1-L'Algérie est toujours à la traine concernant le développement des TIC et ce selon les différents classements effectués par les organismes internationaux. pourquoi ce retard à votre avis? La connexion Internet est trop lente et l'Algérie n'a pas réussi à rattraper son retard cette année en matière de Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), au contraire, elle est même en recul dans le classement mondial établi par le World Economic Forum sur le développement de ces technologies.En 2013, l'Algérie est classée 131e alors qu'elle s'était hissée en 2012 à la 118e place. Le Global Information Technology Report 2013 publié mercredi, a permis de présenter un panorama des pays et de leur utilisation des TIC. L'indice « Networked Readiness Index », qui a permis au World Economic Forum d'établir son classement de 144 pays, permet d'évaluer l'impact des TIC sur l'économie et la compétitivité de chaque pays. Elaboré son classement en fonction de l'indice Networked Readiness Index (NRI), qui évalue la disponibilité de 144 pays à exploiter les TIC en termes notamment de croissance, de compétitivité, ainsi que de la prospérité de leurs citoyens. L'Algérie fait partie des pays dont l'indice au plus bas Elle chute donc à la 131e place, soit l'avant-dernière place de tout le monde arabe. Le rapport explique que l'Algérie continue à afficher un faible effet de levier des TIC, avec l'un des impacts les plus faibles mondialement sur le plan économique (143e place mondiale pour ce critère) et social (141e). Il souligne également qu'une mauvaise infrastructure des TIC (119e), combinée à une faible base de compétences (101e), se traduit par des niveaux très faibles d'utilisation des TIC (140e). Le rapport précise que l'Algérie se classe respectivement à la 100e place sur la base du critère de l'usage individuel des TIC, au 144e rang dans leur usage dans le domaine des affaires, et pointe à la 139e position dans leur utilisation dans la sphère institutionnelle et gouvernementale. En outre, il considère que « les graves déficiences dans le cadre réglementaire (141e) et les insuffisances dans l'environnement des affaires et de l'innovation (143e) entravent les capacités positives qui découlent des TIC. Par ailleurs, il est constaté qu'à l'échelle arabe, l'Algérie se classe à l'avant-dernière place, suivie de la Libye. Par ailleurs, une étude menée récemment par le bureau d'études Research and Markets indique que le nombre d'abonnés algériens à l'internet devrait enregistrer une croissance estimée à 12,8% durant les cinq prochaines années. Le taux de pénétration restera faible, soit 3,2% en 2013 contre 2,2% actuellement. L'étude estime le taux de pénétration en matière de haut débit à 1,9% seulement, précisant que le nombre d'abonnés n'excède pas 1,3 million de personnes pour un marché qui dépasse les 37 millions d'habitants en 2013. Au sein des entreprises algériennes, « la culture d'informatisation traîne et il existe un réel problème de communication en Algérie. Une étude menée en 2011 montre que seulement 15% des PME algériennes sur les 321.000 recensées utilisent les technologies de l'information et la communication (TIC) dans leurs activités selon l'Agence nationale de développement des PME (ANDPME).
2.-Quelles sont les raisons de ce classement régressif ?
Après 50 années d'indépendance politique l'Algérie de 2013 est toujours une économie rentière. Le classement précédent est donc lié à la situation socio économique globale, la panne de la réforme globale. L'Algérie exporte 98% d'hydrocarbures et important la majorité des équipements et matières premières des entreprises publiques et privées et également des besoins des ménages (environ 70%). Le savoir est dévalorisé pour preuve, pour preuve, entre 2002 et 2012, le poste services au niveau de la balance des paiements est passé de 2 milliards de dollars à plus de 12 milliards de dollars assistant paradoxalement à l'exode de cerveaux et importation de la compétence étrangère. Une étude de l'INSEAD effectuée fin 2012, a abouti à la conclusion que l'algérien est très peu productif en comparaison aux autres nations. En effet, selon les résultats de cette enquête, l'algérien produit à peine 6,2 dollars en une heure de travail alors qu'un sud coréen 38 et un allemand 62. L'Algérie en 2013 importe presque tout. Or l'Algérien n'est pas improductif, comme le montre ses réussites à l'étranger. C'est le mode de gouvernance qui a anesthésié, par la distribution passive de la rente, et la corruption socialisée la majorité de la population active, reflet de la crise de confiance Etat-citoyens- ne pouvant que conduire le pays au suicide collectif. Le retard dans les TIC n'est qu'un aspect édifiant de cette situation. 3-Le lancement sur le marché de la licence 3G, gelé depuis octobre 2011, aura lieu au cours du premier trimestre 2013, selon le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi. Est-ce que c'est possible ? Certains experts proposent de passer directement à la 4G, qu'en pensez-vous? En Algérie, certains responsables vivant encore à l'ère du parti unique, ne tiennent pas compte du temps surtout pour ces technologies qui évoluent très rapidement où nous assistons à une déconnexion par rapport aux nouvelles mutations. Pour preuve vouloir créer un quasi monopole étatique qui sera source de surcoût et d'inefficience en voulant racheter Djeezy à un prix exorbitant alors que l'opérateur public en place Mobilis peine à décoller. Pour preuve, les trois chaines de télévision publiques sont des copies conformes avec un gaspillage d'argent et des débats lassants animés soit par les responsables politiques et économiques proches du pouvoir soit par des intellectuels organiques (aux ordres) selon l'expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci mais sans aucun impact ni au niveau interne ni au niveau international . Or les Algériens, se détournant e plus en plus des versions officielles sont désormais parabolés et branchés sur Internet Chaque jour, de nouvelles avancées technologiques rendent plus obsolètes les progrès antérieurs. D'où les enjeux – en termes d'opportunités mais aussi de risques de marginalisation de l'Algérie– que représentent les NTIC pour la croissance et le développement social. . En Algérie, il faudrait penser au 4G et non plus au 3G largement dépassé afin de réaliser le saut technologique car les compétences existent. Ce retard est dû en partie aussi au problème des mentalités et des attitudes négatives qui entravent la réalisation de projets novateurs et très intéressants, que proposent des spécialistes. 