La candidature du Maroc au Mondial-2026 ferait-elle trembler l'Europe ? Un mal est en train de ronger quelques capitales européennes, qui ne veulent pas d'un pays africain dans la course pour l'organisation du Mondial-2026. C'est encore loin, très loin mais les palpitations font rapprocher ces pays déjà à la date fatidique. Réagissant à la mise en place par la FIFA d'une «Task Force» chargée d'évaluer les candidatures du Maroc et du trio Etats-Unis-Canada-Mexique à l'organisation de la Coupe du monde 2026, le secrétaire général de la CAF est monté au créneau pour faire entendre sa voix. Il rappelle qu'aucune commission d'évaluation n'a le droit d'écarter la candidature du Maroc à l'organisation de la Coupe du monde 2026. Il assure par ailleurs que la CAF ne perd pas son temps puisqu'elle est en train de renégocier l'énorme contrat médias/marketing, signé avec la société française Lagardère. Pour lui, ce court circuit ou cette tentative de court-circuiter la candidature marocaine est contestable et contesté par nous-mêmes, l'Afrique, dira-t-il et en partie par l'Europe. Personnellement, en tête, avec les membres du conseil africain. Parce que nous estimons que la réforme introduite en février 2016, Ndlr au niveau de la Fédération internationale de football donne la responsabilité et le pouvoir au congrès de désigner le(s) pays hôte(s) de la Coupe du monde... Nous estimons donc, devait-il ajouter, que le Conseil (le gouvernement de la FIFA, Ndlr) doit être comme une boîte aux lettres qui transmet les dossiers de candidature au congrès (le parlement de la FIFA qui regroupe 211 associations, Ndlr).» Le Maroc provoque et des réactions se font entendre ça et là, cela signifie que l'Afrique ne peut pas s'inscrire dans le cadre des organisations sportives. La FIFA serait la première à tirer les ficelles et à tenter de faire avancer un pays européen dans cet échiquier planétaire et freiner un pays africain. Le secrétaire général de la CAF fera observer que «c'est au congrès de voter en son âme et conscience pour le pays qui réussira à le convaincre en vue de l'organisation. Il ne faut pas oublier qu'on n'organise pas uniquement pour des raisons financières un grand événement comme la Coupe du monde. Il y a aussi d'autres intérêts qui doivent entrer en jeu». Il explique dans une interview accordée à RFI que «cette Task Force est pour nous un retour en arrière. Ce que nous cherchons, c'est que la Task Force ait seulement pour rôle d'analyser les dossiers de candidature, de collecter les informations, pour qu'on puisse les envoyer (aux présidents d'association qui voteront le 13 juin 2018 à Moscou, Ndlr). «Aujourd'hui, on donne à une instance qui a été créée par le Conseil tous les pouvoirs. Non seulement le pouvoir d'éliminer un candidat, mais le fait aussi que cette décision soit sans appel. On n'a jamais vu une instance pareille ! (...) Même le président (de la FIFA, Ndlr) Gianni Infantino n'a pas ce pouvoir de décider sans appel. C'est ça que nous contestons vigoureusement». A la question de savoir si le Maroc a toutes les raisons de contester un changement de critère d'évaluation pour l'organisation du Mondial-2026 ? Il précisera «je pense que tout le monde en ferait de même. Lorsque les règles du jeu ne sont pas claires dès le départ et qu'il y a eu une modification en cours de route, ça laisse de la suspicion. Donc, c'est pour ça que le Maroc conteste. (...) Là, on n'est plus dans la gestion du football moderne. Peut-être qu'on avait des choses comme ça durant les années 1930 et les années 1940. Mais plus de nos jours...» Cette prise position ferait-elle bouger le secrétaire générale de la FIFA, voire même rentrer en conflit avec le SG de la CAF. Pour le Malgache, il n'y a pas lieu de commenter là dessus puisque «chacun défend les intérêts par rapport à son mandat. J'ai été élu à la tête de la Confédération africaine de football pour défendre les intérêts de l'Afrique. C'est vrai que je suis vice-président de la FIFA. Mais c'est par ès qualités. Et c'est mon devoir de soutenir un pays. Surtout s'il s'agit d'un seul pays situé sur le continent où j'ai été élu». Il fera remarquer que «certains journalistes assurent que j'ai été élu à la CAF par l'implication de Gianni. Si j'avais été élu par son implication, est-ce que je pourrais contester ainsi comme cela ? Si je le fais, c'est parce que je suis indépendant. (...) Abordant le volet de CAN-2019 et l'intérêt qu'accorde Lagardère Sports à cette CAN, va-t-elle du coup verser à la CAF plus d'argent qu'initialement prévu ? Je pense que par rapport aux droits TV, entre un tournoi à 16 équipes et un autre à 24 équipes, ce n'est pas pareil. Il y aura plus de matches. On verra les discussions qu'on va avoir. Ça en fait partie.