L'organisation des droits de l'Homme, Amnesty International (AI), a exigé lundi la libération «immédiate» de la jeune militante palestinienne, Ahed Tamimi, détenue par les forces d'occupation israélienne que l'ONG accuse d'infliger un traitement «discriminatoire et inhumain» aux enfants Palestiniens. «Les autorités israéliennes doivent libérer une militante palestinienne âgée de 16 ans qui encourt jusqu'à 10 ans de prison en raison d'une altercation avec des soldats israéliens en Cisjordanie occupée le mois dernier», a déclaré AI, dans un communiqué alors qu'Ahed Tamimi comparaît aujourd'hui devant un tribunal en Cisjordanie occupée. L'ONG souligne que «rien de ce qu'Ahed a fait ne saurait justifier le maintien en détention de cette adolescente de 16 ans», affirmant que les autorités israéliennes «doivent la libérer sans délai». Pour rappel, Ahed Tamimi a été arrêtée le 19 décembre, quelques jours après la diffusion d'une vidéo filmée avec un téléphone portable où elle apparaît se défendant et tentant d'éloigner des soldats de l'occupation israélienne près de sa maison dans le village de Nabi Saleh. Elle risque 10 ans de prison pour 12 chefs d'inculpation. «Sur la vidéo montrant l'adolescente non armée s'opposer à deux soldats armés portant un équipement de protection, on voit qu'elle ne posait aucune menace réelle et que sa sanction est totalement disproportionnée», a déclaré la directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à AI, Magdalena Mughrabi. Elle a estimé que l'arrestation et le procès militaire d'Ahed Tamimi «témoignent du traitement discriminatoire qu'infligent les autorités israéliennes aux mineurs palestiniens qui osent défier la répression, souvent brutale, menée par les forces occupantes». Citant son avocat, l'ONG rapporte que la jeune Ahed a subi plusieurs sessions d'interrogatoire «longues et agressives, parfois durant la nuit», et que les personnes qui l'ont interrogée ont menacé des membres de sa famille. Selon sa famille, Ahed a aussi enduré plusieurs transferts physiquement épuisants de la prison au tribunal en compagnie d'autres détenus mineurs, sans avoir accès à des toilettes. AI souligne également que les autorités israéliennes ont menacé 20 autres membres de la famille Tamimi, affirmant qu'ils pourraient se voir interdire de résider à Nabi Saleh. Elle rappelle que la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant dispose que l'arrestation, la détention ou l'incarcération d'un enfant doit n'être qu'une mesure de dernier ressort, et être d'une durée aussi brève que possible. «Israël bafoue effrontément les obligations qui lui incombent au titre du droit international s'agissant de protéger les mineurs de sanctions pénales trop sévères», a déclaré Magdalena Mughrabi. Par ailleurs, amnesty a relevé que les forces d'occupation israélienne poursuivent des centaines de mineurs palestiniens devant des tribunaux militaires pour mineurs chaque année. «Bien souvent, ils sont arrêtés lors de raids nocturnes et systématiquement soumis à des mauvais traitements : ils ont les yeux bandés, sont menacés, subissent des interrogatoires poussés sans la présence de leurs avocats ni de leurs familles, sont placés à l'isolement et subissent parfois des violences physiques», a déploré l'organisation. Citant des organisations locales de défense des droits de l'Homme, Amnesty note qu'actuellement environ 350 mineurs palestiniens sont dans les prisons et les centres de détention israéliens.