A la veille de la tenue de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), à Alger, le Haut responsable à la coopération technologique et industrielle franco-algérienne, Jean-Louis Levet, a affirmé que «le mode de relation entre les deux pays se transforme progressivement, passant effectivement d'une relation commerciale traditionnelle (au sens export/import) à une relation nouvelle, fondée sur la coopération» Dans un entretien accordé à l'APS, Jean-Louis Levet a expliqué que ce changement dans les relations est caractérisé par les stratégies d'investissement en Algérie de la part des opérateurs français, relevant que la France est d'ailleurs le premier investisseur en Algérie et cela concerne la plupart des secteurs de l'économie algérienne. Selon lui, cette dynamique est également visible par des projets de partenariat structurants pour le développement de l'économie algérienne et par le développement de relations de confiance entre opérateurs français et algériens, indispensables à la réalisation de projets visant l'excellence et leur insertion dans une approche de long terme. Mais, il a ajouté que, «tout est encore à faire bien sûr. Il convient d'accélérer cette phase de transition d'un mode relationnel à l'autre», a-t-il expliqué, soulignant que «les gigantesques mutations scientifiques et industrielles qui sont à l'œuvre et la mondialisation nous apprennent au moins une chose : on gagne mieux ensemble que chacun dans son coin». Dans ce sillage, l'économiste et essayiste a affirmé qu'à travers ses nombreuses rencontres avec les opérateurs algériens, que les acteurs algériens, dans leur grande diversité, sont demandeurs de travailler avec des opérateurs français, notant que «tous les secteurs de l'économie sont concernés, allant de l'industrie manufacturière et l'agriculture, en passant par les transports ferroviaires et les énergies renouvelables, aux loisirs et au tourisme». Toutefois, il a indiqué que «les attentes des chefs d'entreprise, notamment des PME et PMI, sont très fortes tout particulièrement dans le domaine de la montée en compétence des salariés, de leurs qualifications, de la maîtrise des métiers traditionnels comme des nouveaux métiers». Concernant les entreprises françaises qui sont présentes dans les autres pays du Maghreb et pas très en Algérie, le responsable français a reconnu que le retard par rapport aux voisins de l'Algérie est important en matière d'investissements directs étrangers (IDE) se basant sur des données de la Cnuced sur l'évolution du stock d'IDE dans les pays d'Afrique du Nord, entre 2009 et 2014, soulignant qu'«un stock de 17 milliards de dollars en 2009 pour l'Algérie qui passe à 26,7 milliards en 2014, au Maroc, durant la même période de 42,5 à 52 milliards, en Tunisie pays dont la population est quatre fois inférieure à celle de l'Algérie, le stock d'IDE qui n'a pas varié est de, grosso modo, 32 milliards , quant à l'Egypte il est passé toujours durant la même période de 67 à 88 milliards». Mettre le paquet sur les IDE permettra de faire monter son économie en qualité Le même responsable a estimé que «l'Algérie a, bien entendu, tout à fait raison de mettre le paquet sur les IDE, en particulier via des projets de co-production, ceux-ci peuvent lui permettre de faire monter son économie en qualité, en compétence, en innovation, en niveau technologique et organisationnel». «Et là, les opérateurs français doivent répondre présent». Il n'a pas manqué d'afficher son optimisme, dans ce contexte, en affirmant que «les choses changent, tout cela est encore peu visible, mais ces mouvements sont à l'œuvre». Concernant la règle 51/49, à laquelle il ne veut pas porter de jugement, Jean-Louis Levet pense néanmoins que cette règle n'a pas été perçue, du côté des entreprises françaises, comme un élément incitatif à une présence productive en Algérie. «Maintenant en échangeant, en réalisant avec nos amis algériens, tant du secteur public que du secteur privé, des projets de partenariat via la création de joint-ventures 51/49, les entreprises françaises intéressées à s'implanter en Algérie comprennent l'intérêt qu'il peut y avoir un partenaire algérien solide dans une société commune qui apportera notamment sa fine connaissance de l'environnement des affaires, du marché algérien, des opportunités possibles de développement et ce, de façon durable», a-t-il expliqué. «La situation économique mondiale où l'incertitude ne cesse de croître, constitue pour les deux pays un facteur qui devrait encourager les entreprises à travailler davantage ensemble», a-t-il noté.