«Nous souhaitons mettre à l'honneur et sous les projecteurs les militants anticolonialistes belges «avocats du FLN et porteurs de valises » du réseau Jeanson, dont l'action courageuse et aux risques considérables est restée inconnue auprès des jeunes générations», a affirmé la présidente de l'association «Les amitiés belgo-algériennes», Ghezala Cherifi, qui milite, aujourd'hui, pour lever le voile sur la contribution de centaines de militants belges anticolonialistes au combat des Algériens pour la liberté et la démocratie. C'est dans ce but que, depuis quelques années, cette militante infatigable multiplie les contacts et les rencontres pour collecter les témoignages et faire connaitre le combat de ces «hommes et femmes de l'ombre» qui ont épousé la cause algérienne. Elle estime que les réseaux de solidarité belges avec l'Algérie ont écrit quelques unes des très belles pages de l'histoire de la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Ghezala Cherifi évoque l'assassinat du professeur Georges Laperches à Liège en 1960 pour son soutien à la cause algérienne et l'attentat manqué par un colis piégé à l'égard de la cheville ouvrière du «Comité pour la paix en Algérie», Pierre Le Grève, commandité par «la main rouge», une organisation obscure créée par des agents des services secrets français. Ces faits historiques ne doivent pas être passés sous silence. Si les livres d'histoire, écrits en Algérie, en France ou dans un autre pays, n'abordent pas cette page, son association +Les amitiés belgo-algériennes+ se fait un point d'honneur aujourd'hui de rappeler ce devoir de mémoire. La présidente de cette association tient à souligner qu'au nord comme au sud de la Belgique, flamands et francophones étaient tous unis pour soutenir la cause algérienne, organisant une solidarité des plus actives avec les combattants algériens. Elle cite, à ce titre, Jean Van Lierde, Paul-Henri Spaak, Marcel Liebman, Serge Moureaux et Roger Lallemand (tous deux avocats), Philippe Moureaux (à l'époque syndicaliste), Guy Cudell, Jacques Nagels, Wilfried Martens, alors président des étudiants flamands, ou encore Mateo Alaluf, qui était à l'époque lycéen. Parmi les femmes, dont certaines sont très connues des Algériens, la présidente de l'association «Les amitiés belgo-algériennes» cite Jacqueline Carré, Micheline Pouteau, Suzy Rosendor, Hélène Cuénat et Cécile Draps. «Tous ces militants courageux ont pris des risques considérables en s'exposant à des attentats de représailles sur le sol belge, mais ils ont fait preuve d'une grande efficacité d'action», a-t-elle affirmé. Selon Ghezala Cherifi, aux côtés de ces réseaux militants, d'autres réseaux jouent également un rôle important : ce sont les travailleurs immigrés. Des travailleurs algériens sont présents dans les régions minières du Borinage, de Charleroi, de Liège dès l'entre-deux guerres. «Ces jeunes Algériens occupaient l'essentiel de leur temps à s'activer dans des réseaux de soutien au FLN. A l'écoute du récit de nos pères, qui furent de ceux-là, le combat prenait une dimension où la clandestinité, le secret, la loyauté envers les compagnons et la fidélité à la cause étaient des valeurs absolues», a-t-elle souligné.