Dans un entretien accordé à la Chaîne 3 de la radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Mustapha Mekideche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), a évoqué la problématique de la transition énergétique. Pour Mustapha Mekideche, la transition énergétique est liée à la sécurité énergétique, car il s'agit avant tout, selon lui, de garantir les besoins énergétiques de l'Algérie, qui étaient de 1,36 tonne équivalents pétrole par habitant, selon les statistiques de 2014 et qui seraient en 2018, d'après son estimation, autour de 2 tep/hab. Le deuxième objectif auquel la transition énergétique doit être corrélée est lié au principe de réalité, c'est-à-dire partir soit des sources énergétiques disponibles, soit potentielles et pour l'Algérie, estime t-t-il, c'est vite trouvé, ce sont les énergies carbonées, d'une part, et c'est le solaire. En résumé, dit-il, la transition énergétique envisagée par les pouvoirs publics doit s'appuyer sur trois piliers fondamentaux pour aboutir à des résultats probants. D'abord, la nécessité d'«élargir les réserves d'hydrocarbures conventionnels et non conventionnels», gazières et liquides, pour pouvoir assurer le plus long terme possible des ménages et des populations, la couverture des besoins. Deuxièmement, concrétiser progressivement les investissements dans les énergies renouvelables, essentiellement solaire et pour le moment compte-tenu des technologies et des coûts, aller vers le développement d'un programme photovoltaïque. Troisièmement, Mustapha Mekideche insiste sur l'urgence de renforcer la politique de rationalisation de la consommation énergétique locale, car il y a, selon lui, un fort gaspillage dans notre pays dans cette matière. Il rappelle, à ce propos, que le premier programme formellement adossé et mis en place par le gouvernement remonte à 2011 visant 22 000 mégawatts d'origine renouvelable à 2030. Il estime que l'Algérie a pris du retard en matière de rationalisation de la consommation, parce que les prix étaient trop faibles, tout simplement, estime-t-il. Rien n'a été fait pour optimiser la consommation énergétique dans le cadre bâti, notamment dans le logement. Le gaspillage, ajoute-t-il, c'est la fuite aux frontières et la surconsommation. Il fait observer que les Algériens n'utilisent pas le GPL. Il fait remarquer avec satisfaction que le ministre de l'Energie a mis comme objectif de faire passer au GPL 500 000 véhicules à l'horizon 2021/2022. Il estime que la diminution dans la diésélisation est un objectif à la fois de protection de l'environnement et de rationalisation de notre modèle de consommation énergétique. En dépit de l'importance de sa production en hydrocarbures, l'Algérie dépend toujours de l'importation des carburants. L'Algérie a importé plus de 2 milliards de dollars en carburants par an, c'est l'équivalent de nos exportations en hors hydrocarbures qui est consacré à importer des hydrocarbures, un paradoxe, souligne Mustapha Mekideche. Il estime que l'utilisation des hydrocarbures carbonés va continuer jusqu'à au moins 2030, 2035, voire 2040, parce qu'il y a un besoin de couvrir la demande sociale interne et pour en exporter une partie et aussi financer le programme d'énergies renouvelables qui entre dans le cadre du partenariat public-privé, rappelle-t-il, et qui va trouver là un terrain de mise en œuvre. Il fait observer que les trois secteurs (résidentiel, industrie, transports) qui consomment l'essentiel de cette énergie, le font de façon non rationnelle. La consommation non rationnelle est constatée dans le bâti qui n'a toujours pas intégrer la sobriété énergétique, avec en plus des équipements qui ne sont pas aux normes en termes de consommation énergétique, par exemple les climatiseurs et même l'ensemble de tout l'électroménager qui est importé sans que le critère de la norme de la consommation énergétique soit incluse dans les conditions douanières d'importation de ces équipements. Apportant son soutien à la politique tarifaire progressive prônée par les pouvoirs publics pour lutter contre le gaspillage de l'énergie, le vice- président du CNES déclare qu'«il ne faut pas s'attendre que l'on s'arrête dans la loi de Finance de 2019... sinon ça ne sera pas une stratégie gagnante.