Aux premières heures de la journée de mercredi, la triste nouvelle s'est répandue à la vitesse de l'éclair sur le sol du vaste Sersou. A une heure tardive, la veille, Hadj Rachid Kraba, a rendu l'âme après une longue maladie. L'aîné des Kraba était à la fois un militant écologiste, moudjahid de la première heure, un encadreur auteur de plusieurs manifestations et volontariats et surtout un amoureux de la nature qui a formé plusieurs générations de jeunes recrutés au sein de la Conservation des forêts depuis l'indépendance. Hadj Rachid, né en 1937 à Tiaret, quitte ce bas monde le jour qui marque le 55e anniversaire de la journée du 17 octobre. Le doyen des maires de Tiaret était un militant de premier rang et une figure de proue de la Révolution algérienne renommé Hizeb, il rejoint le maquis sur les monts de Sebdou avec les frères Benamar, Habiri, Belkhodja et autres. Une retraite bien consommée au milieu de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants avec des enregistrements (témoignages) de leur arrière-grand-père effectués à son insu comme une leçon de patriotisme pour leur Algérie libre d'aujourd'hui. Résidant au quartier populeux Karman, à quelques encablures de Tiaret-Ville, épuisé et diminué sur le plan santé pour tout ce qu'il avait enduré, il passe les derniers moments de sa vie, se remémorant un passé révolutionnaire, puis professionnel digne des services rendus de la part de grands hommes de ce pays. L'homme à la chéchia et la gandoura en soie n'a pas besoin de présenter un document administratif pour prouver sa qualité de moudjahid. Il garde toujours en mémoire des souvenirs et des noms de nos valeureux martyrs. Après l'indépendance, il est nommé chef de district des forestiers, dans la wilaya de Tiaret et reste durant son carrière. La légende vivante des monts de la région de Tiaret qui connaît les vastes forêts comme sa poche. Sa femme Hadja Zohra Khodja, la fille d'Ouled Cherif, et ses enfants, gardent la sacoche des archives, leur joie et la fierté étaient de voir les photos qui parlent du parcours de l'homme en tenue verte manifester durant cette date historique le 5 juillet. Pour revenir à son parcours en 1974, il rafle toutes les voix lors des élections locales avec un taux de 100 % et s'installe sur le fauteuil de l'hôtel mais vint un jour il quitte les couloirs avec la tête haute. Trente mois après Hadj Rachid, l'ex-wali Belhadj et Ghalli (procureur de la République ) quittent leurs bureaux suite à une décision du président Houari Boumèdiene. Lors de l'enterrement de Si Slimane (Kaïd Ahmed) Habitant tous ensemble une bâtisse dans un «haouch», hadj Rachid Kraba part à la retraite en 1997 et depuis cette date, il préfère un autre créneau, la coordination des anciens moudjahidine de la région. L'enfant de Hai Lombard quitte ce bas monde laissant derrière lui, une sacoche contenant les archives de son parcours et une pièce genre d'un musée.