Depuis 1962, En Algérie et ailleurs, l'on a très souvent entendus dire que De Gaulle nous aurait donné l'indépendance. C'est complétement faux. On ne peut pas nous donner ce qui nous appartient déjà, notre patrie. Notre indépendance et le recouvrement de notre souveraineté, nous les avons arrachées de haute lutte. lFin mars 1962 : après l'échec du soulèvement de Bab El-Oued, 15 000 civils arrêtés et 7 000 appartements saccagés lors de fouilles, création du maquis OAS de l'Ouarsenis par le colonel Jean Gardes, fief du bachaga Boualam et de ses mille harkis soutenant l'Algérie française depuis le début de la guerre. Environ 105 hommes y participent, dont le commando Albert. - 29 mars 1962 : le bachaga Boualam proclame lors d'une émission pirate de radio que l'Ouarsenis est terre française. Ce maquis sera mitraillé et bombardé au napalm par l'aviation française. -3 avril 1962 : attaque par l'OAS d'une clinique servant de PC au FLN. - 6 avril 1962 : arrestation de Roger Degueldre. l8 avril 1962 : approbation des Accords d'Evian par référendum. l9 avril 1962 : un dernier groupe du maquis de l'Ouarsenis, intégrant le commando Albert, affrontera des membres de l'ALN, qui y ont été convoyés, ravitaillés par l'armée française. Les membres du maquis sont finalement arrêtés les uns après les autres ou finissent par se rendre (colonne du capitaine Pierre Montagnon), certains s'échappent mais sont repris. Le bachaga Boualem négocie l'envoi en métropole par avion militaire de 200 personnes de ses proches à Mas Tibert en Camargue, contre l'abandon du maquis. - 12 avril 1962 : début de la vengeance et d'enlèvements d'Européens, il y aura des milliers de disparus. - 13 avril 1962 : le général Jouhaud est condamné à mort. - 19 avril 1962 : le général Katz, à Oran, interdit à toute personne de se trouver sur les balcons et les terrasses sous peine d'ouverture du feu sans sommation. À Paris, le Conseil des ministres refuse la proposition de rapatriement des harkis. - 20 avril 1962 : arrestation du général Salan et du capitaine Ferrandi. - 22 avril 1962 : libération à Fresnes de 200 prisonniers FLN, dont Yacef Saâdi, qui retournent en Algérie. - 2 mai 1962 : attentat OAS à la voiture piégée sur le port d'Alger occasionnant une soixantaine de morts. Vengeance des Algériens qui se livrent à des enlèvements de pieds-noirs dont beaucoup ne reparaîtront pas. Ce double terrorisme crée une séparation complète entre quartiers européens et musulmans à Alger et Oran. - 5 mai 1962 : arrestation de "Canal", responsable OAS métropole. - 6 mai 1962 : la politique de la terre brûlée est instituée par l'OAS. - 8 mai 1962 : les quelques barbouzes survivants sont ramenés en France. - 9 mai 1962 : 41 corps égorgés sont trouvés à Oran. - 11 mai 1962 : incorporation forcée de 6 000 jeunes pieds-noirs dans l'armée avec mutation immédiate en métropole. - 12 mai 1962 : Pierre Messmer et Louis Joxe précisent dans une note ministérielle que les militaires français organisant personnellement le rapatriement de leurs harkis pour les sauver sont en infraction caractérisée ; ces harkis doivent immédiatement être renvoyés en Algérie. l18 mai 1962 : Le bachaga Boualem quitte l'Algérie avec ses harkis. Première entrevue Farès-Susini pour un projet d'accord FLN-OAS. l20 mai 1962 : création à Rome par Georges Bidault, Jacques Soustelle, Antoine Argoud et Pierre Sergent d'un Conseil national de la Résistance, nommé ainsi par référence au CNR de 1943. Le FLN remet aux autorités une liste nominative de 112 policiers et militaires dont la mutation en métropole est demandée et sera immédiatement obtenue. l26 mai 1962 : le haut tribunal militaire est dissous par de Gaulle car il ne condamne pas à mort le général Salan. Une nouvelle Cour de justice est créée par ordonnance. - 27 mai 1962 : le gouvernement annonce que 14 000 prisonniers FLN ont été libérées depuis les accords d'Evian. - 29 mai 1962 : découverte d'un nouveau charnier de 35 cadavres d'Européens à Bouzaréah, - 7 juin 1962 : Albert Dovecar et Claude Piegts, membres de l'OAS, sont fusillés. 12 juin 1962 : démantèlement du réseau Est de l'OAS-métropole, qui préparait l'assassinat de de Gaulle à Vesoul. 14 juin 1962 : tentative d'assassinat du général Katz à Oran. Son aide de camp est tué par erreur. - 15 juin 1962 : discussions entre une partie de l'OAS menée par Susini et le FLN (Mostefaï) pour un cessez-le-feu. l25 juin 1962 : l'OAS fait sauter les citernes d'essence du port d'Oran. L'incendie durera 3 jours. - 27 juin 1962 : la direction de l'OAS appelle à déposer les armes. Les commandos Delta quittent Oran pour l'Espagne. - 28 juin 1962 : le lieutenant Degueldre est condamné à mort. Fin juin 1962 : 328 000 personnes ont quitté l'Algérie en juin, ce qui porte à 690 000 le nombre total de départs. 2 juillet 1962 : suicide du général de Larminat qui devait présider la nouvelle Cour de justice. Les derniers commandos OAS quittent Alger. - 3 juillet 1962 : L'Algérie accède à l'indépendance, après le référendum du 1er juillet approuvé par 99,72 % des votants. Pour rappel, le texte connu comme étant les « accords d'Evian était avant tout un accord de cessez-le-feu, dont l'application sera fixée au lendemain de la signature, à savoir le 19 mars 1962 à midi. Mais après la promulgation du cessez le feu en Algérie, les membres de l'OAS non seulement massacraient sans distinction mais semaient la terreur parmi les civils et les innocents. Les 93 feuillets du texte des accords sont signés par Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, pour la France, et pour l'Algérie, par Belkacem Krim qui a également tenu à parapher les 92 feuillets. Cette déclaration générale constitue le résumé et le préambule des textes détaillés des accords, contresignés respectivement par MM. Belkacem Krim et Louis Joxe à Evian, le 18 mars 1962, qui sera le prélude d'une période sombre mais qui finalement débouchera sur l'indépendance du pays le 3 juillet 1962. Les enjeux du débat d'aujourd'hui dépassent largement ceux d'une simple page controversée de notre histoire, c'est de notre avenir qu'il s'agit. Celui-ci ne peut se construire ni en reniant l'exemple des aînés, ni en refusant les leçons de l'expérience, ni en laissant le prisme de l'idéologie raciste des nostalgiques déformer notre passé et donc notre jugement. La célébration du 19 mars 1962 rappelle que cette date, fut le début d'une période sanglante qui n'a rien d'un « cessez-le-feu » ou la fin d'une guerre. (A suivre) [email protected] (*) Auteur, écrivain, Ancien moudjahid, membre de l'ALN.