Je mets en garde la gouvernement algérien et particulièrement Sonatrach dans une aventure suicidaire engageant la sécurité du pays, de s'engager dans un investissement massif au niveau des hydrocarbures traditionnels dans la mesure où le monde connaîtra entre 2020-2030 une importante mutation de la consommation énergétique. Le gouvernement qui a été induit par le passé par certains soi-disant experts qui lui annonçaient un cours de 90/100 dollars, devra à tout prix éviter de raisonner sur un modèle de consommation linéaire. C'est que les grandes firmes US, européennes et asiatiques selon nos informations internationales sont en train d'investir massivement, préparant le futur, dans d'autres segments énergétiques alternatifs. Aussi, La rentabilité future devra s'inscrire pour les grands gisements entre une fourchette de 40/55 dollars et pour les gisements marginaux entre 60/70 dollars, ne devant plus rêver malgré le récent rapport de l'AIE sur baril supérieur à 80/90 dollars. Les mutations énergétiques en Méditerranée Les dynamiques économiques modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux. L'énergie, particulièrement, est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité. La transition pouvant être définie comme le passage d'une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l'énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire). La transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale. Il s'agit de s'orienter vers un Mix énergétique car si l'humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes d'où l'urgence d'un nouveau modèle de consommation à l'échelle mondiale qui pose la problématique de l'efficacité énergétique, et un consensus social, les choix techniques d'aujourd'hui engageant la société sur le long terme: combien coûte cette transition, combien ça rapporte et qui en seront les bénéficiaires ? L'énergie apparaît donc aujourd'hui comme un puissant facteur de coopération et d'intégration entre les deux rives de la Méditerranée. Le climat et l'énergie peuvent donc fournir le lien structurant qui permettra non seulement de concrétiser l'orgueil culturel méditerranéen dans la conception et la réalisation d'une suite de projets concrets, mais aussi de préparer l'élaboration d'un concept stratégique euro méditerranéen et euro-africain. Les interconnexions électriques en Méditerranée peuvent être un facteur de co-développement. Une communauté méditerranéenne de l'énergie, c'est possible où les liens commerciaux sont importants. Les pays du sud de la Méditerranée exportent environ 80% du gaz et 60% du pétrole vers l'Europe. Les besoins électriques sont complémentaires: la pointe de consommation d'électricité en Europe (France, Allemagne, Pays du Nord...) se situe généralement en hiver, alors que dans les pays du Sud, compte tenu des systèmes de refroidissement (appelés à se développer avec l'amélioration du niveau de vie), elle se situe en été. Le sud de la Méditerranée est mieux placé que le nord pour exploiter les énergies renouvelables. L'ensoleillement y est deux fois plus important. Ainsi il est très souhaitable d'échanger de l'électricité tantôt dans un sens tantôt dans l'autre et les échanges énergétiques entre les deux rives de la Méditerranée doivent donc s'envisager dans le cadre de la transition énergétique qui s'impose de par la rareté des ressources. En effet, le déficit structurel européen et la forte hausse de la demande de la rive sud impliqueront à l'avenir de construire les éléments d'un partenariat qui dépasse le modèle classique fournisseur-client. Facteur de précarité supplémentaire, la volatilité des prix et l'insécurité des volumes disponibles seront plus importants dans une telle configuration en dépit de la multiplicité des offreurs. La situation géographique de l'Europe et la Méditerranée, est un couloir de transit important pour les marchés mondiaux de l'énergie et important carrefour pour les marchés énergétiques mondiaux. Aussi, les pays de la méditerranée sont tous confrontés au problème de la sécurité énergétique. Il devient impératif de renforcer la coopération notamment dans le domaine de l'énergie qui est un facteur stratégique de l'activité économique, pouvant représenter un lien très fort entre le nord et le sud de la Méditerranée. Les six axes de la transition énergétique de l'Algérie 2017/2025 Le premier axe, est d'améliorer l'efficacité énergétique afin d'économiser grâce aux nouvelles techniques, la consommations d'énergie tant au niveau des ménages que du secteur économique renvoyant d'ailleurs à la politique des subventions actuellement généralisées source de gaspillage qui doivent être ciblée pour les produits énergétiques A cet effet, une réflexion est engagée par le gouvernement algérien pour la création d'une Chambre nationale de compensation chargée de la péréquation inter socio- professionnelle et inter- régionale, -Le deuxième axe, l'Algérie a décidé d'investir à l'amont pour de nouvelles découvertes. Mais pour la rentabilité de ces gisements tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables. La rentabilité future devra s'inscrire pour les grands gisements entre une fourchette de 40/55 dollars et pour les gisements marginaux entre 60/70 dollars. -Le troisième axe est le développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50%. Or, avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire dans le cadre d'un partenariat gagnant/gagnant. À cet effet, le CREG (l'agence de régulation) a publié de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables dans le cadre de la mise en place d'un Fonds national de maîtrise de l'énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts à des taux d'intérêts bonifiés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. -Le quatrième axe, l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d'électricité galopante. -Le cinquième axe, est l'option du pétrole/gaz de schiste (3ème réservoir mondial selon des études internationales) introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013, dossier que j'ai l'honneur de diriger pour le compte du gouvernement et remis en janvier 2015. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s'impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L'Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l'eau est un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain. -Le sixième axe, l'Algérie a décidé à appliquer les résolutions de la COPE21 et de la COP22, concernant le réchauffement climatique. Mais une action efficace ne peut être conçue dans le cadre d'une Nation. Elle impliquera une large concertation avec notamment entre les pays du Sud de la méditerranée et le Maghreb car pour le Maghreb dont l'Algérie, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques, l'eau et sa gestion étant des problèmes conditionnant son avenir. Entreprendre ensemble Comme j'ai eu à l'affirmer au cours de différentes conférences internationales et récemment dans un long interview à l'American Herald Tribune ( 28/01/2016) , le co-développement, et les co-localisations, qui ne sauraient se limiter à l'économique, incluant la diversité culturelle, peuvent être le champ de mise en œuvre de toutes les idées innovantes au niveau du bassin méditerranéen, pour en faire un lac de paix et de prospérité partagé. Dans l'intérêt tant des Européens et que de toutes les populations sud méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain, doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l'Algérie, et à l'Est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie passant par une paix durable au Moyen-Orient où les populations juives et arabes ont une histoire millénaire de cohabitation pacifique.