Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, le directeur général de la Société de Gestion de la Bourse des Valeurs (SGBV, Bourse d'Alger), Yazid Benmouhoub, a expliqué la frilosité des sociétés privées à intégrer la Bourse d'Alger, par des réticences liées à la fois au fait que l'Etat ne met pas ses entreprises sur le marché et à la crainte des patrons, en ouvrant le capital, de perdre le contrôle de leur affaire qui reste familiale. Yazid Benmouhoub tient à rassurer en affirmant que le fait pour eux d'aller en bourse ne les expose nullement à des risques de perte de leur société. Il y a en plus l'exigence de la transparence dictée par le règlement du 20 janvier 2000. En effet, les sociétés dont les valeurs sont cotées en bourse sont tenues de déposer à la COSOB (Commission des opérations boursières) et à la SGBV des informations périodiques et permanentes, et de les publier par voie de presse. Les informations concernent les états financiers annuels et semestriels ainsi que l'opinion du ou des commissaire(s) aux comptes sur la sincérité et la régularité desdits états. En outre, les informations permanentes concernent toute information importante ou événement affectant l'activité ou la situation financière de la société. Créée en 1997, la Bourse d'Alger peine à attirer les investisseurs. Aujourd'hui, seules cinq entreprises sont cotées sur le marché de titres de capitaux (deux du secteur public et trois du secteur privé). Le DG de la SGVB impute également cette frilosité à l'absence d'une «culture boursière» et aux facilités d'accès des sociétés à des financements bonifiés auprès des banques, une situation, dit-il, qui pourrait très vite changer, en raison du contexte actuel. Il reconnaît qu'il y a aussi un déficit d'information auprès des agents économiques, afin de les inciter à rejoindre son organisme. Pour amener plus d'entreprises à intégrer la bourse, il plaide pour un changement du modèle de financement dont elles bénéficient de la part des organismes financiers et du budget de l'Etat, afin, explique-t-il qu'elles assurent désormais celui-ci par le biais du marché. Il annonce que le Conseil des participations de l'Etat (CPE) vient de lister huit sociétés publiques aptes à intégrer la Bourse d'Alger,. Il y a un début de mise en œuvre de cette résolution du CPE concernant les opérations d'ouverture de capital des huit entreprises publiques, dont la première, la cimenterie d'Aïn El-Kebira, devrait le faire incessamment. Le secteur privé a également choisi la Bourse pour assurer le financement de sa croissance à l'image de Biopharm Spa. La COSOB a apposé son visa sur la notice d'information relative à l'introduction en Bourse de la société Biopharm spa par offre publique de vente d'actions. Pour Biopharm, cela signifie, d'après lui, une meilleure ouverture sur le marché international et les portes de l'exportation. Il rappelle que le secteur privé vient à la Bourse pour l'ouverture du capital ou pour l'emprunt obligataire. Il signale qu'en coopération avec les chambres de commerce et des organisations patronales, son institution s'est mis à organiser des rencontres avec les chefs d'entreprises pour leur expliquer tout l'intérêt à être cotés en bourse et les divers avantages qu'ils peuvent en tirer. Parmi ces avantages, il met, tour à tour, en avant la défiscalisation «totale» des dividendes et les intérêts pouvant être tirés des cotations en Bourse, mais aussi une réduction d'impôts sur le bénéfice des sociétés qui adhèrent à la Bourse.