Records boursiers, transition et rhétorique apaisées, le président élu américain Donald Trump va s'atteler à la constitution de son équipe en continuant de se préparer à accéder en janvier aux plus hautes responsabilités. Officiellement, aucun rendez-vous n'était programmé hier pour Donald Trump qui a eu ses premiers contacts téléphoniques avec des dirigeants mondiaux. Il a invité la Britannique Theresa May à lui rendre visite «aussi vite que possible» et une rencontre avec le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe est envisagée la semaine prochaine. Après un discours conciliant dès son élection, le républicain a donné jeudi un signe fort de sa volonté d'endosser son costume de président lors de sa première rencontre en tête-à-tête avec le démocrate sortant Barack Obama. «C'était un grand honneur d'être avec vous», a déclaré sur un ton très posé, presque intimidé, le magnat de l'immobilier qui a, pendant des années, alimenté une campagne de rumeurs mettant en cause le fait que Barack Obama était Américain. Plus tard, il a même évoqué une «bonne alchimie» avec le président Obama. Ce dernier a évoqué «une excellente conversation» avec celui dont il a répété, en campagne, qu'il représentait une menace pour la démocratie américaine. «Nous voulons faire tout ce que nous pouvons pour vous aider à réussir», a-t-il ajouté. Mais l'élection mardi de Donald Trump, 70 ans, a du mal à passer pour une bonne partie de l'Amérique, notamment chez les jeunes. Des milliers de personnes, dont des étudiants, ont à nouveau manifesté jeudi dans plusieurs villes à travers les Etats-Unis. «Je n'ai pas élu la haine à la présidence», pouvait-on lire sur des pancartes brandies à Baltimore, près de Washington. «Pas mon président!», scandaient quelque 300 personnes. Sur la côte ouest, traditionnellement démocrate, plusieurs centaines d'étudiants ont aussi manifesté à San Francisco et Los Angeles ou certains brandissaient des panneaux affirmant «L'amour écrase la haine». Donald Trump a dénoncé sur Twitter des «manifestants professionnels poussés par les médias». Le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a rejeté jeudi «l'idée folle» que de fausses informations sur son réseau social aient pu contribuer à la victoire de Trump. Outre la constitution de son équipe, l'homme d'affaires qui n'a jamais été élu et était parti en solitaire à la conquête du pouvoir, doit aussi d'ici janvier s'allier les caciques du parti républicain qui contrôle le Congrès. Son élection et le séisme politique qu'elle a provoqué ont manifestement fait disparaître les réserves que certains avaient exprimé sur le style et le discours d'un candidat régulièrement taxé de xénophobie et de sexisme. «J'espère que tout le monde a pu voir ce Donald Trump présidentiel, dont nous savions depuis le début qu'il serait à la hauteur de la fonction», a assuré à la chaîne CNN le président du parti républicain Reince Priebus. Selon des médias, il pourrait faire partie de la future administration Trump. Le 45e président américain, qui prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier, a rencontré les deux hommes qui seront chargés de transformer en lois son programme: Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, et Mitch McConnell, chef de la majorité du Sénat. L'élection surprise de Donald Trump, portée par la colère d'un électorat se sentant ignoré des élites et menacé par la mondialisation, a brisé les rêves de la démocrate Hillary Clinton donnée gagnante par tous les sondages, de devenir la première femme à accéder à la présidence. Elle menace aussi le bilan de Barack Obama (climat, assurance-santé, libre-échange...) dont la cote de popularité est, cruel paradoxe pour lui, au plus haut. Une fois la sidération passée, la Bourse a rapidement repris ses esprits, alors que les investisseurs s'angoissaient encore la semaine dernière à l'idée d'une présidence Trump: le Dow Jones a battu un record jeudi à Wall Street. Le Canada et le Mexique se sont dit prêts à renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna). Donald Trump a plaidé durant sa campagne pour un retour à davantage de protectionnisme aux Etats-Unis, évoquant maintes fois une renégociation, voire une abrogation, de l'Aléna.