Le leadership et les divergences cycliques divisent profondément la mouvance islamiste. N'étant pas encore certain de sa chance à briguer l'investiture suprême, Abderezzak Mokri, nouveau patron du MSP, compte brasser large. Il ne cache pas son ambition de vouloir réunir autour de lui toutes les formations islamistes pour mieux se positionner en prévision de cette échéance électorale décisive pour l'avenir du pays. Or, depuis son intronisation,M.Mokri s'est concocté un agenda serré. Il sillonne le pays et multiplie les rencontres pour les besoins du marketing politique. Il est également celui qui fait le premier pas en direction des autres formations politiques toutes obédiences confondues. Il a même rencontré Abdellah Djaballah qui préside un nouveau parti islamiste créé dans le sillage des élections législatives de mai 2012. Cependant, reste à régler la problématique cruciale du candidat unique qui devra porter la couleur islamiste en 2014. Cela passe d'abord par la résorption du problème insurmontable du leadership. S'affirmer en leader de la mouvance islamiste, n'est pas chose aisée. Ainsi, le nouveau chef du MSP ne cesse de mettre en avant, le nationalisme de son parti qui consistait à servir depuis des lustres de béquille et d'alibi à l'Exécutif. Par ailleurs, Mokri a toujours considéré que son parti a été spolié d'une large victoire lors de la présidentielle de 1995. Pas seulement, selon Mokri qui cite les conclusions des centres de recherche internationaux, le MSP est le parti le mieux structuré et le plus largement ancré dans la société. Si Abdelmadjid Menasra n'a pas réussi à siphonner les militants du MSP, en acceptant tacitement le leadership de Mokri, ce n'est pas le cas pour d'autres formations qui ne sont pas prêtes à mettre de côté leurs divergences séculaires. Aux yeux d'autres islamistes Mokri n'est qu'une pièce sur l'échiquier. Il est clair que le leadership divise profondément la mouvance islamiste. Si leurs pairs ont eu le vent en poupe en Tunisie, au Maroc et en Egypte, il leur sera difficile de trouver un minimum syndical qui puisse les unir à la faveur de la prochaine joute électorale. De ce point de vue, la spécificité algérienne adoubée par les pays occidentaux, est vérifiée. La seule alliance que les circonstances ont rendu possible est celle regroupant le MSP aux squelettiques partis Ennahda- El Islah et le FC de Menasra vidé de ses cadres et militants. Prétendre gérer les affaires du pays par l'ajustement d'un discours n'est ni plus ni moins qu'un rêve, qui ne se réalisera probablement jamais même si on est galvanisé par la montée de la vague verte ailleurs. Le rêve commun d'un Etat islamique est aléatoire, tant qu'on n'a qu'un discours idéologique usé et creux à offrir aux électeurs qui gardent encore vivaces les séquelles de la tragédie nationale. «Nous voulons à travers notre opposition servir le pays et lutter contre la corruption qui menace réellement sa stabilité» a affirmé vendredi à Béchar Abderezzak Mokri devant un parterre de militants et de sympathisants de son mouvement, tout en mettant l'accent sur la nécessité de réaliser le «développement et l'édification d'un Etat doté d'institutions fortes». Par ailleurs, Mokri a estimé que le «dernier congrès de son parti a permis à celui-ci de se renforcer davantage et d'être prêt aux prochaines échéances politiques». Le MSP qui est un «parti nationaliste dans l'opposition a réellement la confiance du peuple et poursuivra ses efforts dans la lutte, par des moyens légaux, contre toutes les formes de marginalisation» a-t-il conclu.