des meilleurs acteurs mondiaux du 7e art tels les Victor Mature, Burt Lancaster, Yul Brunner, Steve McQueen, Gary Cooper, Gina Lollobridjida, Sophia Lorene, Randolph Scott, William Holden, Audy Murphy, Fier Parker, Humphrey Bogard, James Dean, Rock Hudson, Charles Bronson, Henry Fonda, Charlton Heston, Marlon Brandon, Paul Newman, John Wayne, Gregory Peck, Marcello Mastroanni, Curk Jurgens, Rhonda Flemming, Elvis Presley, Dean Martin. Ahcène Tonkin était sympathique, ouvert et communicateur avec une mémoire d'éléphant lorsqu'il s'agissait de parler de tel ou tel film, il adorait parler des dix commandements, de Samson et Dalila, du Boucanier, de Moise, Rio Grandé, la Rivière sauvage, Zorro la pieuvre, Buffalo Bill, le train sifflera trois fois, les sept mercenaires, Davy Crockett, et aussi à chaque film il savait rendre hommage aux grands producteurs et réalisateurs tels Cecil B. De mille, Alfred Hichkock, John Ford, Coppola et autres. C'est un homme encyclopédique tellement le personnage vivait avec le passé et dont il en était très fier, la preuve des centaines de photos de sa tendre enfance et des documents en sa possession qu'il gardait jalousement sont la preuve irréfutable qu'il s'est toujours hissé par le savoir et s'est maintenu par la mémoire car pour lui se contenir dans les souvenirs, c'est renaître un peu et en les intériorisant c'est revivre le passé, d'où cette ardeur permanente en lui de redécouvrir, des instants durant ses gloires. Pour ceux qui ne le savent pas et pour une vive mémoire, nous rendons un vive hommage à ce personnage qui est né le 29 mai 1941 devant la formidable école Okba qui autrefois était un collège d'enseignement générale, durant sa scolarisation, ses enseignants avaient constaté en lui une myopie qui le gênait et pour cela, il s'asseyait toujours à la première table. Durant la période coloniale, rares étaient les Algériens qui réussirent leur cursus scolaire, il se retrouvera comme employé chez la maison Simca dans les garage de Torregrossa puis il devint chef d'agence d'Air France. Il parlait bien le français qu'il utilisait souvent dans son parler de tous les jours. Ammi Ahcène était un amoureux et un virtuose de la chanson Chaâbi, un très bon musicien qui avait créé à l'époque le premier groupe Chaâbi surnommé «el Moustakbal » en 1964 constitué des Slimane Aired, Tayeb Ouriachi, Amar Amrous, Madjid Saadi, Achène Aichaoui, Mokrane Firoud, il avait une très belle voix , il imitait Hadj M'hamed el Anka et Hadj Menouar dont ce dernier était originaire de la région de Ain El Hamra (Bordj Menaïel). Le groupe el Moustakbal a animé beaucoup de fêtes familiales « mariages et autres » et très sollicité à l'époque pour les fêtes nationales. Achène Tonkin qui vient de nous quitter était un chanteur du chaâbi qui adorait Hadj Menouar, il détient en son domicile un fnidjel «tasse» de Hadj Menouar qu'il garde chez lui jalousement et entretenait de bonnes relations avec l'épouse de Hadj Menouar au point où il eut l'idée de créer une association portant son nom, aussi il conserve à son domicile un piano que lui avait transmis le grand Blaoui el houari par train d'Oran. Le groupe el Moustakbal avait été invité à un concours de la chanson chaâbi en 1965 au cinéma Atlas, le jury était composé d'El Anka et Menouar, les candidats: Amar Zahi, Bourahla, Rezki Ourdache. Achène tonkin remporte le meilleur prix de kabylie, aussi il devint agent d'administration dans les services des impôts qu'il ne quitta que pour une retraite méritée, il est parti en silence sans rien demander à personne, il s'est éteint suite à une longue maladie qui l'avait contraint à rester au lit pendant une certaine période avant que la faucheuse ne vienne mettre un terme à ses souffrances- A Dieu nous appartenons, A lui nous retournons.