Les Etats-Unis, qui considèrent Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) comme la plus dangereuse des branches extrémistes islamistes, ont intensifié leurs attaques depuis le début de l'année. L'armée américaine a annoncé avoir tué au Yémen, mardi 23 mai, sept combattants d'Al-Qaida lors d'une attaque impliquant des troupes au sol. Le raid, qui a été effectué avec l'appui des autorités yéménites, a été mené aux premières heures de la journée contre un campement de djihadistes dans le gouvernorat de Marib (centre-ouest du pays). « Des raids tels que celui-ci donnent un aperçu des dispositions, des capacités et des intentions d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), ce qui nous permet de continuer à poursuivre, perturber et éradiquer AQPA », a déclaré dans un communiqué le centre de commandement américain au Moyen-Orient, le Centcom. Les Etats-Unis, qui considèrent AQPA comme la plus dangereuse des branches extrémistes islamistes, ont intensifié les attaques contre elle depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, en janvier. Au Yémen, une guerre civile dévastatrice oppose depuis trois ans des rebelles houthistes aux forces gouvernementales, soutenues par une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite. Les Etats-Unis soutiennent cette coalition par des ventes d'armes, des ravitaillements d'avion en vol et du partage de renseignement. Le conflit a fait plus de 8 000 morts et 40 0000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Sept cessez-le-feu et des efforts de paix négociés à l'ONU ont jusqu'ici échoué à arrêter les hostilités. La guerre du Yémen déborde en Arabie saoudite Les localités saoudiennes frontalières du Yémen sont régulièrement prises pour cible par la rébellion houthiste. Les rues sont désertes, les rideaux métalliques abaissés et les murs criblés d'impacts de balles. La localité saoudienne d'Al-Khobah, accolée à la frontière yéménite, aux confins sud-ouest du royaume, est une cité fantôme. Les portails des villas des notables locaux sont mangés par la végétation. Un trou cerclé de suie, legs d'un tir de roquette, orne la façade de l'école primaire. Définitivement évacué en fin d'année dernière, Al-Khobah paye le prix de l'intervention saoudienne au Yémen, lancée il y a deux ans, en réponse au renversement du président Abd Rabo Mansour Hadi par les combattants houthistes. Ces miliciens de confession zaïdite (branche du chiisme), alliés à l'Iran, contrôlent, avec les partisans d'Ali Abdallah Saleh, l'ex-chef de l'Etat poussé à la démission en 2012 par Riyad, la plus grande partie du Nord-Yémen : la capitale Sanaa, Saada, berceau historique du mouvement houthiste, et la chaîne de montagnes surplombant la province saoudienne de Jizan, en bordure de la mer Rouge, dont Al-Khobah fait partie. «Ce sont des couards» C'est de ce surplomb escarpé, quasiment imprenable, que la rébellion anti-Hadi attaque le sud de l'Arabie. «Ils visent aussi bien les civils que les militaires, ce sont des couards, accuse le lieutenant-colonel Mohamed Al-Hemeïd, alors qu'un tir de mortier résonne au loin. Ils savent qu'ils ne peuvent pas gagner, ils cherchent juste à marquer des points sur la scène médiatique », ajoute ce membre des gardes-frontières, qui a encadré le déplacement du Monde dans la région de Jizan.