Le groupe de musique «Manuel Hermia-M'Kachiche Quartet», une fusion prolifique aux influences multiples, a animé mardi soir à Alger un concert dans des modes et gammes algériennes mêlés aux dissonances harmoniques du Jazz. Devant le public de la salle Ibn Khaldoun, venu en nombre apprécier le produit de cette rencontre inédite présente sous les couleurs de la Belgique/ Wallonie-Bruxelles, le 17e Festival culturel européen en Algérie aura marqué un de ses moments phares, depuis son ouverture, le 9 mai dernier. Dans un concert de haute facture, riches en couleurs présenté sous le thème «Le murmure de l'Orient», un dialogue des cultures, s'est installé, 70 mn durant, à travers un brassage des styles concluant, empreint de quintessence. Les pièces Kenza, Bahdja, The Cycle, Desert, Passerelles («Bit Ou Siah») thème et improvisation) et Rencontre (aux gammes pentatoniques) ont été rendues dans des modes essentiellement algériens, dont le Hidjaz, Zidène, Nekriz, Moual, Raml el Maya, Sehli, Sika et Rasd. Sur des mesures composées du terroir algérien soumises avec professionnalisme aux influences ternaires du Jazz, le Quartet a aligné les cadences chaouies, Nçraf, Tergui, Berouali et Zendali, entre autres rythmes du patrimoine. Manuel Hermia, saxophoniste et flûtiste belge, au talent mondialement reconnu, a parfaitement intégré l'univers magique du Maghreb et du Sahara algérien, étalant avec aisance les notes envoûtantes de son bansuri (flûte nord-indienne), sur des thèmes aux modes et aux rythmes du terroir.Kheireddine M'Kachiche, violoniste virtuose, frottant son archet et le faisant vibrer avec génie, a tenu à afficher d'abord son charisme artistique par le maintien de son instrument en posture verticale, posé sur son genou, à la manière traditionnelle. Fort d'une grande expérience acquise avec des orchestres andalous et de variétés occidentales nationaux et internationaux, le «kamendji» algérien, encore sollicité par des musiciens de renom, a su s'ouvrir aux musiques du monde, notamment le Jazz, tout en gardant une âme autochtone. Le Quartet est brillamment complété par deux autres Algériens, aussi époustouflants que leurs «invitants» : Azzeddine Kendour au clavier, à la grande maîtrise de son instrument, assurant les parties basse, harmonisation et solos, ainsi que Nazim Ziad à la batterie, percutant et plein de musicalité. Avant le spectacle, l'heure était à la sémantique des mots avec la présentation par le Collectif «Fabrique à lecteurs», d'extraits de trois ouvrages : «La bascule du souffle» d'Herta Muller, «Halabile» (en Arabe classique) de Samir Kacimi et «Ciel égal» (nouvelles) d'Aghota Kristof. Placé sous le thème «Les couleurs de l'Europe», le 17 e Festival culturel européen en Algérie se poursuit jusqu'au 21 mai à Alger, Annaba, Béjaïa, Oran et Tizi-Ouzou. Des masters class dirigés par Manuel Hermia au Conservatoire de la Commune de Kouba et un concert à la salle Ibn Khaldoun à Alger, préparé par la troupe «Dagadana Folklore Fusion» de Pologne marqueront le programme du festival de la journée du mercredi.