Le Président républicain élu, Donald Trump, a infléchi sa position sur quelques promesses électorales radicales en adoptant un ton plus conciliant, alors qu'il s'apprêtait à constituer son administration quatre jours après sa victoire à la présidentielle américaine. Trump, qui fait face à des mouvements de contestation, organisés dans quelques villes américaines, a suggéré que certaines de ses propositions électorales pouvaient être revues. Le Président élu avait construit son message de campagne électorale autour de trois propositions populistes pour attirer les fervents partisans républicains. Il avait, entre autres, promis de forcer le Mexique à payer la construction d'un mur frontalier pour arrêter les flux migratoires, d'abroger la réforme de santé «Obama Care» et d'interdire les musulmans d'entrer aux Etats-Unis. Vendredi, le Président élu a déclaré dans une interview au Wall Street Journal renoncer à abroger Obama Care, en précisant qu'il était disposé à préserver certaines dispositions de cette loi qui a permis à 26 millions d'Américains non assurés de souscrire une assurance maladie. Le Président élu a infléchi sa position sur cette loi après sa rencontre jeudi dernier avec le Président Obama qu'il avait exhorté de conserver une partie d'Affordable Care Act. Dans la même interview, Trump a également éludé la question de nommer un procureur spécial pour enquêter sur la messagerie privée d'Hillary Clinton, se contentant de répondre qu'il était focalisé sur la réforme de la santé et du système fiscal, la création d'emplois et le contrôle des frontières. Un ton ambivalent Les déclarations de Trump ont accentué les incertitudes sur la transition présidentielle, alors qu'il est en train de multiplier les rencontres et les contacts pour former son gouvernement. Selon les médias américains, il n'y a aucune garantie que Trump ne puisse pas mettre en œuvre ses propositions électorales. Certains de ses conseillers ont donné à ce titre une vue mitigée sur ce qu'il compte accomplir durant ses trois premiers mois à la Maison-Blanche. Newt Gingrich, un des conseillers de Trump, a mis en doute que cette semaine le Président puisse mettre en œuvre la proposition de construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis, en affirmant que les actions du nouveau Président seront axées sur le renforcement du contrôle des frontières. Mais l'ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, a confirmé sa construction dans une interview à CNN. Cependant, Trump devrait accorder la priorité au début de son mandat à la mise en œuvre de la réforme fiscale en reportant la construction de ce mur à une date ultérieure, selon Guiliani. «Absolument, il va le construire, c'est une promesse de la campagne électorale et il ne va pas renoncer à une promesse de campagne électorale», a-t-il dit. L'équipe de Trump n'a pas encore précisé le nombre d'immigrés clandestins susceptibles d'être expulsés dans l'immédiat. Leur nombre pourrait osciller entre un et six millions, selon des chiffres rapportés par la presse américaine. De même, des républicains ont affirmé cette semaine que le rétablissement de simulation de noyade comme méthode d'interrogatoire proposé par Trump n'était qu'un discours de campagne. Mike Rogers, l'ancien président du comité de renseignement à la chambre des représentants, a déclaré à CNN que Trump n'allait pas rétablir cette méthode de torture, interdite par le Président Obama en indiquant que cette proposition n'était qu'un discours de campagne électorale destiné à enflammer les partisans de la lutte radicale contre le terrorisme. Les observateurs et les médias s'accordent à dire qu'il est difficile de prévoir le programme sur lequel va s'appuyer Trump une fois investi président des Etats-Unis. Le président élu reste ambigu et incertain au sujet de plusieurs propositions électorales. Juste après une réunion avec des dirigeants républicains au Capitol Hill, il a énuméré dans une déclaration à la presse les trois priorités principales de son programme qui portent sur la sécurisation des frontières, la réforme de la santé et la création d'emplois. Dans sa déclaration Trump s'est abstenu de répondre à une question sur l'application de la proposition d'interdire les musulmans d'entrer aux Etats-Unis. De même, les conseillers de Trump ont été vagues au sujet de l'annulation de l'accord nucléaire conclu avec l'Iran et l'augmentation des taxes sur les importations en provenance de la Chine. 30 noms pour assurer la transition Wilbur Ross, le principal conseiller politique de Trump, a nié que le Président élu ait l'intention d'augmenter de 45% la taxe sur les produits chinois en arguant du fait que le Président a été mal cité par la presse à ce sujet. Selon lui, Trump a proposé l'institution de cette taxe comme une mesure de rétorsion contre la Chine qui dévalue sa monnaie pour encourager la vente de ses produits à l'étranger. Cette taxe pourrait être envisagée par la partie américaine si la Chine refusait de réévaluer sa monnaie. En se préparant pour l'investiture en janvier, Trump s'appuie sur une trentaine d'anciens dirigeants, d'avocats, de consultants et de lobbyistes pour assurer la transition présidentielle et mettre en place le nouveau gouvernement. Certains noms de cette équipe ne seront pas nécessairement reconduits dans le nouveau gouvernement mais vont travailler pour asseoir les bases de la nouvelle Administration. Trump a confié la direction de cette équipe à son vice-président élu, Mike Pence, mais dans les coulisses l'opération de transition est dirigée par Ron Nichol, associé principal du cabinet de consulting, Boston Group. Ken Blackwell, ancien secrétaire d'Etat de l'Ohio, et trésorier et P/APC de la ville Cincinnati, supervise quant à lui la transition pour les questions intérieures. L'équipe de transition compte plusieurs lobbyistes comme Michael Torrey et Mike McKenna à qui Trump a confié la gestion transitoire des ministères de l'Agriculture et de l'Energie. Cindy Hayden, ancienne membre du Congrès et principale lobbyiste d'Altria, la société mère de fabrication de cigarettes Philip Morris, supervise la transition pour le département de la sécurité intérieure. Jeff Eisenach, un consultant et ancien lobbyiste qui a appelé à la déréglementation de l'industrie des télécommunications aux Etats-Unis, supervise la transition pour la Commission fédérale des communications. Trump a également confié l'organisation de l'Administration de la sécurité sociale à un autre ancien lobbyiste, Michael Korbey qui avait travaillé sous la coupe de l'ancien Président républicain Georges Bush pour réformer le système de retraite américain. «Il a dirigé une campagne populiste contre Wall Street et se tourne vers Wall Street et les lobbyistes», pour l'aider à mener cette transition, a relevé Dean Baker, un économiste progressiste fondateur du centre Economic and Policy Research. «Les gens qui ont voté pour lui en pensant qu'il allait secouer les Etats-Unis n'ont pas prévu qu'il allait tout privatiser», a décrié cet économiste.