Face à une croissance mondiale modérée, une surproduction de l'offre par rapport à la demande, de nouvelles mutations mondiales et un nouveau modèle de consommation énergétique rendu possible grâce aux importants progrès techniques avec un nouveau pouvoir énergétique mondial qui se dessine, les pays du Maghreb devraient réfléchir à la transition énergétique. Afin d'assurer la couverture des besoins sociaux de leurs peuples, les pays du Maghreb doivent se mettre à la nécessaire transition énergétique. Elle peut être définie comme le passage d'une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante et peu chère à une civilisation où l'énergie est renouvelable, rare, chère et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire, biomasse). Aussi s'agit-il de cerner le concept de transition énergétique impliquant de bien répondre à six questions essentielles. Premièrement, le développement actuel de l'extraction d'énergies fossiles dites «non conventionnelles», telles que les gaz de schiste ou le pétrole off-shore profond, peut repousser le pic, sans pour autant modifier le caractère épuisable de ces ressources. Deuxièmement, si l'humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes, d'où l'urgence d'une adaptation pour un nouveau modèle de consommation. Le socle social comme déterminant Troisièmement, la transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, autant que la fiscalité énergétique influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la répartition du revenu par catégories socioprofessionnelles. ). Il ne suffit pas de faire une loi, car le déterminant c'est le socle social. Cela pose la problématique d'un nouveau modèle de croissance : tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés : transport, BTPH, industries, agriculture. Les choix techniques d'aujourd'hui engagent la société sur le long terme. Quatrièmement, la transition énergétique implique la sobriété énergique (efficacité énergétique), la maîtrise de la demande, la sensibilisation, mais aussi la formation pour forger de nouveaux comportements et donc un changement de culture. C'est-à-dire qu'il faut de nouveaux réseaux, un nouveau système de financement par de nouvelles politiques publiques, agir sur la réduction des besoins énergétiques en amont en augmentant l'efficacité des équipements et de leurs usages (par exemple nouveaux procédés pour le BTPH- transport pour des économies en énergie, plus de 70% de la consommation d'énergie) passant par la rénovation des bâtiments existants et un nouveau mode de transport. Cinquièmement, cela renvoie à une politique de mix énergétique qui nécessitera d'adapter le réseau électrique aux nouveaux usages, supposant un nouveau réseau de distribution adapté aux nouvelles productions et de consommations pour garantir la continuité de la fourniture et au meilleur prix. Sixièmement, la transition énergétique suppose un consensus social, et les remous sociaux de Ain Salah en sont les témoins, l'acceptabilité des citoyens, pour la protection de l'environnement des coûts de l'énergie, devant être profitable aux générations futures, car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien ça coûte, combien ça rapporte et qui en seront les bénéficiaires? Aussi la transition énergétique est un processus long éminemment politique qui devrait être traité loin de toute polémique politique, en étant constructif et non partisan, impliquant un nouveau modèle de consommation énergétique évolutif: le téléphone portable qui concernera des milliards d'individus au niveau de la planète supposant une recharge pour l'électricité. D'autres besoins nouveaux pourront apparaître au fil des décennies, l'objectif stratégique étant d'éviter la précarité énergétique de la majorité des populations. Un nouveau pouvoir mondial énergétique à l'horizon 2030 D'une manière générale, l'énergie qui est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité peut provoquer des guerres. Les avancées techniques (GNL-gaz naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d'exploitation de gisements d'hydrocarbures), couplées aux dynamiques économiques, modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux. Il faut être réaliste, on peut découvrir des milliers de gisements non rentables financièrement au vu du prix international, du coût et des pays concurrents. Par ailleurs, il s'agit d'éviter une vision unilatérale, car les fossiles classiques demeureront encore pour longtemps la principale source d'énergie. Il ne faut pas être pessimiste, il s'agit de faire confiance au génie humain. Le passage de l'ère du charbon à l'ère des hydrocarbures ce n'est pas parce qu'il n'y avait plus de charbon, et demain d'autres sources d'énergie. Cela est dû aux nouveaux procédés technologiques qui produisent à grande échelle et qui ont permis de réduire les coûts, ce que les économistes appellent les économies d'échelle influant d'ailleurs sur la recomposition du pouvoir économique mondial et sur les gouvernances locales et mondiales. Pour le Maghreb, il y a une problématique de la sécurité énergétique et de l'urgence d'une transition énergétique raisonnable et maîtrisée s'insérant dans le cadre global d'une transition socio-économique. Il y a urgence de mettre en place le futur modèle de consommation énergétique, passant par un dialogue social, et de lever toutes les contraintes bureaucratiques d'environnement qui freinent l'expansion de l'entreprise créatrice de valeur ajoutée et son fondement l'économie de la connaissance. Source site international : www.lesafriques.com