Les nouvelles technologies de l'information et de la communication, un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger de l'information, plus spécifiquement des données numérisées qui regroupent les innovations réalisées en matière de volume de stockage et de rapidité du traitement de l'information ainsi que son transport grâce au numérique et aux nouveaux moyens de télécommunication, ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l'innovation permanente. Politiques, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd'hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel. L'indice Networked Readiness Index, qui a permis au World Economic Forum d'établir son classement de 144 pays, permet d'évaluer l'impact des TIC sur l'économie et la compétitivité de chaque pays. Networked Readiness Index (NRI), qui évalue la disponibilité de 144 pays à exploiter les TIC en termes notamment de croissance, de compétitivité, ainsi que de la prospérité de leurs citoyens. Pour le mesurer, l'indice NRI calcule l'aptitude d'un pays à exploiter pleinement les TIC en termes respectivement d'infrastructures des TIC, du coût d'accès et de disponibilité des compétences requises pour un usage optimal, de l'utilisation des TIC par les gouvernements et le milieu des affaires, du contexte économique et du climat pour l'innovation, du cadre politique et réglementaire, et de l'impact économique et social des TIC. Pour chacun de ces paramètres, le rapport a également élaboré un classement pour l'ensemble des pays. Le rapport explique que l'Algérie continue à afficher un faible effet de levier des TIC, avec l'un des impacts les plus faibles mondialement sur le plan économique (143e place mondiale pour ce critère) et social (141e). Il souligne également qu'une mauvaise infrastructure des TIC (119e), combinée à une faible base de compétences (101e), se traduit par des niveaux très faibles d'utilisation des TIC (140e). Le rapport précise que l'Algérie se classe respectivement à la 100e place sur la base du critère de l'usage individuel des TIC, au 144e rang dans leur usage dans le domaine des affaires, et pointe à la 139e position dans leur utilisation dans la sphère institutionnelle et gouvernementale. En outre, il considère que « les graves déficiences dans le cadre réglementaire (141e) et les insuffisances dans l'environnement des affaires et de l'innovation (143e) entravent les capacités positives qui découlent des TIC. Par ailleurs, il est constaté qu'à l'échelle arabe, l'Algérie se classe à l'avant-dernière place, suivie de la Libye. Par ailleurs, une étude menée récemment par le bureau d'études Research and Markets indique que le nombre d'abonnés algériens à l'Internet devrait enregistrer une croissance estimée à 12,8% durant les cinq prochaines années. Le taux de pénétration restera faible, soit 3,2% en 2013 contre 2,2% actuellement. L'étude estime le taux de pénétration en matière de haut débit à 1,9% seulement, précisant que le nombre d'abonnés n'excède pas 1,3 million de personnes pour un marché qui dépasse les 37 millions d'individus en 2013. Au sein des entreprises algériennes, « la culture d'informatisation traîne et il existe un réel problème de communication en Algérie. Malgré l'accès limité au haut débit fixe et mobil, une enquête de 2014 classe l'Algérie à la 41e place avec 4,3 millions d'utilisateurs de Facebook ». Les hommes en représentent 67% contre 33% de femmes et environ 90% des utilisateurs de ce réseau social ont moins de 35 ans. Une étude algérienne montre que seulement 15% des PME algériennes sur les 321 000 recensées utilisent les technologies de l'information et la communication (TIC) dans leurs activités selon l'Agence nationale de développement des PME (ANDPME). Quelles en sont les raisons ? Cela est lié à la situation socio- économique globale, avec la panne de la réforme globale, où l'Algérie est une économie foncièrement rentière exportant directement et indirectement 98% d'hydrocarbures et important la majorité des équipements et matières premières des entreprises publiques et privées et également des besoins des ménages (environ 70%). Le savoir est dévalorisé pour preuve, entre 2002 et 2015, le poste services au niveau de la balance des paiements est passée de 2 milliards de dollars à 10/ 12 milliards de dollars assistant paradoxalement à l'exode de cerveaux et importation de la compétence étrangère. Une autre étude de l'INSEAD effectuée fin 2012, a abouti à la conclusion que l'algérien est très peu productif en comparaison aux autres nations. En effet, selon les résultats de cette enquête, l'Algérien produit à peine 6,2 dollars en une heure de travail alors qu'un Sud- Coréen en produit 38 et un allemand 62. Or l'Algérien n'est pas improductif, comme le montre ses réussites à l'étranger. C'est le mode de gouvernance qui a anesthésié, par la distribution passive de la rente, et la corruption socialisée, la majorité de la population active, reflet de la crise de confiance - Etat-citoyens - ne pouvant que conduire le pays au suicide collectif. Le retard dans les TIC n'est qu'un aspect édifiant de cette situation. NB1- Un intéressant rapport élaboré pour le gouvernement français en 2010 des professeurs et directeur de recherche au CNRS de Paris, Nicolas Curien et d'Alain Muet et Eric Cohen en référence sur la nouvelle économie permet de poser les enjeux. Si la nouvelle économie se résumait au développement du commerce de biens et services sur Internet, il s'agirait là d'un phénomène certes important pour l'avenir, mais dont les conséquences demeureraient assez circonscrites. Or, les changements organisationnels qu'entraîne la diffusion des technologies de l'information portent en réalité vers tous les secteurs de l'ancienne économie », et ce sont ces changements qui induisent une nouvelle révolution industrielle. Comme les précédentes, celle-ci résulte de la combinaison de plusieurs facteurs et se manifeste sous plusieurs dimensions, notamment : l'avènement de « l'entreprise-réseau », l'autonomisation du travail, le rôle moteur des marchés financiers dans la dynamique industrielle et les processus d'innovation, la transformation profonde de la gestion des savoirs et la montée en puissance d'une économie de la connaissance, alors qu'à l'ère industrielle, les travailleurs des industries taylorisées ne devenaient opérationnels qu'en étant « dépouillés des savoirs, des habiletés et des habitudes développés par la culture du quotidien. Egalement un changement important sur le rôle des marchés financiers. Le développement de la nouvelle économie entraîne également une mutation importante du fonctionnement des marchés financiers. La déréglementation des marchés, amorcée aux Etats-Unis dans les années 80, a ouvert à la concurrence des secteurs initialement occupés par des quasi-monopoles. A cette déréglementation, s'est ajoutée une profonde modification des modes de financement des entreprises qui a conduit, en l'espace de quelques années, d'une économie de l'intermédiation financière dominée par le crédit à une économie de marchés financiers. Un impact sur les politiques gouvernementales avec la prise de conscience des enjeux de la société de l'information qui a conduit la plupart des gouvernements à mettre en œuvre des programmes d'action portant sur le développement des infrastructures, l'administration électronique, la formation et l'éducation, la lutte contre la fracture numérique et enfin sur la régulation et les enjeux internationaux. Les incidences sont planétaires. Les mutations que connaît l'économie mondiale ont leur équivalent dans le domaine de l'information et de la communication. Où en est exactement l'Algérie par rapport à l'international. (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international