Larbi Ben M'hidi, lunettes noires et flingue brandi comme dans un pied de nez à la James Cagney. Un Boudiaf, regardant droit devant, lui aussi, un flingue tiré de sa poche de costume. Mais ce « droit devant » est subjectif, il s'adresse à nous en fait, les figures historiques de ce qu'il appelle « La joyeuse bande » se meuvent dans une atmosphère inscrite sur du noir pour les personnages et sur un fond jaune, le tout dans un montage graphique qui relève du code couleur radioactif pour les plus pessimistes, et de la nature (jaune et noir comme les abeilles) pour les plus optimistes. Et c'est comme ça depuis une trilogie de jours, plus précisément les 4, 5 et 6 juillet 2017. El-Moustach, est un élément composite de la culture algérienne, issu des arts graphiques et d'une sorte de néo-pop art algérien qui s'éclate en mettant des « bleu de Chine » à Che Guevara et en armant Boudiaf ou Ben M'hidi d'une « vengeance » libératrice de tous nos fantômes. El Moustach fait partie d'une bande de jeunes artistes algériens qui sont des radicaux libres vivifiants sur le lit de leur poil à gratter maniant le pied de nez et l'ironie subtile sur un ton en permanence rieur. La bande de joyeux drilles graphiques offre un panthéon de personnalités emblématiques qui sont traitées sur le mode situationniste par El-Moustach qui reste un peu malgré lui le chef de fil d'une nouvelle expression qui partage avec l'Homme Jaune, et des dizaines d'autres jeunes artistes une nouvelle expression plastique libérée des démons du terrorisme et du questionnement sociopolitique récurrent dans les œuvres pseudo intellectuelles qui siègent dans les salons. Dans ce panel expressif, toute la subversion est ancrée dans le talent discursif, la manière de faire, l'engagement sans faille, et la radicalité dans le message qui est souvent frontal, souvent dilué dans un humour qui ne trompe pas. El Moustach, entre art populaire et graphismes en aplats qui disent ouvertement ce que l'on pense souvent tout bas, la main devant la bouche, est rafraichissant, sans ambages ni fioritures. Il s'exprime sans la prise de tête textuelle dont se parent certains autres plasticiens qui font du discours le fond perdu de leur expression. Dans cette exposition flash qui est une sorte d'hommage aux héros qui nous ont menés à l'indépendance, dans une galerie de personnages déclinés à contrepied, El-Moustach révèle encore plus un pan de ses multiples talents aux couleurs si évocatrices et aux graphismes pertinents. L'exposition a été très courte, incisive, et aussi poignante, mais l'efficacité de l'œuvre a fait son petit effet, public d'amis et tous les autres, acquis à la cause artistique algérienne étaient là. La « joyeuse bande » continue son œuvre sur le chemin artistique ardu, de cette Algérie qui ne sait plus à quel saint se vouer...mais qui sait malgré tout où elle va... lExposition El-Moustach, le 4, 5, 6 juillet 2017, Galerie Ezzou'Art, Centre commercial et des loisirs de Bab Ezzouar, entrée libre.