Des négociations directes et sans pré-conditions entre le Front Polisario et le Maroc pourraient se tenir dans le courant de l'année 2018. C'est l'objectif que s'est fixé l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, qui a évoqué cette éventualité mercredi devant le Conseil de sécurité, tout en reconnaissant que ces pourparlers «ne sont pas une fin en soi» car ils exigent «la bonne volonté» des parties au conflit et leur engagement à y prendre part «sans pré-conditions». L'émissaire onusien a fait part également de sa volonté de poursuivre ses consultations élargies et envisage à cet effet de rencontrer les membres du Conseil de sécurité, selon les premiers éléments qui ont filtré de son premier briefing devant cet organe onusien. Fort du soutien qu'il a reçu du Conseil de sécurité pour poursuivre sa mission de médiation, Horst Kohler affirmé qu'il allait «continuer sur sa lancée» et maintenir son approche de travail qui consiste à élargir le cercle de médiation pour ce conflit vieux de 40 ans, en vue de relancer le processus de paix au Sahara Occidental en garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Il se heurte cependant aux tentatives de perturber ses efforts émanant du Maroc, qui veut en particulier exclure tout rôle de l'Union africaine (UA) dans le règlement du conflit, et qui veut le cantonner dans le seul Conseil de sécurité où elle jouit du soutien inconditionnel de la France. Ainsi, la référence aux différentes parties consultées par Horst Kohler, depuis janvier, incluant, entre autres, les parties au conflit, les pays voisins, l'UA et l'Union européenne (UE), qui figurait dans les premiers éléments de la déclaration préparée pour diffusion après cette réunion d'information sur le Sahara occidental, n'a pas été retenue dans la déclaration finale lue à la presse par le président du Conseil de sécurité, le néerlandais Jan Gustaaf Van Oosterom. «Le Conseil de sécurité a accueilli avec satisfaction la présentation de l'envoyé personnel sur ses récentes rencontres bilatérales avec les parties (au conflit) et les pays voisins, a, en effet, indiqué le Conseil de sécurité dans sa déclaration diffusée à l'issue de cette réunion. Or, depuis janvier, l'ancien président allemand a tenu une série de consultations avec des responsables de l'UA, de l'UE ainsi que d'autres pays européens comme la Suède et la Grande Bretagne, après avoir rencontré les parties au conflit et les deux pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie. Le Maroc «cherche des prétextes» pour perturber les efforts de l'émissaire onusien, Horst Kohler, a déclaré mercredi à New York, le coordinateur sahraoui auprès de la Minurso, M'Hamed Khedad, appelant le Conseil de sécurité à apporter son soutien au médiateur allemand. S'exprimant mercredi à l'APS, à quelques heures du briefing prévu sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité de l'ONU, M'hamed Khedad a souligné que le Maroc était «en désarroi» après la décision de l'émissaire de l'ONU d'élargir le cercle de la médiation à d'autres pays et organisations. Son désarroi a été accentué après sa défaite fin février à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), a relevé le coordinateur sahraoui. «Le Maroc fait feu de tout bois pour entraver le travail de M. Kohler», a-t-il ajouté, précisant que la vision prônée par le nouvel émissaire «détruisait tous les concepts construits ces dernières années sur le maintien exclusif du dossier du Sahara occidental au sein du Conseil de sécurité», où Rabat jouit de l'appui inconditionnel de la France. M'hamed Khedad, cité par l'APS, a fait savoir qu'il a rencontré mardi à New York l'émissaire de l'ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler, à la veille du briefing prévu par l'Envoyé personnel du secrétaire général, Antonio Guterres, devant le Conseil de sécurité. L'échange a porté sur le rapport que l'émissaire onusien s'apprêtait à présenter au Conseil de sécurité suite aux consultations élargies qu'il avait tenues sur le conflit du Sahara Occidental, ainsi que sur l'action future. Par ailleurs, le Conseil de sécurité a exprimé sa préoccupation quant à la situation à El Guergarat, notant l'importance de maintenir le statut quo dans cette zone tampon tout en relevant la nécessité de la mise en œuvre complète de la résolution 2352 de 2017 prorogeant le mandat de la Minurso.