Beaucoup a été écrit sur ce qui a été appelé : «La chute de la JS Kabylie». L'assemblée générale des actionnaires de la SSPA-JSK s'est déroulée mercredi dernier au siège du club, et ce, en un temps record. Chérif Mellal est élu président du club. Alors dans un coin perdu, Hannachi pensait investir le terrain pour retrouver son poste de président. Mais la majorité voulait du changement et a dit non. Ils étaient six actionnaires à prendre part aux travaux de cette AG. Il s'agit de Meftah Hanine, représentant du CSA, Benabderahmane Nassim, Chioukh Khelifa, Azlef Malik, Rachid Kana et Mohand Chérif Hannachi. Le secrétaire général du club et le commissaire aux comptes ont assisté, eux aussi, à l'AG. Au terme de ce dernier round du conseil d'administration, Nassim Benabderahmane est désigné comme nouveau directeur général de la société. L'élection de Mellal a fait bondir de son fauteuil, l'ex-président du club. «La JSK c'est fini... C'est la cassure. Ils ont tous choisi Mellal, qu'ils assument leurs responsabilités ! Moi, je ne cautionne pas le mal...» dit-il. Le choix est mal vécu, une poignée de supporters tentent de remettre sur scelle Hannachi, mais l'opposition est vite fragilisée par la majorité qui est favorable au changement. Pour l'ancien international Ali Bencheikh qui intervenait sur une chaîne de télévision privée, «il ne devrait pas exister d'opposition dans le football, celle-ci ne peut exister qu'en politique. C'est malheureux de constater que ce sont ceux qui sont dehors qui tentent de décider à la place des autres...» De quoi sera fait demain pour ce club ? Cette entreprise serait-elle en train de vivre ses derniers matchs en Ligue 1 Mobilis ? Une question pas facile à digérer. Le club est dans la souffrance. Le constituer par de nouvelles assises et le faire démarrer est un acte de courage que seuls des combattants qui prennent des risques peuvent accomplir. Quatre présidents se sont succédé en sept ou huit mois. Une période suffisante pour se créer des clans et des divisions. Persister dans ce cafouillage administrative et dans la course de comment être président de ce club, n'arrange nullement les nouvelles stratégies de la relance du club. Nous voilà dans une aventure téméraire. Au centre du conflit qui persiste sous le regard des supporters et des joueurs, une couche peu épaisse de colère, de doute et de déception entourent l'avenir de la grande équipe de Kabylie. «Un état des lieux qui dénonce ceux qui divisent ce club historique, qui continuent à faire des coulisses un terrain de jeu mais jamais celui du football. Les coulisses des hôtels ou des cafés semblent être pour beaucoup le nid des négociations», semble dénoncer Bencheikh. On met en œuvre quelques opérations de déstabilisation de cette équipe après l'élection de Mellal. Yazid Harichene, un féru qui a souvent apporté son aide à la JSK, a eu lui aussi à s'exprimer sur le plateau de la chaîne El Heddaf pour dire qu'il regrette à la fois, que des propos regrettables soient tenus par l'ex-président du club en l'occurrence, Hannachi en direction de l'entraîneur, Norredine Saâdi. De pareilles réactions ne le font qu'isoler «même si Saâdi possède un CV étoffé, il a un problème de vue. Il ne voit pas de la touche à la touche... Il n'est pas l'entraîneur qu'il faut pour l'équipe. Mellal n'aurait pas dû faire appel à lui.» Yazid, invité de l'émission, n'a pas manqué d'évoquer ce qui se tramait avant la réunion ? «C'est à l'hôtel Mercure que j'ai compris qu'ils étaient en train de préparer le retour de Hannachi. Cette façon de faire m'a tout naturellement poussé à vider les lieux et rentrer chez moi. Au début, j'avais cru qu'il s'agissait d'une rencontre pour préparer l'élection du futur président et de lui présenter un plan de relance du club, mais hélas ce n'était pas le cas alors j'ai vite vidé le plancher...» Maintenant que Mellal est élu, des voix ne cessent pas de se faire entendre sous forme d'interrogation : «Pourquoi lui et pas Hannachi», ou encore, «où sont les 50 milliards promis, alors qu'il n'injecte que 4. C'est un mensonge que tout le monde semble cautionner». A sa sortie du bureau, le nouveau président répondra : «Je suis content, surtout que j'ai dépensé mon propre argent avant même que je ne sois président de la JSK. C'est un plaisir d'avoir des hommes de parole en face. Je suis très conscient de la mission qui m'attend, c'est un grand chantier qu'on doit rénover. Le plus dur est à venir. Je serai à la hauteur Inch'Allah, comme je remercie tous ceux qui m'ont fait confiance». Avant de s'éclipser dans sa voiture, il fera cette déclaration : «J'ai déjà parlé de mes projets, on va redonner à la JSK son vrai visage, néanmoins, pour le moment, l'urgence est de sauver le club. Je ne fui jamais mes responsabilités, je suis un homme de parole.» A l'instar du tout nouveau-né tant espéré, comment faudra-t-il lui éviter d'avorter, la mortalité infantile ou l'explosion en plein vol ? Meftah, membre du CA, se permettra une prise parole pour dire «toute la Kabylie demandait le départ de Hannachi, nous avons répondu aux exigences des supporters. Par la suite, nous avons continué notre lutte pour assurer la stabilité au club. Aujourd'hui, les choses sont claires comme l'eau de roche. Nous avons agi, nous agissons et nous agirons toujours dans le seul but, celui de l'intérêt de la JSK.» Aujourd'hui que l'heure de vérité approche pour ce grand club, Mellal réussira-t-il ou aura-t-il la force de changer de stratégie et de redessiner le schéma tactique avec d'autres personnages capables de l'accompagner utilement dans toutes ses démarches ? C'est-à-dire lui proposer la solution appropriée aux problèmes, lui indiquer la bonne source de décision et l'y conduire. Lui ouvrir les portes verrouillées et lui raccourcir les délais, le préserver de l'arnaque et de la corruption ? Bref, le guider vers la réussite. C'est le vœu des cimes du Djurdjura parce que «la JSK n'a jamais été un géant aux pieds d'argile».