Incontestablement Taoufik Makhloufi restera encore pour longtemps la référence de l'athlétisme africain. Il le prouve à chacune de ses participations. Ces JO le confirment. Dans la nuit du samedi à dimanche, il marque de son nom sa qualification pour la finale du 800 m, et ce à l'issue d'une course parfaitement gérée. Ce champion olympique du 1 500 m à Londres a terminé à la deuxième place, derrière le Français Pierre-Ambroise Bosse. Les deux hommes ont réalisé le même chrono 1'43''85, soit le meilleur temps des qualifications. Certes, ce n'est pas le cas pour nos deux autres athlètes Yassine Hathat et Amine Belferar qui n'ont pu franchir ce tour mais ils ont honoré le pays par leur comportement et leur engagement. L'athlétisme, en Algérien, à longtemps suscité des commentaires et des analyses assez pointus. Elle n'est pas la seule discipline qui suscite des réactions. Selon les experts de ce monde sportif, il est temps de laisser la parole aux intéressés, en l'occurrence aux sportifs, eux seuls peuvent s'exprimer et dire ce qui les freine et ce qui les encourage. Trop de défaites, trop de déceptions, des regrets qui positionnent à chaque compétition internationale, nos représentants souvent au bas des classements. Pire encore, la non qualification de nos handballeurs, volleyeurs, basketteurs ainsi que leur absence sur une marche du podium résumerait, selon quelques experts le malaise qui existerait au seins des fédérations sportifs. L'histoire ne s'efface pas, elle évoque aujourd'hui, les grandes stars algériennes, Boulemerka, Morsli, Merrah qui reflètent le physionomie de notre sport. Makhloufi disait en 2014 au micro de la chaîne télé el Hadaf «nous pouvons réaliser des chronos qui honoreraient notre athlétisme, nous sommes capables de faire reculer les champions d'aujourd'hui, il nous faut des moyens et une écoute professionnelle. L'Algérie était et devrait l'être encore le porte-flambeau de l'Afrique. L'Ethiopie commença début 60 alors à pointer quelque peu du nez avant de bousculer les calendriers et de balayer les chronos pour être le pays qui défie les grandes stars d'athlétisme et pour ravir, parfois, la plus haute marche du podium grâce au phénoménal Khalid Skah ou l'opiniâtre Salah Hissou. C'était dans les années 1960. Aujourd'hui, ce pays continue d'étonner et de surprendre. En 1970, le Kenya fit irruption sur la scène internationale pour installer les athlètes des Hauts-Plateaux sur le toit du monde. L'Algérie a tout pour être sur la plus haute marche des podiums. Faut croire que ces JO peuvent être la véritable sonnette d'alarme, qui permettra une refonte de nos disciplines pour faire retentir sur les stades du monde notre hymne national, reprendre le chemin des podiums, afin que nos athlètes brillent dans toutes les courses de fond, dans les épreuves de sprint, les lancers et les sauts, boxe, hand, volley, voile... Les JO ou autre compétitions restent des laboratoires où naissent de grandes idées. Hier encore, juste à côté de Makhloufi, il y avait Hathat qui a décroché la troisième place de sa série (1'44''81), insuffisant néanmoins pour passer au temps, sachant que seuls les deux premiers sont qualifiés directement. Belferar, quant à lui, a fini sa course à la 7e place. Dans le judo, il ne restait que deux athlètes pour la participation algérienne engagés, hier, à l'occasion de la dernière journée, ils n'ont rien pu faire, éliminés dès les premiers tours. «Seule Algérienne à être engagée dans les épreuves de judo, Sonia Asselah (+78 kg), qui a fait son entrée en lice directement en 8es de finale, elle n'est pas allée au bout des deux minutes sur le tatami de la salle Carioca Arena 3 de Rio de Janeiro, à la cité olympique de Barra di Tijuca, face à la Chinoise et championne du monde en titre Yu Song. Il a suffi de 1'42'' pour la Chinoise pour écarter l'Algérienne par ippon. Idem pour Tayeb Mohamed Amine dans la catégorie des plus de 100 kg. Que des éliminations mais pas de podiums. Il est temps de poser l'éternelle question : que se passe-t-il ? Que se passe-t-il lorsque nos représentants quittent la scène de ces JO-2016, à l'image de Tayeb Amine d'Ilyas Bouyacoub, Abderrahmane Benamadi et Houd Zourdani, pour ne citer que ces noms. Le plus douloureux pour un athlète, ce n'est pas nécessairement d'échouer au pied du podium, car on peut toujours tomber sur meilleur que soi. Le plus douloureux est sûrement de se dire que l'on n'a pas tout fait pour être au niveau. Que l'on était trop stressé ou pas assez concentré le jour J. Alors de là à dire que ne pas s'entraîner mentalement est une faute professionnelle, il n'y a qu'un pas.