Le début de l'année 2017 est aussi une occasion d'ouvrir une nouvelle page pour le boxeur mondial Mohamed Flissi. L'enfant de Boumerdès n'a pas hésité un moment à répondre en détails à nos questions. Depuis sa participation aux JO-2016 jusqu'à la crise qui frappe la boxe algérienne, en passant par ses futurs objectifs, Mohamed Flissi en parle à cœur ouvert dans cette interview exclusive, sa première en 2017, qu'il a préférée accorder à notre journal. La Nouvelle République : Bonjour Mohamed et merci d'avoir choisi notre journal pour donner votre première interview de l'année 2017. Mohamed Flissi : Merci à vous. L'honneur est à moi. C'est avec un grand plaisir que je vais répondre à vos questions et m'adresser au public algérien à travers votre respectueux quotidien. Tout d'abord, tout le monde se demande où est passé Mohamed Flissi ? Votre dernière apparition remonte à plusieurs mois déjà... Oui c'est vrai. J'ai été un peu loin des clichés ces derniers temps, cela s'explique en partie par mon programme de préparation très chargé. Vous savez, nous, les sportifs, on a un rythme de vie très particulier et les entraînements s'emparent de la plupart de notre temps même en dehors des compétitions officielles. Peut-être que votre participation, disons décevante, aux JO-2016 vous a aussi poussé à prendre du recul. Vous vous êtes dit peut-être que ce serait l'occasion pour vous de faire un nouveau départ... Non, c'est pas vraiment ça. Je suis un sportif et je suis sûr de moi-même et de mes capacités. Je ne peux pas dire que j'avais besoin de prendre du recul pour effectuer un nouveau départ parce que j'ai perdu un combat ou à cause d'une mauvaise prestation dans un tournoi, je suis professionnel et mes aspirations vont au-delà d'une simple défaite. Cependant, il y a aussi d'autres facteurs dans la boxe algérienne qui me laissent vraiment pessimiste... Quels sont ces facteurs ? Y en a beaucoup, mais le truc qui me fâche le plus c'est la situation de la boxe algérienne. Je pense que le niveau des pugilistes est en baisse de jour en jour, et les responsables ne réagissent pas. Des gens au sein même de la fédération perturbent le développement de la boxe, il n'ont aucun intérêt ou intention de servir ce sport qui a toujours hissé l'emblème national. Vous pouvez, d'ailleurs, les retrouver très actifs actuellement afin de décrocher une place dans l'Assemblée générale ou dans les élections du bureau. ça vous fait quoi en tant que sportif de haut niveau de constater toutes ces dégradations de la discipline ? Franchement, ça fait vraiment mal, pas uniquement à moi, mais à tous les pratiquants, car l'Algérie a toujours été une référence de la boxe depuis l'époque de Soltani. Je ne supporte plus de vivre ces moments et d'assister à la chute d'un «héritage sportif». Je me dis parfois qu'il vaudrait mieux quitter le pays et faire carrière dans un pays qui respecte ses héros. Je ne vous cache pas, j'ai reçu plusieurs offres de clubs étrangers pour signer des contrats pros, mais j'ai décliné toutes les propositions. Je veux réussir dans mon pays, dans mon Algérie. Et vous voyez comment l'avenir de la boxe ? Difficile. Je pense, au vu des données actuelles, que les prochains jours seront durs pour la boxe algérienne bien qu'il y ait tous les ingrédients de réussite notamment sur le plan des jeunes talents. Mais il faut vite nettoyer la maison de la fédération, il faut vite éliminer ces têtes qui sèment le désordre et freinent le développement de la boxe. Un dernier mot pour finir Mohamed ? Mon dernier mot sera un message que je transmettrai à tous les jeunes boxeurs, je leur demande de travailler sérieusement malgré les problèmes et les embûches. Je voudrais aussi profiter de cette occasion pour remercier mon club, le GSP et son président Djafar Belhocine et également M. Abderahmane Fezzane qui m'ont beaucoup soutenu.