Le projet de réforme de la Coupe du monde 2026 à 48 équipes, initié et mené à terme par le président de la FIFA, Gianni Infantino, lui assure sa réélection pour un second mandat en mai 2019 et assure au continent africain d'avoir 9 pays qualifiés et un autre qui disputera les barrages contre les représentants de 5 autres Confédérations. Gianni Infantino a bien manœuvré avec toutes les confédérations en proposant d'augmenter le nombre de pays qualifiés. Pour garder son poste, il a utilisé la recette qui a fait le bonheur et la richesse de son prédécesseur, Joseph Sepp Blatter. Verser de l'argent aux associations dans le cadre du projet de développement mis en place par feu Joao Havelange (président de la FIFA de 1974 à 1998) et perpétuer par Joseph Sepp Blatter grâce à la généreuse contribution d'une multinationale, une marque de boisson qui accompagne la FIFA depuis l'arrivée à sa tête du brésilien Joao Havelange. Gianni Infantino est arrivé à convaincre les 33 membres du conseil (ex comité exécutif) de la FIFA, le 10 janvier 2017, d'élargir le nombre de qualifiés à 48 équipes. Juste après son élection en février 2016, le Suisse d'origine italienne avait évoqué la possibilité d'organiser une Coupe du monde à 40 équipes. Il a changé d'avis et s'est rallié au projet de 48 équipes qualifiées au tournoi final. En un siècle, 1930 en Uruguay, première Coupe du monde, à 2026 le tournoi va passer de 13 pays, dont 4 européens, à 48. C'est un bond énorme «dicté par des enjeux politiques et économiques», affirme une source proche du président de la FIFA. Le football est devenu une affaire commerciale. L'explosion des droits télé et marketing, l'exposition médiatique et de l'image ont imposé leur logique commerciale à une institution à qui la Coupe du monde assure plus de 95% de ses revenus. Avec une Coupe du monde à 48 équipes, la FIFA est assurée de faire un gain de plus de 1,2 milliard d'euros qui iront gonfler ses réserves financières. Avec ce butin de guerre, Gianni Infantino disposera de ressources financières suffisantes pour arroser des fédérations et récupérer leurs voix lors de l'élection de mai 2019. Dans son programme électoral (février 2016), il s'est engagé à verser 3, 60 milliards d'euros aux associations d'ici 2026. Il va concrétiser cette promesse de campagne qui lui ouvrira la voie à au moins deux mandats. Comme par hasard, la veille du vote de la proposition d'une Coupe du monde à 48 équipes, une note confidentielle de la FIFA a fuité faisant état d'un gain supplémentaire de 605 millions d'euros par rapport à la Coupe du monde Russie 2018. Qui organisera la Coupe du monde 2026 ? La course à l'organisation de la Coupe du monde 2026 est lancée. Le Maroc a déjà affiché son intention de remporter le vote pour l'organisation de la Coupe du monde 2026. La visite qu'a effectuée au royaume chérifien le nouveau président de la Confédération africaine de football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad, rentre dans ce cadre. Il apporté son soutien et celui de la CAF au Maroc. D'autres pays ont, eux aussi, manifesté leur intention d'organiser le Mondial 2026, à l'instar des Etats-Unis qui se sont déjà déployés dans ce sens. Il faudra convaincre les 208 délégués du congrès et non plus les 33 membres du conseil. Les Etats-Unis n'ont toujours pas digéré l'humiliation qui leur a été infligée par le comité exécutif de la FIFA qui a voté en faveur du Qatar pour 2022. La candidature marocaine a-t-elle des chances d'aboutir ? Le Maroc table d'abord sur les 54 voix des pays africains. Pour mettre toutes les chances de son côté, il songe à une proposition que s'il arrive à concrétiser lui balisera la voie du succès. Elle consisterait à co-organiser la Coupe du monde 2026 avec un pays européen qui pourrait être le Portugal. Cette proposition aura le double avantage de capter les voix de l'UEFA et lui offrirait par la même la certitude d'avoir une majorité au premier tour si des voix africaines et européennes ne feront pas défaut le jour J. Avec les 56 voix de l'UEFA et les 54 de la CAF, le Maroc récolterait la majorité des voix du congrès (208 voix). Les Européens aimeraient bien jouer la Coupe du monde 2026 au Maroc pour le climat et éviter le problème du décalage horaire qu'imposerait le tournoi aux Etats-Unis. Mis au parfum du projet marocain, les Américains ont pris leurs dispositions. La première consiste à casser l'union UEFA-CAF via la Russie. Ce pays se chargera de diviser l'Europe du football pour priver le Maroc de voix du Vieux continent et en retour les Etats-Unis empêcheront toutes sanctions contre des athlètes ou équipes russes dans le cadre de la lutte contre le dopage. L'Europe Reine du football mondial A la faveur du passage de 32 à 48 pays qualifiés à la Coupe du monde 2026, l'Europe, encore une fois, a imposé sa logique au reste du monde. Elle aura le plus gros contingent (16) de pays qualifiés à la Coupe du monde 2026. L'UEFA a imposé à ce que les 16 équipes européennes qualifiées à la Coupe du monde 2026 soient réparties dans les 16 groupes de 3, afin qu'elles ne se rencontrent pas au premier tour. C'est un immense avantage accordé aux Européens qui, si leurs équipes franchissent le premier tour, elles représenteront 50% (16) des équipes qualifiées aux 1/16es de finale. Le projet de Coupe du monde à 48 équipes a été adoptée parce que Gianni Infantino a miroité des gains colossaux qu'il a promis de distribuer aux fédérations. Beaucoup d'annonceurs et de partenaires historiques de la FIFA ont mis en garde Gianni Infantino contre les effets négatifs que risque de produire le changement de formule. Le président de la FIFA a eu beau répondre que le tournoi durera 32 jours avec 80 rencontres, les adversaires du changement insistent sur la «non-attractivité de la compétition et son impact négatif sur l'engouement des spectateurs». Il ne faut pas oublier qu'en 2015, la FIFA a eu un solde négatif de l'ordre de 115 millions d'euros après le retrait de quelques sponsors de haut rang. Si la tendance se confirme au cours des prochains mois et que l'argent vient à manquer, Gianni Infantino sera prié de faire ses valises.