La carrière de l'Argentin Carlos Tevez, qui a quitté le Shanghai Shenhua pour son club formateur de Boca Juniors samedi, offre comme un condensé de l'histoire récente du football, entre transferts sulfureux, salaire mirobolant ou montée en puissance de Manchester City et du championnat chinois. Depuis qu'il est devenu professionnel en 2001 avec l'un des grands clubs de Buenos Aires, Boca Juniors, l'«Apache», ainsi surnommé après avoir grandi dans l'un des quartiers les plus mal famés de la banlieue de la capitale argentine, «Fuerte Apache», s'est retrouvé au cœur des bouleversements du football moderne. A West Ham, polémique et «TPO» En Angleterre, il s'est ainsi aussi vite fait connaître pour son faciès de brute et son football tout en puissance, que pour avoir définitivement vacciné la Premier League contre la «TPO», un mécanisme de financement des transferts répandu en Amérique latine ou sur la péninsule ibérique jusqu'à son interdiction par la Fifa, en 2015. Brillant sous le maillot des Corinthians, au Brésil, entre 2005 et 2006, il avait été recruté par le modeste club de West Ham alors qu'il semblait promis aux plus grandes équipes européennes. La Fédération anglaise avait finalement découvert qu'il n'appartenait pas au club londonien mais à une société d'agents, qui pouvait le transférer à tout moment et avait un droit de regard sur son utilisation. Or c'est grâce à un but de Tevez, qui selon les règlements anglais n'aurait pas dû être qualifié pour disputer le championnat vu sa situation contractuelle, que West Ham avait arraché son maintien en Premier League. Provoquant logiquement la fureur de Sheffield United, relégué «à la place» de West Ham, jusqu'à ce qu'un dédommagement soit versé, en mars 2009, par le club londonien. De Manchester à City Entre temps, Tevez avait poursuivi sa carrière : sous le maillot de la place forte Manchester United d'abord, où il évolue sous les ordres d'Alex Ferguson pendant deux saisons (2007-2009). Puis à City, dont il devient l'une des premières recrues phares depuis le rachat du club par les propriétaires emiratis. Arraché 35 millions d'euros au Red Devils, une belle somme à l'époque, il symbolise la puissance financière de l'actuel leader de la Premier League pendant deux saisons, même si la suite est plus compliquée. En froid avec son entraîneur Roberto Mancini, pris en grippe par les supporters après qu'il a refusé d'entrer en jeu en Ligue des champions, il est mis à l'écart par son club jusqu'à des excuses publiques en février 2012. Il revient en grâce et se remet à marquer, mais fait dans le même temps le bonheur des tabloïds anglais entre conduite sans permis et travaux d'intérêt généraux. Joutes européennes, argent chinois Exfiltré en juin 2013 à la Juventus Turin, il accompagnera la montée en puissance continentale des Bianconeri, sans concurrence dans les compétitions domestiques, jusqu'à disputer - et perdre - une finale de Ligue des champions contre le Barcelone de son compatriote Lionel Messi en 2015. Et alors qu'il avait décidé de quitter l'Europe pour revenir en héros au pays, Tevez a finalement profité de l'intérêt nouveau de la Chine pour le football pour devenir, en 2017, le joueur le mieux payé du monde au Shanghai Shenhua. Un salaire de 38 millions d'euros, à faire pâlir d'envie les quintuples Ballons d'Or Cristiano Ronaldo et Messi ou l'homme le plus cher du monde Neymar (payé 30 millions d'euros par an par le PSG selon la presse), peu de buts mais beaucoup de polémiques... Tevez empoche des sommes folles mais traîne un mal du pays qui l'accompagnait déjà en Angleterre, jusqu'à son retour samedi en Argentine, à 33 ans. Pour la fin de sa carrière ou en attendant un nouveau clin d'œil du football moderne ?