La décantation commence à se faire dans le camp des partis de la mouvance islamiste, autant que dans le camp des démocrates. A quelques mois de la tenue des élections législatives, les premiers nommés, ont affiché la couleur : ils participeront, tous, au scrutin du printemps prochain. Ce n'est pas une surprise quand on connaît la tendance participationniste qui a toujours caractérisé ces partis. Contrairement aux partis démocrates, ceux de la mouvance islamiste font de cette participation leur cheval de bataille. Ils ont même tout mis en œuvre pour qu'ils soient représentatifs à l'issue de ce scrutin. Aucun détail n'est laissé au hasard, y compris la fameuse loi des 4%, fort contraignante. Ainsi et pour ne pas rater le train, le Front du Changement ( FC) de Menasra s'est allié à ses frères d'hier du MSP, pour justement contourner cette loi, si bien, qu'évidemment les deux partis se mettaient d'accord pour partir en rangs unis et sous les couleurs d'un seul et unique parti. De toute façon, cette alliance de deux frères ennemis renseigne si besoin est, de la détermination de ces formations politique à tirer leur épingle du jeu dans cette élection. Abderrezak Mokri et Abdelmadjid Menasra ont scellé cette union, non seulement pour jouer les trouble-fêtes, mais aussi pour couper l'herbe sous les pieds de Aboudjerra Soltani dont le retour en force inquiète en premier lieu Mokri et plusieurs cadres du MSP. Il ne faut pas oublier, non plus, que la dissidence de Menasra s'est faite au temps où Soltani menait la barque du MSP. Une alliance doublement stratégique, quand on connait l'enjeu des prochaines législatives. Le MSP et le FC sont donc partis pour faire cause commune, et avec la ferme conviction de frapper un bon coup. Mais est-ce dans leurs cordes ? Inutile de spéculer sur leurs chances, mais il est certain qu'ils ne partiront pas en victime expiatoire, d'autant que le MSP a toujours réussi de bons résultats aux législatives. Ennahda et le FJD de Djaballah, ont étrangement renoué le dialogue, et même noué une alliance que personne n'attendait. Tout le monde se rappelle de la manière dont Abdellah Djaballah a été « éjecté » du mouvement Ennahda que lui-même avait créé. L'étape cruciale des législatives les a contraint non seulement à faire alliance, mais à fusionner avec l'espoir de faire bonne figure au prochain scrutin. Les partis de la mouvance islamiste ont, contrairement aux démocrates, compris que partir seul à l'aventure électorale, risque fort de leur coûter très cher. Ce qui explique ces alliances purement stratégiques, et qui répondent aux nouvelles exigences de la loi électorale. Abdellah Djaballah, et Ennahda, ont donc enterré la hache de guerre, et partent ensemble pour tenter de remporter le maximum de sièges à la prochaine APN. Une mission difficile, mais pas impossible, dans une conjoncture où le pays a besoin de toutes ses forces politiques pour surmonter la crise multiforme qui le secoue ces derniers temps. Il est sans doute prématuré d'émettre un quelconque pronostic pour ses partis politiques, mais une chose est certaine, ils ne partent pas en rangs dispersés, comme c'est le cas pour le camp démocrate, où les mésententes sont apparues au grand jour, laissant croire à une déroute lors du prochain scrutin. En définitive, les partis de la mouvance islamiste ont bien compris la situation, et refusent d'affronter en solo les urnes au printemps prochain.