L'architecture saharienne de l'Algérie est diverse, et se compose de différentes influences. Elle demeure ancrée dans un espace berbère à la culture sahélienne, et dont l'habitat traduit la complexité du tissu social, et de sa configuration. L'architecture dite néo-soudanaise ou soudano-sahélienne, est omniprésente en Afrique de l'Ouest, et plus particulièrement au Mali, autrefois nommé le Soudan français. La colonie française, désireuse de développer une économie fédérée autour du projet du Soudan (aujourd'hui Mali), faisait acheminer les profits, directement vers la métropole. La région du Soudan français s'étendait à partir de la colonie du Haut-Sénégal et Niger, jusqu'au sud Algérien (AOF), intégrant l'actuel Mali. Ainsi, l'architecture néo-soudanaise observée dans les oasis sahariennes algériennes, et plus particulièrement au Touat, est une invention coloniale inspirée de l'architecture locale; laquelle, selon certaines thèses, serait attribuée à Abou Ishaq es-Sahéli, un illustre architecte et homme de lettres andalou. On lui attribue la réalisation de divers lieux de culte, notamment la mosquée de Kankou Moussa à Gao, et la mosquée Djngareyber de Tombouctou. Le célèbre architecte, vécut sous le règne de l'empereur Kankou Moussa, au XIV à l'époque dite, de l'âge d'or de l'empire malien. L'architecture soudanaise est identifiable grâce à ses «façades, qui se caractérisent par de lourdes formes coniques en argile et comportent un grand nombre de décorations. La mosquée de Mopti est l'archétype parfait de cette architecture.» Adrar, capitale du Touat, Timimoun, ainsi que In Salah, les bien-nommées villes rouges, furent bâties sous le cachet néo-soudanais. Adrar, ville coloniale crée en 1900 dans le Touat, dispose d'une architecture fortement inspirée de la facture purement traditionnelle soudanaise, et pourrait donc se confondre à cette dernière de par divers similitudes : constructions en colonnes, toiture en terrasse, formes et couleurs; elles divergent cependant par un choix de matériaux tels que le ciment, et l'introduction de la véranda, que l'on retrouve à Adrar. De nombreux édifices ont ainsi vu le jour, presque calqués sur l'habitat de leurs contemporains du Mali, citant : Le marché Dinar édifié en 1932, qui constitue la copie conforme du marché rose de Bamako, et datant de 1929. En 1900, Bab Essoudane (la porte du Soudan) fut édifiée à Timimoun, suite à une décision du capitaine français Anthénour; lequel,voulu ainsi donner à la ville une facture «Afrique de l'ouest». En 1917, on acheva l'oasis rouge qui avait servi de «bâtiment de subsistance militaire de Timimoun». La corrélation entre l'économie et le corps militaire crée en ce sens, une conjoncture «favorable» à l'unification du territoire colon. L'architecture d'Adrar serait une «volonté coloniale», plus qu'un fait social issu de brassages et voyages des idées sahélo-saharienne... Les régions sahariennes de l'Algérie, notamment au Touat sont marquées par une architecture principalement ksourienne. Elle est l'expression éloquente d'une configuration sociale issue d'un savoir-faire millénaire. Nous retrouvons cela dans toute les contrées ksouriennes de l'Algérie, notamment chez les zénètes et les mozabites. C'est «un bâti qui préserve l'organisation des rapports sociaux : rapport entre les sexes, rapport au religieux....» «Une invention coloniale» est venue se greffer à cette architecture dite néo-soudanaise. Le parfait exemple en est l'actuel musée Saharien de Ouargla, bâtit en 1936, qui était à l'origine, la résidence du gouverneur militaire durant la période coloniale. Nous pouvons également évoquer l'hôtel de ville «l'Oasis Rouge» de Timimoun, et sa fameuse chambre n° 4, célèbre pour avoir accueilli comme hôte, la grande duchesse du Luxembourg en 1926. L'architecture néo-soudanaise post-coloniale Dans une Algérie post-coloniale, l'on constate une nette confusion de l'identité stylistique et architecturale du Touat; ainsi l'Université Africaine ou encore l'hôtel Touat, édifice éponyme et véritable joyau architectural de la région, sont tous deux inspirés de l'architecture néo soudanaise. Devenu un point incontournable pour les touristes, l'hôtel s'impose comme étant un symbole de grandeur, d'une région qui s'étend sur plus de 425 000 km2, compte prés de 294 noyaux anciens d'agglomérations. De fait, «le corpus ou le répertoire stylistique» dans lequel puisent les architectes algériens de nos jours, quand ils s'adonnent à la création architecturale se voulant «traditionnelle», se trouve ironiquement, dans celui qui fut tout d'abord composé par Jonnart au début du XXème siècle, puis «amélioré» par Pouillon et consorts à partir des années cinquante. Il s'agit donc d'une architecture dite traditionaliste, sans doute par volonté publique sous-jacente à tout projet, de «caractériser le cadre bâti, dans la continuité de «l'héritage colonial». L'apparition d'un urbanisme saharien coïncide avec une entreprise coloniale qui commence au début du XXe siècle avec les premières incursions de colonnes militaires françaises vers un Sud désertique, qui était pour eux : à découvrir et à conquérir». On parla pour la première fois «d'architecture saharienne» dés les 50 dans l'œuvre de Jean Godard : «l'oasis moderne, essai d'urbanisme saharien» qui en présente les initiaux fondements, dans un chapitre intitulé «Recherche d'un type saharien». L'architecture est L'expression d'un fait culturel lié à une époque, mais surtout à une pensée. Elle demeure un fait marquant de la mémoire collective. Les édifices, les habitats et divers lieux nous renseignent sur l'idéologie prédominante d'une période donnée, nous permettant d'identifier les influences de ses bâtisseurs. L'architecture néo-soudanaise au Touat, emprunte d'anachronisme, introduit un aspect d'urbanisme au détriment de l'architecture locale dite ksourienne, elle serait «une volonté politique d'organiser un territoire, ses populations et leurs activités.