4-Le retard est dû à l'opération de cession de l'opérateur Djezzy, qui est en cours. Est-ce que vous partagez cet avis? Comme précisé précédemment, l'explication essentielle est qu'il n‘ y a pas de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique socio-économique globale et ce depuis des années, et avec une dépense publique de 500 milliards de dollars entre 2004/2013 avec un taux de croissance dérisoire, dépensant sans compter ( mauvaise gestion, corruption socialisée) ne dépassant pas en moyenne 3% alors qu'il aurait du être de 10/15% expliquant les tensions sociales actuelles. Les réformes structurelles sont gelées et ce retard rente ans ce cadre. Je précise que la filiale algérienne d'OTA a été rachetée par le russe Vimpelcom. Par ailleurs, le Ministre incombe le retard au Ministre des Finances. Or le dossier Djeezy est géré de la manière la plus opaque et sa gestion échappe certainement tant au Ministère des finances qu'à son département ministériel. Le même ministre estime que le succès du lancement de la 3G passe par l'extension de la fibre optique à travers le pays qui n'en est qu'à ses débuts. Personnellement comme le commun des Algériens nous sommes perdus dans les déclarations les plus contradictoires entre plusieurs responsables du gouvernement où chacun semble avoir sa version, d'autant plus qu'existe un conflit entre le Ministre et l'organe de régulation obscurcit encore )plus le dossier. Il semble bien que n'existe pas un seul pilote à bord pour ce dossier cachant des luttes d'intérêts. 5-Quelles perspectives pour l'Algérie face à cette nouvelle révolution planétaire ? Il s'agit fondamentalement pour Algérie de s'adapter à ces nouvelles mutations d'autant plus qu'à l'horizon 2025/2030 elle sera importatrice d'hydrocarbures traditionnels avec une population d'environ 50 millions d'habitants. Il y va de la sécurité nationale. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication- NTIC- ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l'innovation permanente. Politiques, ménages ou entrepreneurs, nous vivons tous aujourd'hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre décisions au temps réel. La maitrise du temps étant le défi le principal siècle, en ce XXIème, toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Les changements organisationnels qu'entraîne la diffusion des technologies de l'information portent en réalité vers tous les secteurs de l'ancienne économie et ce sont ces changements qui induisent une nouvelle révolution industrielle. Celle-ci résulte de la combinaison de plusieurs facteurs et se manifeste sous plusieurs dimensions, notamment : l'avènement de « l'entreprise-réseau », l'autonomisation du travail, le rôle moteur des marchés financiers dans la dynamique industrielle et les processus d'innovation, la transformation profonde de la gestion des savoirs et la montée en puissance d'une économie de la connaissance, alors qu'à l'ère industrielle, les travailleurs des industries taylorisées ne devenaient opérationnels qu'en étant « dépouillés des savoirs, des habiletés et des habitudes développés par la culture du quotidien. Le développement de la nouvelle économie entraîne également une mutation importante du fonctionnement des marchés financiers. La déréglementation des marchés, amorcée aux Etats Unis dans les années quatre vingt, a ouvert à la concurrence des secteurs initialement occupés par des quasi-monopoles. A cette déréglementation, s'est ajoutée une profonde modification des modes de financement des entreprises qui a conduit, en l'espace de quelques années, d'une économie de l'intermédiation financière dominée par le crédit à une économie de marchés financiers. Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique. Enfin les TIC ont un impact dans de nombreux autres domaines comme les loisirs, la culture, la santé, la gestion du temps, les comportements en société. L'avènement d'Internet et le développement formidable qu'il connaît depuis quelques années ont pratiquement mis en demeure l'entreprise – de quelque importance qu'elle soit – de s'adapter et d'en faire l'usage le plus judicieux et le plus productif. La compétitivité l'obligeant à obtenir ou à donner l'information en temps réel, l'entreprise va en effet investir la Toile et recourir à l'électronique pour faire face à la concurrence et développer ses activités. Enfin un impact sur la sécurité des Nations et sur les politiques gouvernementales avec la prise de conscience des enjeux de la société de l'information qui a conduit la plupart des gouvernements à mettre en œuvre des programmes d'action portant sur le développement des infrastructures, l'administration électronique, la formation et l'éducation, la lutte contre la fracture numérique et enfin sur la régulation et les enjeux internationaux. Les incidences sont planétaires. Les mutations que connaît l'économie mondiale ont leur équivalent dans le domaine de l'information et de la communication. Le retard pris par l'Algérie dans ce domaine est donc inquiétant. .