Il faut passer à des actions concrètes au sein d'une vision stratégique globale qui fait cruellement défaut. Une nième rencontre devrait se dérouler à Alger sur la transition énergétique où dans les différentes passées, tout a déjà été diagnostiqué et proposé. Cette présente contribution est synthèse de conférences que j'ai données en présence de nombreuses personnalités internationales et de groupes en 2013 au Parlement européen (Bruxelles- 2011) -Sénat français (2013) et au Forum mondial du développement durable (2015) ParisFrance. C'est que les derniers ouragans dévastateurs posent la problématique de la sécurité mondiale, dont celle de l'Algérie, et de l'urgence d'une transition énergétique. Les études de l'ONU prévoient une sécheresse sans pareille au niveau de l'Afrique du Nord, entre 2020 et 2025 Partout dans le monde, la conjonction de l'instabilité des marchés des énergies fossiles et l'impératif de protection de l'environnement et de réduction des émissions de gaz à effet de serre imposent une révision des stratégies énergétiques. Voilà pourquoi il va falloir en urgence, d'une part, revoir notre mode actuel de consommation énergétique et, d'autre part, exploiter toutes les formes d'énergie et en particulier les énergies renouvelables qui demeurent une alternative incontournable pour les besoins internes en énergie. Gouverner, c'est prévoir, il appartient aux gouvernements, la position américaine étant transitoire, de faire face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales irréversibles avec les résolutions récentes de la COP21 à Paris, suivie de la COP22 au Maroc, axées sur le MIX énergétique entre 2020/2030, de préparer la transition énergétique. 1.-Le monde connaîtra une mutation énergétique entre 2020/2030 /2040 Le poids des fossiles (charbon, gaz et pétrole) reste écrasant (78,3%), tandis que le nucléaire ne joue qu'un rôle marginal à l'échelle mondiale (2,5%). La part des énergies renouvelables est en croissance dans la production d'électricité (23,7% à fin 2015 contre 22,8% à fin 2014), mais elle reste infime dans les transports et les installations de chauffage et de refroidissement. Cette forte proportion pour les énergies fossiles est due aux déséquilibres entre les subventions accordées par les Etats aux énergies fossiles et celles allouées soit près de quatre fois moins pour les secondes. Ces blocages n'empêchent pas le secteur de totaliser désormais 8,1 millions d'emplois directs et indirects de par le monde (+ 5% en un an), dont 2,8 millions dans la branche photovoltaïque : 59 gigawatts en 2005, 198 en 2010, 279 en 2011, 283 en 2012, 318 en 2013, 370 en 2014 et 433 en 2015 dont le solaire 227 gigawatts contre 73 en 2005. L'investissement en milliards de dollars est passé de 73 en 2005, 239 en 2010, 279 en 2011, 257 en 2012, 234 en 2013, 273 en 2014 et 286 en 2015. Sous réserve d'investissements à long terme, du fait qu'actuellement ce sont les coûts de développement des technologiques et des investissements dans les équipements de production (turbines éoliennes, modules solaires, chaudières biomasse, etc.) qui pèsent sur le coût des énergies renouvelables, à l'avenir, celles-ci deviendront des énergies moins chères et aux prix stables. Concernant la baisse des coûts, l'AIE constate que le prix des systèmes photovoltaïques a été divisé par en cinq, voire sept entre 2008 et 2015, la Chine devenant leader. Aujourd'hui, rejoignant les coûts de production de l'hydroélectricité, certaines technologies comme certaines énergies renouvelables ont pratiquement atteint la parité avec les coûts de l'électricité d'autres sources d'énergie classiques si l'on tient compte des subventions allouées à ces dernières annuellement 5 000 milliards de dollars selon le FMI. Les énergies renouvelables disposent d'atouts essentiels pour prendre une place importante dans les bouquets énergétiques des pays, de rapprocher les sites de production des centres de consommation, de réduire la dépendance de ces pays aux énergies fossiles, contribuer à la sécurité d'approvisionnement et à l'indépendance énergétique, permettent une maîtrise à long terme des prix de l'énergie, constituer les vecteurs les plus adaptés de développement de la production d'énergie décentralisée, offrir un potentiel considérable de développement industriel et de nouvelle croissance et contribuer à limiter les impacts de la production d'énergie sur l'environnement : diminution des émissions de gaz à effet de serre, réduction des effets sur l'air, l'eau et les sols, absence de production de déchets, les installations de production d'énergies renouvelables affectent très peu l'environnement, la biodiversité et le climat. Selon le rapport de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), il s'agira d'investir pour couvrir la demande mondiale en énergie, environ 2 100 milliards de dollars d'ici à 2040 pour les énergies fossiles, à faire face aux 7 800 milliards investis en renouvelables. Ainsi, les énergies renouvelables fourniront alors plus du tiers de l'électricité mondiale. Les Africains payent 2 fois plus chers l'électricité que les Européens. Par ailleurs, le développement industriel exige de grandes puissances et surtout de la chaleur. Certes le photovoltaïque est certes plus adapté pour des petites installations hors réseaux, mais une production industrielle nécessiterait de la combiner avec le thermique. Qu'en est-il de l'Algérie dans la transition énergétique qui conditionne la sécurité nationale ? Tenant compte de l'évolution des coûts croissants, des nouvelles mutations énergétiques mondiales et de la concurrence de nouveaux producteurs, des exportations et de la forte consommation intérieure, favorisée par des bas prix, l'Algérie sera importatrice de pétrole dans 15/16 ans pour un cours d'environ 60 dollars et de gaz conventionnel dans moins de 20 ans, si le prix du MBTU vari entre 4/5 dollars, les réserves se calculant par rapport aux vecteurs cout/prix international. D'où l'importance dès maintenant de prévoir d'autres sources d'énergie et d'imaginer un nouveau modèle de consommation énergétique. Avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Aussi le défi algérien est-il d'avoir le budget et les technologies nécessaires pour, d'abord, financer la fabrication de panneaux solaires et, ensuite, subventionner, du moins en partie, leur installation à grande échelle. Car les panneaux solaires ne sont pas disponibles sur le marché, et quand bien même ils le seraient, il est quasi impossible pour un particulier d'assumer les charges d'une installation solaire. Le retard dans l'exploitation de l'énergie solaire est indéniable Adopté en février 2011 par le Conseil des ministres, le programme national des énergies renouvelables algérien prévoit une introduction progressive des sources alternatives, notamment le solaire avec ses deux branches (thermique et photovoltaïque), dans la production d'électricité sur les 20 prochaines années Dans cette perspective, la production d'électricité à partir des différentes sources d'énergies renouvelables dont l'Algérie compte développer serait de 22 000 mégawatts à l'horizon 2030, soit 40% de la production globale d'électricité. Sur les 22 000 MW programmés pour les deux prochaines décennies, l'Algérie ambitionne d'exporter 10 000 MW, alors que les 12 000 MW restants seraient destinés pour couvrir la demande nationale. Une fois réalisé, ce programme permettra d'économiser près de 600 milliards de mètres cubes de gaz sur une période de 25 années. L'Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la première centrale électrique hybride. D'une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant du solaire, cette centrale, a ainsi ouvert le chapitre des projets en cours ou en maturation pour le passage de l'Algérie à des sources d'énergies alternatives. Au moins, six centrales du même principe, mais dont la part du solaire serait de plus en plus importante, sont programmées juste pour les neuf prochaines années, ce qui permettra de lever progressivement la contribution des énergies renouvelables dans la satisfaction des besoins internes en électricité. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international